Leur fin a précédé leurs débuts. En octobre 2015, Tanja Hüberli apprend que son aventure dans le beach-volley aux côtés d’une autre Tanja est terminée. Tanja Goricanec vient en effet d’annoncer la fin de sa carrière. Tanja Hüberli, alors âgée de 23 ans, n’a, elle, nulle envie de cesser la compétition. Elle ne désire qu’une seule nouvelle partenaire: Nina Betschart. «J’ai toujours voulu jouer avec Nina.» Un problème se pose cependant à la spécialiste du bloc: Betschart n’est pas libre. Elle forme alors un duo depuis huit ans avec son amie d’enfance, Nicole Eiholzer. «La situation était délicate. Je ne voulais pas être responsable de la rupture d’une équipe soudée», lâche Tanja Hüberli. Elle cherche néanmoins le dialogue et rencontre un écho positif auprès de Nina Betschart. «Ce n’était pas simple pour moi non plus, raconte la Zougoise Nina. Mais Nicole et moi, nous n’avions aucune envie de nous mettre des bâtons dans les roues si un partenariat avec une fille du top niveau international se présentait.»
La nouvelle formation Hüberli/Betschart réussit un départ tonitruant. Dès leur première saison, en 2016, la Schwytzoise et la Zougoise montent sur la troisième marche du podium lors du tournoi Major Series de Klagenfurt (Autriche). Toutes deux sont des personnalités qui s’adaptent vite aux nouvelles situations. Lors des Mondiaux juniors de 2011, par exemple, Nina Betschart avait remplacé au pied levé Anouk Vergé-Depré, malade, glanant même la médaille d’or en compagnie de Joana Heidrich. Tanja Hüberli, de son côté, fut d’emblée championne de Suisse en 2013, puis vice-championne d’Europe en 2014, aux côtés de Tanja Goricanec.
Harmonie et différences
Tanja et Nina ne semblaient a priori pas destinées à faire équipe. L’une est extravertie et volubile, l’autre calme et pleine de retenue. L’une fait partie des plus grandes joueuses en taille de tout le beach, avec ses 190 cm; l’autre figure parmi les plus petites, avec 175 cm. Tanja Hüberli a choisi le volleyball quasi fortuitement. Elle a commencé tard et joué longtemps en salle, avant de découvrir la plage. Quant à Nina Betschart, elle est issue d’une dynastie de volley. Dès son adolescence, elle a remporté des trophées en beach.
Malgré ces «détails», ou à cause de ces différences, elles se complètent à merveille. «Nous recherchons toutes deux l’harmonie, la bonne entente; nous rions beaucoup ensemble. L’humour ou le rire jaune quand nous jouons mal nous est commun», explique Nina Betschart. Tanja Hüberli: «Après une mauvaise prestation, je dois rester seule un moment. Nina digère les défaites bien mieux», estime-t-elle. Autre point commun: une propension au désordre. «En un rien de temps, nous arrivons à mettre sens dessus dessous notre chambre d’hôtel. Résultat: nous sommes toujours en train de chercher quelque chose», regrette Tanja. Heureusement, elles partagent aussi l’envie de remettre de l’ordre. «Longtemps, je devais me forcer pour ranger. Aujourd’hui, je le fais sans maugréer», dit Tanja.
Les deux joueuses aiment voyager: Pays-Bas, Etats-Unis, République tchèque, Chine, Brésil, Espagne, Pologne et Allemagne, rien qu’en 2018. Mais elles adorent aussi rentrer à la maison, où elles ont chacune sa vie privée. Nina Betschart est l’amie du hockeyeur de Bienne Damien Brunner, Zougois comme elle. Elle habite à Bellmund (BE) et étudie la psychologie. Elle n’aime pas trop exposer sa vie privée. Tanja sera bientôt institutrice; elle habite dans un collectif à Berne et rend souvent visite à sa famille à Reichenburg (SZ).
Le duo se retrouve pour des séances d’entraînement au centre de performance, à Berne, où elles s’entraînent quatre heures par jour. Chacune de son côté se charge de sa condition athlétique avec son propre coach. Que manque-t-il encore au duo pour faire irruption dans le top 10? Brésiliennes, Canadiennes, Chinoises ou Australiennes paraissent encore hors de portée.
Christoph Dieckmann forme le staff des entraîneurs avec Sebastian Beck et Florian Karl. L’Allemand, lui-même ancien volleyeur de talent (il fut champion d’Europe en 2006), pense que «Nina a encore un beau potentiel en attaque et Tanja en réception». Les deux ont cependant progressé énormément, reconnaît-il. «Si elles parviennent à concrétiser en compétition ce qu’elles montrent à l’entraînement, elles sont capables de battre les meilleures.» L’assiduité dont elles font preuve enchante Dieckmann: «Elles sont extrêmement concentrées. Même si elles doivent entendre les mêmes conseils et corrections mille fois, elles demeurent motivées et sont faciles à gérer.» Nina Betschart: «Nos parents nous ont toujours soutenues, sans penser aux résultats. Ils nous ont aussi appris que le sport n’est pas tout dans la vie.»
Le duo Hüberli/Betschart travaille sous l’égide des mêmes entraîneurs que la deuxième paire suisse de valeur internationale, Joana Heidrich/Anouk Vergé-Depré. «Quand nous nous affrontons en compétition, cela nous fait bizarre. Les entraîneurs nous épargnent toute consigne. Les affrontements officiels sont cependant rares», précise Nina Betschart, qui affirme qu’il n’existe de toute façon aucune rivalité entre elles. Mieux classé, le duo Hüberli/Betschart (13e mondial) ne s’offusque pas du fait que le team Heidrich/Vergé-Depré, pourtant moins bien classé (14e), bénéficie d’une plus grande attention médiatique. «Par leurs bonnes performances, Joana et Anouk ont su se mettre en valeur, dit Tanja Hüberli. Nous, nous sommes plutôt défensives en matière de stratégie de marketing et de communication.» Tanja Hüberli et Nina Betschart ont daigné faire une exception pour notre séance photo en bateau, sur le lac des Quatre-Cantons.
Le jour se lève, le ciel rougeoie. Le tableau est idyllique, hormis la forte brise qui fait tanguer le bateau. Tanja ose un plongeon depuis la proue dans l’eau froide du lac. Avec un geste de dénégation, Nina applaudit, au sec sur le pont. Hors compétition, les deux font preuve d’une sensibilité et d’une hardiesse distinctes. Mais en équipe, elles avancent toutes deux de front. Direction les Jeux olympiques de Tokyo, en 2020.
Nina Betschart
Née le 14 octobre 1995 (Balance) à Steinhausen (ZG) état civil Célibataire, en couple avec le hockeyeur Damien Brunner Palmarès Avec Hüberli: 2e aux Européens 2018, 3e à La Haye 2018, 3e à Porec 2017, 9e aux Européens et Mondiaux 2017, 3e à Klagenfurt 2016; avant: 1re European Games, Européens M22 2015, Européens M20 2014, Européens M20 & M22 2013, Mondiaux juniors 2011 Partenaires Pavatex, Ochsner Sport, SportMint, Diener AG, Quickline, Baustoffe Mels AG, Knechtreisen, LoosliDesign, Yamnuska.ch.
Internet: www.hueberli-betschart.ch
FB: @hueberlibetschart
Instagram: @ninabetschart
Tanja Hüberli
Née le 27 août 1992 (Vierge) à Reichenburg (SZ) état civil Célibataire Palmarès Avec Betschart: 2e aux Européens 2018, 3e à La Haye 2018, 3e à Porec 2017, 9e Européens et Mondiaux 2017, 3e à Klagenfurt 2016; avant: médaille d’argent 2014 Partenaires Pavatex, Ochsner Sport, SportMint, Diener AG, Quickline, Baustoffe Mels AG, Knechtreisen, LoosliDesign, Yamnuska.ch.
Internet: www.hueberli-betschart.ch
FB: @hueberlibetschart
Instagram: @tanjahueberli