Au soir du 10 septembre, Dave Grohl, 55 ans, annonçait sur son compte Instagram qu’il était de nouveau papa. Le moment choisi, à quelques heures du débat Harris-Trump, ne devait rien au hasard: le rocker avait fait un enfant hors mariage et le signifiait au monde entier. Alors que l’espace médiatique était saturé par l’affrontement des deux candidats à l’accession à la Maison-Blanche, l’ex-batteur de Nirvana pensait passer sous les radars. Son message précisait à la fois qu’il serait «un père aimant et soutenant» et, parlant de sa famille, qu’il ferait «tout pour regagner leur confiance et mériter leur pardon».
En 1994, à la mort de Kurt Cobain, Grohl, multi-instrumentiste, choisit d’évoluer en solo. Guitariste et chanteur, il fonda les Foo Fighters et connut de nouveau le succès. A ce jour, 12 albums en studio ont assis la renommée de son groupe de hard rock. Hors scène, il est marié depuis deux décennies à Jordyn Blum, une Américaine de 48 ans. Le couple a trois filles: Violet Maye, Harper Willow et Ophelia Saint, âgées de 18, 15 et 10 ans. On imagine le choc familial, mêlant déception, colère et tristesse, au moment des aveux. L’aînée, chanteuse elle aussi, a aussitôt fermé ses comptes sur les réseaux sociaux.
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Amours, infidélités et conséquences
Mal pris, David Eric Grohl a toujours eu une réputation de chic type. Qu’il se casse une jambe en plein concert, comme en Suède en 2015, et il est évacué aussitôt et plâtré pour mieux revenir terminer le show. Qu’une batteuse de 11 ans, Nandi Bushell, le défie en 2021 dans une vidéo et il l’invite à jouer sur la scène du Forum de Los Angeles. Considéré comme le plus gentil des musiciens du circuit rock, il avait déclaré au magazine «Time», en 2010, que la paternité avait modifié son existence: «Quand on a des enfants, on voit la vie avec des yeux différents. On ressent l’amour plus profondément et on est peut-être un peu plus compatissant.»
En 2024, son incartade a aussi des conséquences sur sa carrière. Le 29 septembre dernier, les Foo Fighters ont annulé leur participation au Soundside Music Festival et le groupe – qui avait dû faire face à la perte de son batteur, Taylor Hawkins, mort à 50 ans en mars 2022 – s’est mis en pause pour une durée indéterminée.
Dans le grand cirque du show-business, Dave «faute avouée mais pas encore pardonnée» n’est pas le seul à avoir eu un enfant illégitime. Souvenez-vous d’Arnold Schwarzenegger. L’Autrichien bodybuildé à l’accent guttural, titré Monsieur Univers avant sa majorité, star de cinéma, engrossa Mildred Patricia Baena, son employée de maison depuis vingt ans.
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Un secret et un ado de 15 ans
La fidèle «Patty» mit au monde un petit Joseph quelques jours seulement après la naissance du dernier-né de Maria Shriver, l’épouse de Schwarzie. Femme de caractère, nièce du président assassiné John Fitzgerald Kennedy, autrefois journaliste respectée, elle mit ses ambitions professionnelles de côté pour se consacrer à son costaud. Alors que son ventre s’arrondissait, elle s’attendrit devant celui de son employée qui poussait en parallèle. On les imagine discutant layette dans la luxueuse maison de 1300 mètres carrés. Le terrible secret a tenu quinze ans.
Un ouragan s’est abattu sur Terminator le jour où sa femme a compris. Elle avait toujours fermé les yeux sur les écarts de son mâle alpha, dragueur aussi épais que ses cigares, accusé de harcèlement par six femmes, élu gouverneur de Californie grâce à la bonne image et au pedigree de son épouse. Las, Maria a fini par trouver que le fils de son employée ressemblait étrangement à son mari. Elle hurla qu’elle «savait tout» dans une scène apocalyptique. Arnie, feignant l’étonnement, signifia que «ça n’était pas grave».
Dans la version officielle, plus soft, il a fallu une thérapie de couple pour que Conan passe aux aveux. Il l’explique de façon prosaïque dans «Arnold», un documentaire Netflix (2023). «Maria et moi allions chez le psy une fois par semaine. Lors de l’une des séances, le thérapeute a dit: «Je pense qu’aujourd’hui Maria veut savoir si vous êtes le père de Joseph.» J’ai cru que mon cœur s’arrêtait, puis j’ai dit la vérité: «Oui, Maria, Joseph est mon fils.» L’infidèle battit sa coulpe: «Je pense que j’ai causé assez de douleur à ma famille avec mes conneries. Tout le monde a souffert. Maria a souffert. Les enfants ont souffert. Joseph. Sa mère...» La procédure de divorce dura onze ans. Madame empocha la moitié de la fortune, soit 400 millions de dollars. Un juste prix pour celle qui fut, selon Schwarzenegger, anéantie en apprenant la vérité.
Sous d’autres latitudes, le prince Albert II de Monaco, jeune play-boy très convoité, aura mis en pratique le slogan du Petit Larousse: «Je sème à tout vent». Avant de se marier à 53 ans avec Charlène Wittstock, le fils de Grace Kelly eut deux enfants naturels. Sa progéniture étant censée lui succéder, c’est donc à feu Rainier III, son père, qu’il rendit des comptes sur le mésusage des préservatifs, tout en étant protégé par la Constitution monégasque dont l’article 10 stipule qu’elle ne reconnaît pas de statut officiel aux enfants nés hors mariage. Il y eut tout d’abord l’Américaine Jazmin Grace Grimaldi, née en 1992 à Palm Springs. Longtemps cachée, elle a été reconnue par Albert à l’âge de 14 ans. Le prince avait eu une relation de deux semaines sur la côte d’Azur avec Tamara Rotolo, une ancienne serveuse de bar reconvertie dans l’immobilier. On vit ensuite surgir Alexandre Grimaldi-Coste, né en 2003, fils de l’hôtesse d’Air France Nicole Coste. Après des études en sciences économiques, cette ex-mannequin n’hésita pas à sortir du bois, posant, en 2005, avec son garçon de 2 ans, dans «Paris Match», sous le titre: «Alexandre l’enfant secret». Agés de 32 et 21 ans cette année, Jaz et Alex ne régneront jamais, mais ils sont toujours les bienvenus sur le Rocher.
Le sort des enfants nés en dehors des clous questionne. Chacun essaie, tant bien que mal, de trouver sa place, cherchant à dépasser une vague ressemblance et à faire oublier l’étiquette honteuse «conçu dans un moment d’égarement». C’est le cas de Lucas Jagger, fils de Mick et de la présentatrice de télé brésilienne d’origine libanaise Luciana Gimenez Morad. Lorsqu’il fauta, le chanteur des Rolling Stones vivait avec le mannequin Jerry Hall et leurs quatre enfants. Le sang de la Texane ne fit qu’un tour en apprenant que son Mick, «agité comme un chat de gouttière», selon ses dires, avait mis enceinte une autre. Les avocats du don juan plaidèrent qu’il n’y avait pas divorce au prétexte que la liaison, démarrée en 1977, n’avait été scellée que symboliquement en 1990 sur une plage balinaise. Lucas, 25 ans désormais, septième d’une fratrie de huit, se taille une petite notoriété à travers ses comptes Instagram et TikTok. Il met parfois du rouge à lèvres et du vernis, comme le fit son paternel dans les seventies. Il a grandi à São Paulo mais vit à New York où il a été diplômé à l’université et profite d’une pension mensuelle estimée à 20 000 dollars. Il ne rate jamais une occasion de voir son «daddy». Un Mick assagi, 81 ans au compteur, roi de l’(in)Satisfaction, mais unanimement reconnu comme un père concerné et aimant.
Beaucoup de ces stars volages ont pris leurs responsabilités une fois mises devant le fait accompli, à l’instar de Jude Law. Il a eu sept rejetons avec quatre femmes différentes. «Je soutiens tous mes enfants, surtout l’enfant illégitime», dit-il, parlant de Sophia. On la découvrit en 2009, en «exclusivité mondiale», dans les bras de sa maman, Samantha Burke, actrice en herbe, posant complaisamment en couverture de «Hello!». «Elle a le menton et le nez de Jude, fit savoir l’accouchée. Il n’a pas encore rencontré sa fille depuis sa naissance, il y a cinq semaines, et n’a pas vu de photo d’elle, mais je suis sûre qu’il sera un père merveilleux.» Ils s’étaient croisés sur le tournage de «Sherlock Holmes». Law, alias Dr Watson, reconnut la petite au bout de cinq mois après un test ADN et s’engagea à verser une pension de 280 000 dollars par an.
Coup de chaud au resto
Dans cette saga d’acteurs et de chanteurs frivoles, les sportifs ne sont pas en reste. Le cas du tennisman Boris «Boum-Boum» Becker est emblématique. Son ascension fut aussi spectaculaire que sa chute. Vainqueur de six tournois du Grand Chelem, plus jeune titré à 17 ans sur le gazon de Wimbledon, numéro un mondial, multimillionnaire, le prodige allemand, connu pour son impulsivité, fut incapable de gérer son succès. Gloire, argent et sollicitations en tout genre, surtout celles de ses admiratrices. Marié à Barbara Feltus, il eut une aventure éclair avec le mannequin russe Angela Ermakova, un soir de 1999, alors que sa femme attendait, seule à l’hôpital, de mettre au monde leur deuxième garçon. Anna, l’enfant adultérin, fut conçue au restaurant japonais Nobu à New York. Becker le raconte dans une première autobiographie: «Elle avait un regard de chasseur signifiant «je te veux». Elle passa deux fois devant le bar avant de se diriger vers les toilettes. On a bavardé cinq minutes et...» La chose se fit, dit-on, dans un placard à balai.
Dame Becker demanda le divorce et obtint 25 millions. Après avoir nié toute relation, «Boum-Boum», après un test, reconnut sa fille deux ans plus tard. «J’étais impliqué dans ce drame familial. Il ne faisait aucun doute que j’étais le salaud dans toute cette affaire. J’avais trahi ma femme enceinte, engendré un enfant et caché la vérité», écrit-il dans un second ouvrage. Il déboursa, en plus, 1,2 million pour loger Angela Ermakova. Leur fille, diplômée du Courtauld Institute of Art, mannequin et chanteuse de 24 ans, a enregistré un premier single, «Behind Blue Eyes», célèbre titre des Who. Belle rousse aux yeux bleus, Anna a remporté, avec panache, l’an dernier, l’émission «Let’s Dance», sur RTL Allemagne. Avec elle, «the show must go on».