Lorsque nous débarquons chez elle, au cœur du bourg médiéval de Saillon, Nicole Coudray est occupée à classer les sollicitations qui lui sont parvenues ce 14 juillet. Son carnet de rendez-vous est ouvert à la page «octobre 2022». «Jusque-là, c’est complet», confie-t-elle, en refermant délicatement son gros carnet bleu. Il faut dire que la réputation de la médium qui parle avec les morts, comme on l’appelle, a depuis longtemps débordé les frontières du Valais. On vient de tout le pays et même d’ailleurs pour la consulter. Un succès jamais démenti en plus de trente ans de vocation. «Peut-être parce que je suis née médium», déclare-t-elle, en se référant à son arrière-arrière-grand-mère maternelle, guérisseuse à Nendaz, et à un oncle de la même lignée, médium lui aussi. «Ma grand-mère m’a raconté qu’un jour le président et le curé du village ont débarqué chez lui et ont brûlé tous ses écrits», rigole-t-elle.
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Nicole Coudray a donc de qui tenir. Enfant, elle voyait et ressentait déjà les choses avant tout le monde. «Ma mère me disait que j’étais née avec des antennes.» Son intérêt pour l’humain et les secrets de son âme est immodéré. «Ma période scolaire ne fut pas des plus palpitantes. Excepté le chant et le dessin, je trouvais qu’on n’apprenait rien d’intéressant», confesse celle qui occupera le guichet d’une banque locale durant quelques années avant de suivre une formation de gardienne d’animaux auprès de la SPA. «A la banque, pas mal de clients prétextaient un petit versement ou un modeste retrait pour venir consulter. Je ne pouvais pas jouer ce double jeu, bien sûr.» C’est donc tout naturellement qu’elle se consacre à sa vocation depuis la fin des années 1990.
"Parler avec les morts? Non, je n'ai pas peur"
Une mission qu’elle mit un temps entre parenthèses, à l’adolescence, après une expérience qui ébranla ses convictions. «Je m’amusais à faire du Ouija avec des amies (forme de médiumnité qui permet de communiquer avec les plans subtils et de parler aux esprits, ndlr) lorsqu’un verre se mit à tituber dans tous les sens avant de carrément se fendre. Le signe que je ne maîtrisais pas mes énergies. J’ai eu la trouille de ma vie.» Mais une peur en forme d’ultime révélation du don qui l’habite et qui l’anime. Ainsi, depuis une grosse vingtaine d’années, Nicole Coudray met des mots sur les douleurs et les mystères enfouis au fond de nos âmes. Tout en douceur et en pudeur, elle transmet les messages que nos chers disparus veulent bien lui adresser. Mais, aujourd’hui, elle se dit emportée vers de nouveaux horizons. «Je suis en pleine période de transition. Je sens le besoin de passer des messages à plus grande échelle par la peinture.» Autodidacte, l’artiste se laisse guider par ses émotions devant le chevalet. «Quand je peins, je n’ai aucune idée de ce que va devenir le tableau. Je suis dans un état de conscience modifié, portée par mes ressentis. Du coup, je ne peux pas décider de peindre tel ou tel soir au motif que j’ai du temps par exemple. Ça ne fonctionne pas comme ça.»
Résultat, ses toiles inspirées font l’objet d’autant d’interprétations que de personnes qui les regardent. «Chacune d’entre elles perçoit l’œuvre selon la blessure qu’elle porte en elle. Les gens me disent que cela apaise leurs souffrances et leurs angoisses. C’est une autre façon d’apporter du bien-être et de la sérénité», estime celle qui a déjà exposé à Florence, à New York, à Miami, à Paris, à Barcelone et à Palerme.
La prochaine exposition de Nicole Coudray
Apaiser et soulager par la peinture: cela fait vingt ans que Nicole Coudray transpose ses émotions sur des toiles. Elle dit puiser son inspiration dans les messages qu’elle reçoit de l’au-delà. «Chaque personne regardant un de mes tableaux en fait une interprétation propre, selon la blessure qu’elle porte en elle. Cela contribue à apaiser ses douleurs et à lui apporter du bien-être.»
Exposition en décembre à Crans-Montana. Voir lieu et dates exacts sur www.nicole-coudray.ch