Elle fut la première… Le slogan des «Dents de la mer», vous vous rappelez? Olga Kurylenko (40 ans) peut maintenant le faire sien. Elle restera, quoi qu’il arrive, la première actrice européenne à avoir révélé être positive au coronavirus. D’autres noms suivront. Depuis que Tom Hanks et son épouse ont été dépistés, hospitalisés puis confinés en Australie, Hollywood tremble.
Olga Kurylenko, ex-James Bond Girl, a choisi de parler le 15 mars, sur Instagram. «Confinée à la maison après avoir été testée positive au coronavirus, écrit-elle. En réalité, je suis malade depuis près d’une semaine. La fièvre et la fatigue sont mes principaux symptômes. Prenez tout ça au sérieux!»
Trois jours plus tard, elle apparaît chez elle, à Londres, le visage masqué. «Je me sens mieux, indique-t-elle. Ma fièvre est partie. Quel traitement les médecins m’ont-ils prescrit? Aucun! On m’a dit de prendre du paracétamol si ma fièvre grimpe trop […]. J’ai fait le plein de vitamines et de compléments alimentaires.»
Née derrière le Rideau de fer, en URSS, en novembre 1979, Olga Konstantinovna Kurylenko sait ce que survivre veut dire. Elle a grandi à Berdiansk, une ville de 110 000 habitants, en Ukraine. Elle porte le nom de son père, Konstantin, un fantôme qu’elle a aperçu trois fois dans sa vie. «Peu après ma naissance, ma mère a préféré divorcer et rester seule. Elle pensait qu’on s’en sortirait mieux…» Dans l’appartement miteux qu’elles partagent avec sa grand-mère Raïssa, un oncle, une tante et un cousin, Olga et sa mère vont vivoter sans ressources.
«C’est vrai qu’on n’avait pas un rond, confie-t-elle, mais je n’ai jamais manqué d’amour. Avec le recul, j’estime même avoir eu de la chance. Les difficultés, ça forge le caractère. […] Je suis une survivante.» La mère, Marina Alyabusheva, est professeure d’art et artiste, la grand-mère toubib. On a oublié que dans les pays communistes, les enseignants et les médecins étaient nettement moins bien payés que les mineurs ou les ingénieurs…
Jusqu’à l’âge de 13 ans, la jeune Olga, encerclée de misère, se rêve ballerine, puis chirurgienne. «Je n’avais qu’un pull et un pantalon», se souvient-elle. L’horizon paraît bouché, mais Olga a la foi. «Je crois aux miracles, souligne-t-elle. L’année de mes 13 ans, ma mère m’a emmenée en week-end à Moscou. C’est le seul voyage que j’ai fait de toute mon enfance. En sortant d’une rame de métro, une femme m’a approchée pour me proposer de travailler comme mannequin.» Sa maman, méfiante, refuse, mais elle se ravisera deux ans plus tard. La jeune Ukrainienne a 15 ans, une silhouette de sylphide et les yeux verts. Un an encore et c’est l’agence Madison, à Paris, qui la réclame. Elle plie bagage!
«Au bout de six mois, je parlais la langue, raconte-t-elle. En France, je me suis sentie moi-même.» Elle peut enfin aider financièrement sa maman, restée au pays. «Avec mon premier salaire, poursuit Olga Kurylenko, j’ai foncé dans une boutique m’acheter un jean et un petit haut que j’ai portés si longtemps qu’un jour, à l’agence, quelqu’un m’a dit: «Il serait peut-être temps d’en changer, non?»
A 18 ans, tout le monde s’arrache cette longue tige de 1,75 m, aux mensurations de ballerine (87-58,5-89). Elle multiplie les unes de magazines, devient le visage de Clarins et Helena Rubinstein ou encore l’ambassadrice du parfum Kenzo Amour. Même le chanteur Faudel la recrute pour son clip «Tellement je t’aime» en 1998!
Cette fille inspire l’amour, pourtant sa vie intime est chahutée. En 2000, elle se marie une première fois avec le photographe de mode français Cédric Van Mol, rencontré un an plus tôt. Le couple divorce trois ans et demi plus tard. En 2006, elle épouse Damian Gabrielle, un entrepreneur américain spécialisé dans les accessoires pour téléphones mobiles. Second divorce au bout d’un an! L’actrice fait valser les hommes.
Sa rencontre la plus sérieuse? L’acteur, journaliste et écrivain Max Benitz, de six ans son cadet, révélé par le film «Master and Commander». Le 3 octobre 2015, le voici papa d’Alexander Max Horatio. «J’aime les hommes créatifs, révèle Olga Kurylenko, ceux qui peignent ou qui écrivent.» Mais gare à ne pas sortir des clous: «Je hais la jalousie et plus encore la possessivité. Je n’appartiens à personne.» L’ancienne égérie de la lingerie Lejaby est aujourd’hui en couple avec Ben Cura (31 ans), acteur, producteur et réalisateur anglais d’origine argentine.
Modèle courtisé dans l’Hexagone – elle a obtenu la nationalité française en 2001 –, la belle va se révéler en tant qu’actrice grâce à «L’annulaire» (2005), un film français de Diane Bertrand qui lui vaudra un prix d’interprétation à Brooklyn.
En 2007, le Zurichois Marc Forster, chargé de réaliser le deuxième James Bond avec Daniel Craig, «Quantum of Solace», recherche le premier rôle féminin, celui de Camille Montes. Cela se joue entre Olga Kurylenko et Gal Gadot. Le cinéaste suisse tranche. Etonnamment, les deux concurrentes se retrouveront en compétition neuf ans plus tard pour incarner «Wonder Woman» et, cette fois, l’intrépide Olga devra céder la place.
James Bond a changé sa vie. Il lui a valu, accessoirement, d’être taxée de «vendue à l’Ouest» par les nationalistes ukrainiens, mais demeure son plus gros succès au box-office devant le superbe «Oblivion» (2013), avec Tom Cruise.
Olga Kurylenko affirme cependant être revenue d’Hollywood, au propre comme au figuré. Elle préfère maintenant tourner en Europe. «Pour résumer, Hollywood, c’est Cendrillon. Quand l’horloge sonne minuit, je redeviens une petite souris, je rentre chez moi, j’enlève ma robe et c’est fini.» L’image est éloquente.