Qu’elles soient à la mer ou au bout du monde, les vacances peuvent nous faire croiser la route d’animaux aux tentacules hostiles ou au venin redoutable. Le plus souvent, quelques bons réflexes suffisent pour endiguer les problèmes. Mais une prudence extrême s’impose avec les plus dangereux de ces animaux et pour éviter des dommages indirects comme un risque de noyade après une morsure sous-marine ou la surinfection d’une plaie. Zoom sur quelques-uns des spécimens susceptibles d’être croisés au cœur de l’été, avec le Pr Blaise Genton, médecin-chef à la Policlinique de médecine tropicale, voyages et vaccinations d’Unisanté.
1. Méduses
En Europe, la méduse dite «commune» est celle que l’on rencontre le plus fréquemment. Elle est sans réel danger pour l’homme, mais le contact avec ses tentacules peut néanmoins provoquer quelques désagréments…
Lésions: c’est en accrochant ses tentacules équipés à leurs extrémités de petites ventouses que les méduses injectent leur venin. L’opération peut ne durer qu’une fraction de seconde et se solde par une sensation de brûlure.
Que faire?
- Rincer la surface piquée à l’eau de mer (l’eau douce favorise la pénétration du venin).
- Racler délicatement la zone à l’aide d’une surface rigide, une carte de crédit par exemple, afin de retirer les éventuels infimes tentacules subsistant sur la peau.
- Verser un peu de vinaigre afin d’atténuer la toxicité du venin.
- Désinfecter soigneusement.
- Une crème antihistaminique peut être appliquée en cas de démangeaison.
- Surveiller toute réaction exacerbée sur la zone touchée ou au niveau de l’organisme lui-même dans les heures qui suivent, surtout en cas de terrain allergique connu.
Conseil: se baigner avec un t-shirt anti-UV est conseillé pour limiter les méfaits du soleil, mais également pour diminuer la surface de la peau exposée aux méduses.
2. Vives
Les vives (ou Trachinidae) sont des poissons marins que l’on rencontre sur les côtes de la Méditerranée, l’Atlantique ou la mer Noire. Vivant sous le sable, elles ne sont pas volontairement agressives, mais peuvent piquer si on leur marche dessus par inadvertance.
Lésions: le danger provient des épines venimeuses qui se trouvent sur la nageoire dorsale. Erectiles, elles se dressent lorsque la vive se sent attaquée… Extrêmement intense, la douleur peut engendrer panique et malaise.
Que faire?
- Sortir (ou se faire sortir) de l’eau au plus vite et rester aussi calme que possible.
- Immerger trente minutes au moins la partie piquée dans une eau la plus chaude possible, sans atteindre les températures faisant courir un risque de brûlure. La chaleur désintègre le venin, dit «thermolabile», de la vive.
- Désinfecter rigoureusement durant plusieurs jours.
- Surveiller tout signe de surinfection (douleur, chaleur, rougeur).
3. Oursins
L’oursin est un invertébré marin que l’on retrouve sur toute la surface du globe. Il en existe plusieurs espèces différentes. Il prend l’allure d’une coquille sphérique recouverte de piquants pointus, qui lui valent le surnom de «hérisson de mer».
Lésions: parfois imprégnés de venin, les piquants des oursins peuvent se planter solidement dans la peau.
Que faire?
- Extraire les piquants à l’aide d’une pincette.
- Tremper la partie atteinte dans du vinaigre pendant trente minutes environ. A renouveler si besoin, l’opération vise à dissoudre le calcaire des piquants.
- Désinfecter régulièrement.
- Une réaction inflammatoire, entraînant par exemple une légère rougeur, peut se produire sur la zone en question si des morceaux de piquants sont restés sous la peau. Ce mécanisme permet au corps d’évacuer de lui-même ces corps étrangers susceptibles de remonter ainsi à la surface de la peau au bout d’un jour ou deux.
4. Poissons-pierres
Poissons réputés pour leur dangerosité, ils représentent l’une des espèces de poissons les plus venimeuses du monde. Ils doivent leur nom à leur aspect qui leur permet de se camoufler dans leur environnement. Ils possèdent 13 épines dorsales reliées à des glandes emplies d’un venin extrêmement puissant. Les poissons-pierres vivent essentiellement dans la mer Rouge et la zone indo-pacifique.
Lésions: camouflé dans le sable, le poisson-pierre peut piquer violemment un pied qui le touche ou l’arrière d’un genou qui l’approche et injecter son venin. Fulgurante, la douleur envahit rapidement tout le membre touché. Son intensité est telle qu’elle peut provoquer un malaise, voire un arrêt cardiaque.
Que faire?
- Sortir (ou se faire sortir) de l’eau au plus vite et rester aussi calme que possible.
- Le venin étant thermolabile (détruit par la chaleur), immerger au moins trente minutes la partie piquée dans une eau la plus chaude possible, sans atteindre les températures pouvant causer une brûlure. Autre technique: la chaleur d’un briquet approché de la peau quelques secondes ou quelques minutes peut aussi aider à la destruction du venin.
- Désinfecter rigoureusement durant plusieurs jours.
- Surveiller tout signe de surinfection.
Conseil: même pour des plongées express, revêtir gants et combinaison limite la surface de peau exposée.
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5. Scorpions
Equipés de pinces à l’avant et d’un aiguillon venimeux à l’extrémité de leur abdomen, les scorpions vivent le plus souvent dans des endroits secs, sous des pierres, ou dans des zones forestières. Ils peuvent également évoluer près des habitations. Seules quelques espèces s’avèrent dangereuses pour l’humain, notamment celles rencontrées en Inde, au Moyen-Orient et en Turquie.
Lésions: essentiellement nocturnes, les scorpions ne sont généralement pas agressifs vis-à-vis des humains; ils piquent lorsqu’ils se sentent en danger.
Que faire?
- Pour atténuer douleur et inflammation: appliquer de la glace, puis une pommade antihistaminique ou anti-inflammatoire.
- Important: en cas de symptômes tels que mouvements anormaux de la tête ou des yeux, sueur, spasmes musculaires ou si la région visitée est connue pour héberger des espèces dangereuses, consulter sans attendre pour qu’un anti-venin spécifique au scorpion de la région soit administré.
6. Serpents
On rencontre ces reptiles carnivores à sang froid partout sur la planète, y compris sous nos latitudes où les plus communs sont la couleuvre et la vipère. Cette dernière peut être venimeuse, tout comme certaines espèces d’Afrique, d’Asie ou d’Océanie. Sur les près de 3000 espèces recensées à travers le monde, moins de 600 sont venimeuses.
Lésions: selon le spécimen rencontré, la morsure peut être inoffensive ou rapidement mortelle. En cas de séjour dans des régions du monde hébergeant des espèces de serpents dangereux, des précautions s’imposent: éviter les promenades de nuit en pleine nature, taper régulièrement le sol avec un bâton lors de randonnées afin d’éloigner les serpents, notamment ceux qui seraient tapis sur le chemin et sur lesquels on pourrait marcher par inadvertance (circonstance de la plupart des morsures).
Que faire?
- Prendre si possible rapidement une photo du serpent afin de faciliter le moment venu l’administration de l’anti-venin le mieux adapté.
- Pour limiter la remontée du venin vers le cœur: positionner le membre mordu sous le niveau de la poitrine, l’immobiliser, avec un bâton par exemple, et procéder à un garrot modérément serré au-dessus de la morsure pour diminuer le retour veineux.
- Enlever montre et bijoux en prévision d’un possible gonflement de la zone mordue.
- Procéder à l’évacuation en urgence de la personne vers un hôpital, si possible sans qu’elle soit contrainte de marcher.
7. Araignées venimeuses
Les araignées constituent une vaste famille d’arthropodes, répartie sur toute la planète. Il en existe plus de 50 000 espèces connues, des plus petites aux plus grosses, et des plus inoffensives aux plus dangereuses. Elles possèdent notamment deux crochets au niveau de la tête, reliés à des glandes à venin.
Lésions: si celles vivant sous nos latitudes ne présentent aucun risque pour l’humain, il existe des espèces mortelles, notamment en Australie et en Amérique du Sud. Le plus souvent, la morsure d’araignée venimeuse occasionne surtout une très vive douleur.
Que faire?
- Nettoyer et désinfecter la plaie.
- Appliquer de la glace pour limiter la douleur.
- Prendre si besoin un médicament antidouleur.
- En cas d’aggravation des lésions ou lors de séjour dans des régions connues pour abriter des espèces dangereuses, consulter sans attendre. Dans certains cas, un anti-venin peut être nécessaire.
- Surveiller tout signe de surinfection.
8. Moustiques porteurs de malaria (ou paludisme)
Par leurs piqûres, les moustiques anophèles femelles infectés peuvent transmettre un parasite, le plasmodium, à l’origine de la malaria, ou paludisme. Trois espèces de ce parasite sont particulièrement dangereuses pour les humains: «Plasmodium falciparum», provoquant le plus de décès, espèce la plus répandue sur le continent africain, «Plasmodium vivax», l’espèce dominante dans la plupart des pays en dehors de l’Afrique subsaharienne, et «Plasmodium knowlesi», présente en Asie du Sud-Est et en Indonésie.
Lésions: par opposition aux moustiques porteurs de la dengue, qui piquent la journée, ceux qui sont infectés par la malaria piquent surtout au coucher du soleil et la nuit.
Que faire?
- Avant le séjour dans une zone à risque, consulter pour évaluer le besoin de prendre un traitement préventif.
- Pour éviter d’être piqué: appliquer une lotion antimoustique, privilégier les vêtements clairs et couvrant bras et jambes le soir, dormir si possible sous une moustiquaire.
- Pendant le séjour dans une zone à risque et au retour des vacances, surveiller tout signe de fièvre. Si elle survient, consulter rapidement pour faire un test de malaria. Si le test est positif, un traitement est à mettre en place sans délai.
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La trousse à pharmacie des vacances
Zoom sur les incontournables à glisser dans son panier de plage ou son sac à dos de randonnée.
- Désinfectant.
- Crème antihistaminique.
- Une petite paire de ciseaux.
- Pincette (type pince à épiler).
- Compresses.
- Bande élastique.
- Bandelette permettant de faire un garrot.
- Adhésif pour bandes et compresses.
- Mention spéciale pour le vinaigre: particulièrement efficace pour atténuer l’action des venins de nombreux insectes ou d’animaux marins tels que les méduses, il est à avoir à portée de main en cuisine. Une petite fiole glissée dans un sac peut être utile, mais n’est pas toujours suffisante en termes de quantité. A noter que tous les vinaigres conviennent.
Est-ce une allergie?
Difficile de savoir comment l’on réagira à une piqûre de méduse, d’araignée ou d’abeille avant d’y avoir été confronté! Lorsque les animaux délivrent un venin, il est naturel que le corps réponde: gonflement, douleur locale, démangeaison ou encore rougeur sont des symptômes classiques et bénins en cas notamment de piqûre. En revanche, il peut parfois survenir une hypersensibilité de l’organisme à ces substances toxiques provoquant un ensemble de symptômes allergiques plus ou moins graves. Les symptômes les plus courants indiquant une réaction allergique sont des boutons et des démangeaisons qui peuvent s’étendre à tout le corps, des nausées, un étourdissement, de la fièvre, des maux de tête ou encore un gonflement soudain du visage, de la bouche ou de la gorge. Ce dernier symptôme, l’œdème de Quincke, est particulièrement dangereux, car il peut provoquer un étouffement.
En cas d’allergie sévère et lorsque l’atteinte est globale, on parle d’anaphylaxie. Il en existe quatre stades de gravité: l’urticaire généralisée, le malaise avec chute de tension, les troubles de la respiration et le choc anaphylactique. Ce dernier entraîne un risque d’arrêt cardiaque. Potentiellement mortelle donc, cette réaction doit être prise en charge en urgence, notamment avec l’injection d’adrénaline dans les plus brefs délais.
Zoom sur la rage
Présente sur toute la surface du globe ou presque, la rage est le plus souvent transmise par des animaux terrestres (chien, chat, singe, renard, chacal, blaireau ou encore raton laveur), en particulier dans des pays situés en Europe orientale, en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie. Sous nos latitudes, elle est surtout véhiculée par les chauves-souris. Dans les zones à risque, et de façon générale, mieux vaut éviter tout contact avec des animaux errants ou sauvages, même d’apparence tout à fait saine. En effet, si, en évoluant, la maladie engendre des symptômes significatifs (excès de salive, agressivité, etc.), les premiers jours de l’infection peuvent être totalement asymptomatiques. En cas de morsure ou encore de léchage sur une peau lésée ou sur une muqueuse (bouche, œil, etc.), une prise en charge médicale en urgence s’impose pour administrer un vaccin et des anticorps le plus rapidement possible.
A noter que pour des vacances en zone à risque, avec des activités d’extérieur favorisant la rencontre avec des animaux sauvages, un protocole de vaccination peut être proposé en amont du voyage. Un traitement reste impératif en cas de morsure pour limiter les risques de développement de la maladie.
Côté vaccins
Avant de s’envoler pour certains pays, la vaccination est un passage fortement recommandé pour se prémunir de certaines maladies graves. Première étape: s’assurer d’être à jour dans ses vaccins de base (notamment celui contre le tétanos et la diphtérie (DTP), des maladies encore présentes dans certains pays à ressources limitées). D’autres vaccins sont fortement conseillés. Certaines maladies graves sont transmises par les moustiques: c’est le cas pour l’encéphalite japonaise ou la fièvre jaune, affection potentiellement mortelle et dont le vaccin est obligatoire pour voyager dans certaines zones endémiques intertropicales d’Afrique ou d’Amérique du Sud.
En cas de voyage dans des régions où l’hygiène est précaire, il peut être utile de se vacciner contre l’hépatite A ou la fièvre typhoïde, maladies qui se transmettent par l’eau ou les aliments contaminés.
Si des activités favorisant des contacts avec des animaux sauvages sont prévues dans des zones à risque (Afrique, Asie et Amérique du Sud principalement), le vaccin contre la rage est conseillé. La vaccination contre l’hépatite B, une maladie sexuellement transmissible, peut être envisagée en cas de séjour prolongé ou d’activités à risque.
Enfin, l’encéphalite à tiques, transmise comme son nom l’indique par des tiques, est répandue en Europe centrale (y compris en Suisse), en Europe de l’Est et en Russie. Le vaccin est recommandé aux personnes pratiquant des activités en forêt, notamment à la saison chaude.