Lorsqu’on se promène dans les rues de Kiev, il serait presque facile d’oublier que l’Ukraine est un pays en guerre. On peut prendre son petit-déjeuner dans un café bobo de la ville diffusant les Strokes en fond sonore. Faire un peu de shopping dans les boutiques de l’avenue Khreschatyk. Promener son chihuahua emmitouflé dans une petite doudoune un brin ridicule sur le bitume verglacé. Ou encore partager des dim sums avec ses amis lorsque la nuit tombe. Bref, mener une vie de citadin, comme dans n’importe quelle capitale européenne, en faisant mine d’oublier que, sur le front, des soldats creusent des tranchées et meurent par milliers. Ce serait trop simple.
Ce matin du 7 février, alors qu’en Europe on bâille encore et on frotte ses yeux collés, Kiev se réveille au son des explosions. Un immeuble d’une banlieue résidentielle a été touché. Bilan de la matinée: cinq morts. Fini de fermer les yeux.
En longeant la place Maïdan, comment ne pas être saisi d’effroi face à ces milliers de petits drapeaux jaune et bleu plantés dans la neige en mémoire des hommes morts au front? Comment ne pas entendre les cris désespérés des épouses et mères de soldats qui manifestent sur cette même place, chaque dimanche, pour que leurs proches, épuisés par deux ans de combat, soient relevés?
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A la veille du deuxième anniversaire de l’invasion russe à grande échelle, l’Europe semble se réveiller. Et ses dirigeants de durcir le ton lors de la 60e Conférence de Munich qui s’est tenue le week-end dernier, où la Suisse a brillé par son absence, même si elle a dépêché Markus Mäder, son secrétaire d’Etat à la politique de sécurité. Doit-on ce sursaut à l’assassinat à petit feu de l’opposant russe Alexeï Navalny? A la reprise de la ville ukrainienne d’Avdiïvka par l’envahisseur russe?
Un réveil, sans doute, tardif. Alors que les livraisons d’armes occidentales promises à Kiev ont souvent pris du retard, Vladimir Poutine continue d’avancer ses pions. Au pas de charge. Sur le front et sur le terrain de la propagande.
Ces prochains jours, dans les médias toujours friands de date anniversaire, on ne parlera que de l’Ukraine. Mais dans quelques mois? Il faudra se souvenir de ne pas oublier les Ukrainiens.
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- Hommage: Retour sur la vie d’Alexeï Navalny, le courageux opposant à Poutine mort dans les geôles de Sibérie
- Musique: Mae, la jeune chanteuse genevoise révélée par les réseaux sociaux
- Fait divers: Prise d’otages du Travys: radiographie d’un drame
- Mythique: Quand Roger Federer et Marco Odermatt jouent la comédie
- Grand reportage: Les Ukrainiennes se révoltent face aux trop longues périodes de mobilisation
- Société: Des meilleurs amis se confient sur le lien indéfectible qui les unit.