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Mosimann, un DJ au sommet de son art

Alors qu’il vient de rentrer de tournée avec le slameur Grand Corps Malade et enchaîne les projets musicaux, l’artiste, devenu une star mondiale, se ressource dans son fief suisse, sur le Rigi. Il y retrouve son père, Heinz, la crêperie familiale et son pied-à-terre, lieu idéal pour composer. Rencontre avec un artiste multi-talent qui fera danser les festivaliers romands cet été.

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Le DJ Mosimann aux platines

Quand il est derrière les platines, l’artiste franco-suisse pulse d’une énergie inépuisable.

Sony Music Switzerland

En arrivant dans les hauteurs de la petite station de Rigi-Kaltbad, perchée à 1433 mètres d’altitude au-dessus du lac des Quatre-Cantons, on mesure assez vite l’attachement de Mosimann, DJ devenu mondialement célèbre, pour ce village lucernois de 70 habitants. Car c’est là que vit son père, dans le chalet voisin de son propre pied-à-terre suisse. L’atmosphère calme contraste avec la frénésie des clubs et des salles de concert dans lesquels le franco-suisse se produit depuis quinze ans. Un équilibre vital pour cet artiste qui vient de fêter ses 35 ans. «C’est un peu plus dur de récupérer qu’avant mais, au moins, je ne suis pas tombé dans le cliché du DJ qui fait des excès, donc ça va», rigole-t-il. Ici, celui qui jongle entre les métiers de chanteur, de musicien électronique, de compositeur et de producteur peut redevenir simplement Mosi. «Seuls mes parents m’appellent encore Quentin», glisse-t-il en nous accueillant devant la crêperie familiale, où il donne un coup de main quand il est là.

Plusieurs vies ont passé depuis qu’il a tatoué ses coudes d’étoiles – ils sont aujourd’hui recouverts de monochromes – et qu’il chantait en prime time sur le plateau de cette fameuse «Star Academy» qu’il a remportée en 2008. Même s’il assume totalement ses débuts, Mosimann est aujourd’hui un artiste pluridisciplinaire. En plus de sa casquette de DJ électro qui lui a permis de se classer plusieurs fois parmi le top 100 de la planète, le musicien est aussi un compositeur reconnu. La preuve, il collabore avec des fleurons de la chanson française comme Grand Corps Malade, Louane ou Patrick Bruel. Il ose la polyvalence. «Le chemin entre la «Star Ac’» et DJ underground était complexe mais, si je n’avais pas fait d’erreurs, je n’aurais pas eu la détermination pour arriver là où j’en suis. Pour savoir ce que je veux.»

Mosimann dans les Alpes bernoises

C’est dans les Alpes bernoises que le musicien, admirant ici les montagnes depuis le balcon de son pied-à-terre, se ressource.

Fabienne Bühler

Un bourreau de travail


En 2022, Mosimann prouve qu’il carbure encore et toujours à la passion. Alors que l’album «Mesdames» qu’il a composé pour Grand Corps Malade est devenu disque de diamant (500 000 exemplaires vendus), on le retrouve derrière les mélodies de plusieurs morceaux d’«Ephémère», projet d’un trio composé du slameur cité plus haut avec Gaël Faye et Ben Mazué. Une collaboration unique qui a été nommée aux Victoires de la musique 2023.

Mosimann signe aussi le remix de l’hymne de la nouvelle saison du télécrochet qui l’a fait connaître avant de donner une série de concerts, notamment à l’Olympia, à Paris, en novembre dernier. «Et quel spectacle!» nous lance Eric, le chef de gare, à notre arrivée à Rigi, tout comme Heinz, un papa très fier de son fils. «Dancing on My Own», un titre rythmé extrait du dernier opus du chanteur, a été écouté à ce jour plus de 2,5 millions de fois sur Spotify.

Alors que Mosi nous prépare sa recette fétiche, crêpe sauce tomate-basilic maison, fromage et persil, il fredonne les paroles de son nouveau single, «Sin Amor», qu’il a enregistré avec Cecilia Krull, une star espagnole à qui l’on doit notamment le générique de la série phénoménale «La casa de papel». Quel personnage serait-il dans le cambriolage le plus connu de la pop culture? «El Profesor, car je n’aurais pas le courage d’être sur le terrain. Et je crois que je suis assez doué pour former une bonne équipe, pour rassembler les gens», avance-t-il.

Made in Switzerland


Son côté fédérateur, il l’a sûrement hérité de son papa qui, en quelques minutes, a le talent de mettre à l’aise les clients de son restaurant comme s’ils étaient à la maison. Les deux Mosimann partagent également le sens du travail bien fait. «Si vous voyiez comme il bosse sur sa musique! Il est plus suisse-allemand que moi», lâche, taquin, le crêpier bernois, alors que Mosi, ayant grandi avec sa mère en France, regrette de ne pas être bilingue dans ce dialecte. Complice, le duo a toutefois trouvé son équilibre. «Mon père me donne un cadre. Et, depuis toujours, il a osé faire ce qu’il aime, ça m’a inspiré!» A cela s’ajoutent un sens de la ponctualité impeccable et un goût pour le Rivella et les chips Zweifel au paprika. Sa vie de binational tient à ce qu’il surnomme son triangle magique: Paris, Rigi et le soleil du sud de la France, où se trouve sa maman, Pascale.

Mosimann en compagnie de son père et de sa belle-mère

Mosi pose ici avec son père, Heinz, et sa belle-mère, Marianne, en mars dernier. Le DJ adore revenir dans la crêperie familiale nichée dans les hauteurs du Rigi.

Fabienne Bühler

Ce jour-là, dans les Alpes, la RTS est elle aussi montée jusqu’au Rigi pour interviewer la star des platines. Face caméra, l’ancien membre du jury de «The Voice Belgique» se révèle d’un naturel déconcertant. Le monde de l’audiovisuel, il maîtrise à fond et son compte TikTok est à l’image de cette créativité pleine d’humour. Et s’il turbine autant, c’est par aversion pour la routine. «Je vis dans les trains. Là, j’ai cinq jours off pour me poser à Rigi dans mon appartement. Mais je me connais, je suis stimulé par tout ce qui m’entoure. Et je viens d’apprendre qu’Enrico Macias cherche des titres, alors comment ne pas être motivé pour composer? J’adorerais travailler avec lui. De toute façon, je culpabilise quand je m’arrête», avoue-t-il en prenant place devant son piano blanc pour plancher sur de nouveaux airs qui trouveront place sur le futur album de son acolyte Grand Corps Malade.

Son énergie débordante, il compte la transmettre sur la scène du Caribana Festival. Le 10 juin, il partagera la soirée avec Bob Sinclar et bien d’autres. Sa performance promet d’être virevoltante, généreuse et riche d’influences musicales. «Je cherche à me réinventer car nous, les DJ, nous allons bientôt être remplacés par l’intelligence artificielle», se marre-t-il avec ironie. Et qu’en est-il de sa vie amoureuse au milieu de toute cette exaltation professionnelle? «Je le dis dans ma dernière chanson, «Sin Amor», qui veut dire «sans amour». Alors que Cecilia, elle, chante le couple dans ce morceau, moi, je parle plutôt de la dualité des rencontres», avouant qu’il est célibataire à l’heure actuelle. Une chose est sûre, les touristes de Rigi auront de fortes chances de croiser Mosi lors d’une balade en forêt cet été, qu’il soit seul ou accompagné. «En hiver, tu me croiseras plutôt sur les pistes.» En attendant, ça va chauffer sur les «dance floors».

>> Retrouvez Mosimann le 10 juin au Caribana Festival, le 18 août au Venoge Festival et le 8 septembre au Chant du Gros.

Par Jade Albasini publié le 25 avril 2023 - 10:03