Boire un verre à 10 heures du matin, voilà qui ne correspond plus vraiment aux standards sanitaires de notre époque. Mais rien de sulfureux en l’occurrence: il s’agissait de pédagogie. La spécialiste en vin Marie Linder allait apprendre aux 23 participantes et participants de cet atelier de L’illustré comment décrire précisément les caractéristiques d’un vin. Il fallait bien mettre nez et papilles à contribution pour que ce lexique infini et ces concepts subtils prennent du sens, ou plutôt, des sensations.
Samedi dernier, cette studieuse matinée œnologique a débuté par quelques mots de bienvenue du nouveau directeur de l’Ecole d’agriculture du Valais, Raphaël Gaillard. Cette vénérable institution, qui fêtera son centenaire l’année prochaine, avait mis une grande salle et les nectars tests (petite arvine, merlot, gamay) à disposition de cette soif de savoir.
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Cet atelier a permis aussi de mesurer à quel point le maniement du vocabulaire du vin ne fait pas tout. Le monde vitivinicole est souvent à fleur de peau. Un brin de diplomatie est donc utile. «Evitez, chez un vigneron, de dire: «Ce vin est acide.» Même si c’est vrai, cela sera forcément pris pour une critique négative, a rappelé Marie Linder. Dites plutôt: «Il est vif, ce vin…» En effet, un vin acide, voire trop acide, à la dégustation sera peut-être idéal pour certains mets. Evitons aussi d’affirmer notre aversion pour tel ou tel cépage: «Un jour ou l’autre, vous serez piégé lors d’une dégustation à l’aveugle et vous chanterez les louanges d’un chardonnay, deux minutes après avoir affirmé n’avoir jamais apprécié ce cépage.»
Ces deux heures de cours et de travaux pratiques ont permis d’affiner l’usage des termes consacrés comme «minéral», «fruité», «rond» ou «tannique», et de découvrir des qualificatifs moins répandus comme «tuilé» pour décrire la robe d’un vin ayant de longues années de bouteille derrière lui. Mais Marie Linder a aussi insisté sur le droit de chacun à parler du vin à sa manière. «On nous apprend, à nous les professionnels, que la petite arvine doit sentir la glycine en fleur… Je ne pense pas que ce soit utile pour le grand public.» Après un dernier verre, non plus pédagogique mais d’amitié cette fois, cette studieuse classe d’un jour est repartie enchantée de sa vendange de bons conseils.
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