Lodano est un coquet village situé à 340 mètres d’altitude dans la basse Vallemaggia. Il remonterait au XIIIe siècle, car son église de San Lorenzo apparaît déjà dans un document de 1260. Le centre du village, avec ses rues pavées de galets tirés de la rivière Maggia et bordées de haies d’hortensias, est bourré de charme.
S’égrenant tout au long de la balade tels les grains d’un rosaire, de petites chapelles, dont les plus anciennes, remontant au XVIIe siècle, abritent de magnifiques fresques, sont autant d’occasions de haltes dans la jolie grimpette à travers une forêt de châtaigniers menant au hameau de Castello. Au siècle dernier, les châtaignes ne servaient pas seulement à nourrir humains et cochons. L’écorce était envoyée en Italie du Nord pour être utilisée dans le tannage des peaux. Les sapins étaient également très recherchés par les luthiers du nord de l’Italie pour la fabrication de violons, dont les fameux Stradivarius.
Cent huitante espèces de champignons sont recensées dans la Valle di Lodano, dont ce cèpe dégoté fin juin à 800 mètres d’altitude. Le premier d’une longue série!
Il y a un siècle, la Vallemaggia comptait trois fois plus d’habitants qu’aujourd’hui. Ce n’est qu’après que les basses terres marécageuses de la plaine de Magadino ont été débarrassées des vecteurs de la malaria, au début du XIXe siècle, que les populations locales ont commencé à quitter les montagnes pour gagner la plaine. De nos jours, certains hameaux comme celui de Castello ont été magnifiquement restaurés pour accueillir les amoureux de nature sauvage.
Les flancs de la Valle di Lodano sont parcourus de torrents rafraîchissants qui prennent parfois leurs aises dans des cuvettes où il fait bon se plonger.
Le hêtre possède une exceptionnelle capacité d’adaptation aux différents types de climats, de sols et d’altitudes. On le trouve depuis les rivages de la mer du Nord, en Allemagne, jusqu’à une altitude de 1700 mètres dans les Alpes. Surnommé l’arbre de vie, toutes ses parties sont utiles, depuis les racines, que l’on broyait au siècle dernier pour fabriquer un onguent anti-rhumatismal, jusqu’aux faines (ses fruits), avec lesquelles on nourrissait les cochons, en passant évidemment par son bois très apprécié des charpentiers ou ses jeunes feuilles que l’on peut consommer en salade au printemps.
Les chemins de randonnée aménagés récemment dans la Valle di Lodano sont de véritables œuvres d’art. A certains endroits, pour franchir des pentes trop raides, d’ingénieux artisans ont édifié d’impressionnants escaliers en pierres sèches.
Une des nombreuses cascades que vous rencontrerez sur votre chemin.
Ce type d’installation servait à l’époque à descendre le long d’un câble métallique les troncs de hêtre et de sapin depuis les forêts d’altitude jusqu’au village de Lodano, où ils étaient stockés dans un grand bassin de retenue. Cette technique de descente des bois par câble avait succédé à la fin du XVIIIe siècle aux antiques sovenda, des canaux creusés à flanc de montagne dans lesquels on faisait circuler de l’eau afin de glisser les troncs jusqu’au village.
Ensuite, pour les acheminer jusqu’en plaine, on utilisait des chars plutôt que la rivière Maggia, car les arbres avaient tendance à bouchonner au passage étroit des gorges de Ponte Brolla.
Si l’alpage d’Ör Gröss, avec ses bâtiments en ruine, a été depuis longtemps abandonné, la fontaine en pierre continue d’abreuver les randonneurs assoiffés.
Vous avez dit féerique!?
Au milieu du XXe siècle, lorsque les forêts de châtaigniers, de sapins blancs et de hêtres de la Valle di Lodano ont cessé d’être surexploitées, elles avaient pratiquement disparu... Les forêts de repousse actuelles, qui protègent de nouveau les habitants des avalanches et glissements de terrain, ont donc une cinquantaine d’années. Un siècle au moins de non-intervention humaine sera encore nécessaire pour qu’elles retrouvent leur caractère de forêts primaires. Trente pour cent du couvert forestier sera alors tombé naturellement au sol, bois dont la décomposition par les insectes et les champignons permettra le renouvellement naturel du substrat forestier et des générations d’arbres qui s’y succéderont.
En redescendant sur Lodano, on découvre d’anciens mazots restaurés avec leurs toits couverts d’épaisses dalles de gneiss. Ces toitures, parfaitement imperméables, étaient très lourdes (de 250 à 300 kilos au mètre carré) et nécessitaient la pose d’une charpente robuste.
On a pu dénombrer dans la réserve forestière de Lodano jusqu’à 200 emplacements de charbonniers où était produit, selon une technique remontant à l’époque médiévale, du charbon de bois. Les bûches de sapin ou de hêtre étaient empilées autour d’un pieux central pour former une coupole recouverte de terre et de mousses afin que le bois carbonise sans brûler. Plus léger et donc facile à transporter que du bois brut, le charbon des bois de Lodano était exporté dès le XVIIIe siècle dans toute la Lombardie.
Où, quand, comment?
Quatre excursions différentes (de 1 à 2 jours de marche) ont été créées pour partir à la découverte des hêtraies de la Valle di Lodano.
Il est possible de visiter la Valle di Lodano et sa réserve forestière accompagné par des guides à même de rendre les excursions encore plus captivantes en mettant en lumière les principaux aspects historiques et naturels de cette vallée.
Informations: Luca Goldhorn, goldhornluca@outlook.com, + 41 79 586 14 98, www.exploreticino.com