On l’ignore souvent, mais nombre de maux classiques du nouveau-né peuvent être soulagés par les mains expertes d’un ostéopathe. Sébastien Byrde, président de la Fédération suisse des ostéopathes, compte plus de 50% de nourrissons au sein de la patientèle qu’il reçoit dans ses cabinets de Morges et d’Epalinges (VD).
L’ostéopathie est une profession de santé se pratiquant en premier recours. Remboursée par les complémentaires, cette thérapie manuelle consiste en des manipulations douces du système musculosquelettique et des organes internes des patients pour éliminer ou diminuer ses troubles fonctionnels et rétablir son équilibre général. En 2016, sur le demi-million de personnes ayant consulté un ostéopathe en Suisse, 10% étaient des enfants, pour 90% de moins de 3 mois. Car, Sébastien Byrde insiste beaucoup là-dessus, «les troubles fonctionnels du nouveau-né s’expriment dans les quatre premiers mois de vie. En particulier tous les troubles liés à la mise en fonction du système digestif: régurgitation, renvois, coliques… C’est pourquoi il importe de consulter le plus rapidement possible, éventuellement sur la recommandation du pédiatre.»
Les troubles digestifs constituent un motif de consultation fréquent chez les ostéopathes. «Les pleurs des nourrissons ne sont pas toujours liés à des problèmes de digestion, précise Sébastien Byrde. Mais comme ils mangent presque toutes les deux heures, leur système digestif, en rodage et très sollicité, peut dysfonctionner. Il faut distinguer les pleurs du reflux qui se produisent pendant et à la fin de la tétée et ceux de la colique après digestion. Mais comme on ne peut pas faire grand-chose avec les médications, les parents ont souvent tendance à attendre que cela passe, au détriment de leur sommeil...» L’ostéopathie propose dans ces cas-là une prise en charge globale afin de déterminer l’origine de ces problèmes de digestion. Ils peuvent être liés, notamment, à une fin de grossesse ou à un accouchement difficile.
Le bébé a une tête beaucoup plus grosse, proportionnellement, que celle d’un adulte. «C’est comme si on avait une tête aussi large que nos épaules, précise Sébastien Byrne. Cela explique pourquoi la région de la relation du crâne aux cervicales est souvent un lieu de tension chez le nourrisson et qu’un traitement permet parfois de soulager les coliques ou de remédier à l’épuisement d’un bébé qui tète mal. On peut également intervenir sur les troubles du sommeil lorsqu’ils sont liés à des tensions musculaires. Si les parents viennent assez vite, on peut faire un super travail.»
Les plagiocéphalies peuvent également être traitées par l’ostéopathie. Part importante des consultations de Sébastien Byrne, «ces déformations ou aplatissement du crâne proviennent souvent d’une propension du bébé à poser sa tête toujours du même côté. Soit à cause d’une gêne récurrente liée à la grossesse ou à l’accouchement, soit parce qu’ils se tournent toujours du côté où se situe leur mère ou une source de lumière.
Ces plagiocéphalies sont plus fréquentes depuis que l’on couche, avec raison, les bébés sur le dos. C’est pourquoi, dans la journée, il convient de les mettre le plus souvent possible sur le ventre pour que, en levant la tête, ils musclent leur cou. N’hésitez pas également à changer souvent leur baby-relax de place pour varier les stimuli qui les amènent à tourner la tête. Avant 4 ou 5 mois, si vous constatez que bébé a tendance à tourner toujours la tête du même côté, un ostéopathe peut encore vous aider à corriger cela.»
Et d’ajouter: «L’échange avec les parents est primordial. Ne serait-ce que pour les informer et les rassurer. Ou même leur apprendre certaines mobilisations simples qui peuvent soulager leur enfant. J’encourage d’ailleurs souvent les femmes que je suis pendant leur grossesse à m’amener leur bébé après l’accouchement pour un simple check-up.»