«Depuis tout petit, j’adorais la danse, le théâtre et le chant, mais je ne considérais pas que cela pouvait devenir des métiers, alors je ne prenais pas ces loisirs au sérieux. J’ai donc commencé un cursus scolaire tout en maintenant ces activités à côté. Une école privée, puis l’obtention du baccalauréat et, enfin, sept mois et demi à la HEC de Genève ne me suffisaient pas pour avoir une vision claire de mon avenir professionnel. Je me rendais compte que je ne savais pas vraiment où j’allais, que j’avais opté pour des filières par défaut.
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En 2010, on m’a proposé un remplacement de trois mois dans une multinationale genevoise. J’y ai pris goût et j’ai donc saisi l’opportunité de passer en fixe, afin de devenir acheteur de matières premières. Environ deux ans plus tard, des amis ont repéré une annonce de scènes ouvertes dans le journal 20 minutes et m’ont défié de m’y inscrire. Quelques minutes plus tard, j’appelais le producteur et lui racontais que j’avais déjà fait de la scène plusieurs fois, ce qui n’était évidemment pas vrai.
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A 23 ans, j’ai connu mon premier succès avec ce stand-up tout à fait imprévisible, mais fort en émotions. Faire du stand-up m’a permis de connaître des moments intenses; je me sentais dans un état quasi second, tout en étant complètement connecté avec mon public. Je pense que c’est précisément cette connexion particulière avec autrui qui me stimulait et qui m’a donné envie de continuer dans cette voie. J’aimais l’univers sans filtre, sans règles du stand-up, j’aimais la spontanéité et la puissance du rire. Souvent, je me dis que mes plus beaux souvenirs d’enfance sont des éclats de rire!
Les années suivantes, j’ai continué à écrire quelques sketchs par-ci par-là, mais j’avais peu de temps. C’est pourquoi, au travail, j’ai fait la demande de passer à 80%. Mais après un an et demi de course entre le travail, la scène et le sport, j’ai dû me rendre à l’évidence: travailler à temps partiel ne suffirait pas pour gérer simultanément deux carrières. Je n’avais que 28 ans quand mon corps a capitulé. J’ai choisi d’arrêter la scène et de reprendre un temps plein.
Trois mois plus tard, de nouveaux questionnements ont fait surface. A la fin de 2018, alors que je me rendais à la première réunion de la journée, je vois, en scrollant sur mon téléphone portable, un concours pour le Montreux Jazz Festival. Sans hésiter une seule seconde, j’envoie ma candidature. Je suis retenu et j’ai donc participé au concours, que j’ai remporté. Cette victoire ainsi que la rencontre avec les deux gérantes du Caustic Comedy Club de Genève qui a suivi m’ont apporté de la confiance et suffisamment de courage pour déposer ma démission en juin 2019.
La fin de cette année a été fructueuse: je faisais des allers-retours entre Paris et Genève et des projets clairs se dessinaient dans ma tête. Je me sentais très épanoui dans cette nouvelle vie professionnelle et j’avais toujours hâte de l’adrénaline qu’apporte la scène. Surmonter les aléas de la pandémie m’a donné un nouvel élan et prouvé qu’à 33 ans l’humour me correspond toujours autant.»
Son actualité
A ne pas manquer! Dans le cadre de son 30e anniversaire, l’Association Boulimie Anorexie convie Nadim Kayne et d’autres humoristes suisses. Samedi 19 novembre à 18h15 au Théâtre Boulimie, place Arlaud 1, Lausanne.