Les regards complices et les rires ne trompent pas, la reine d’Angleterre est heureuse. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu la souveraine de 92 ans afficher une mine aussi réjouie, rigolant franchement avec la jeune femme à ses côtés, toute aussi ravie de participer à l’inauguration d’un pont dans le Cheshire. Leur entente est si parfaite qu’on se dit que ce n’est plus Elisabeth II, reine d’Angleterre, et sa petite-fille par alliance qui inaugurent un bâtiment officiel, mais deux amies ravies de prendre du bon temps ensemble. On imaginait Meghan Markle en pleine lune de miel avec son prince, il faut l’admettre, c’est une lune partagée avec la reine. Meghan, c’est le nouvel élixir de jouvence de Sa Majesté, son concentré de soleil en sirop. Si, si, même son très distingué biographe*, Robert Lacey, joint par téléphone, semble étonné. «Je suis frappé par le langage corporel de notre souveraine qui, normalement, communique peu sur ses sentiments, ce n’est ni son style ni son rôle. Mais sur les images de leurs dernières apparitions publiques, on peut voir à ses expressions combien elle est fan de Meghan et trouve la jeune femme formidable.»
L’homme qui parle n’est pas n’importe qui. Historien, grand spécialiste de la monarchie britannique, il est un des conseillers de la série The Crown diffusée sur Netflix. «Vous allez peut-être être surpris par ce que je vais vous dire, mais j’ai l’impression qu’Elisabeth voit en Meghan une amie, quelqu’un à qui parler, se confier, malgré leur différence d’âge de 56 ans. Vous savez, c’est souvent une femme qui a un rôle d’écoute, de confidente mais qui n’est pas payée en retour. Sa relation avec Camilla n’est pas extraordinaire et celle avec Kate plus formelle.»
Ce qui pourrait expliquer dès lors certains privilèges. Comme de participer, un mois seulement après son mariage, à un engagement officiel avec la reine. Alors que Kate Middleton a attendu près d’un an pour bénéficier de cet honneur. Ainsi, le 14 juin dernier, Meghan a été conviée à prendre le train royal durant deux jours seule avec la reine pour inaugurer ce fameux pont du Cheshire. Ni William ni Harry n’avaient jamais mis les pieds dans ce palais roulant très privé long de sept à neuf voitures.
«Elle lui fait penser à Margaret»
La reine, on peut le supposer, avait envie de passer du temps avec Meghan, confie encore Robert Lacey. Cette complicité affichée témoignerait du fait que les deux femmes se sont déjà rencontrées à plusieurs reprises en privé. L’historien tient néanmoins à remettre l’église royale au milieu du village. «En toute objectivité, on peut dire que quelle que soit la femme choisie par Harry, elle aurait été bien accueillie par Sa Majesté. Mais, s’il est vrai que Meghan bénéfice de l’affection que la souveraine porte à son petit-fils préféré, elle aime aussi la joie de vivre, la vitalité de la jeune femme, ce sang neuf qu’elle apporte à la monarchie. Meghan lui rappelle Margaret, sa sœur cadette décédée qu’elle aimait beaucoup. Elles ont un franc-parler commun, une pointe de dissidence, dans les limites, of course, de ce qui est autorisé. Des traits de caractère que ne possède pas Kate Middleton, plus consensuelle, même si la reine apprécie énormément la façon dont l’épouse de William se prépare à son rôle de future épouse royale», ajoute son biographe.
L’amour des chiens
«They get along swimmingly», a écrit le magazine Harper’s Bazaar à propos de la relation qui unit la souveraine et la dernière arrivée chez les Windsor. Plutôt que traduire par «elles s’entendent à merveille», gardons la jolie métaphore aquatique et disons qu’elles «nagent dans le bonheur». Deux paramètres importants expliquent cette belle entente. Un sens de l’humour très développé chez les deux femmes, mais surtout un amour inconditionnel pour les chiens. Souvenez-vous de la première rencontre entre Meghan Markle et sa future «belle-grand-mère» au château de Balmoral. Harry a raconté combien il avait été surpris de voir que les fameux corgis royaux ont bougé la queue à l’arrivée de sa fiancée alors qu’ils aboient après lui depuis des années. Un des chiens se serait même couché au pied de la jeune femme à l’heure du thé. Rien d’insignifiant aux yeux de l’historien. «La reine accorde beaucoup d’attention au comportement de ses chiens. Elle se laisse guider par la réaction de ses corgis, notamment quand il s’agit d’évaluer le caractère des politiciens qui vont et viennent dans ses audiences. Ses premiers ministres passent également le «test corgis». Je ne crois pas que les chiens appréciaient beaucoup Diana qui n’était pas «a
doggy person.»
La reine si. La preuve en image, cette photo de Guy, le beagle de Meghan, trônant à ses côtés à l’arrière de sa voiture. Il semblerait qu’Elisabeth II a joué la «dog-sitter» pour Meghan deux jours avant le mariage. Le destin de Guy, abandonné dans une forêt du Kentucky et recueilli à Toronto par l’actrice de Suits, a certainement ému la souveraine. «Elisabeth a adopté Meghan et son chien quasiment en même temps», précise, avec un brin d’humour, le spécialiste de la couronne. Et pour Guy le beagle, quel destin! Passer de la cage du refuge d’un bled perdu au carrosse motorisé de la reine d’Angleterre!
Robert Lacey en est persuadé: Elisabeth II a à cœur d’éviter à Meghan tout faux pas dans ce difficile apprentissage de membre de la famille royale. Elle veut l’aider à jouer pleinement son rôle aux côtés de Harry, de William et de Kate qui ont le futur du royaume entre leurs mains. Signe manifeste de cette volonté, c’est Samantha Cohen, assistante personnelle de la reine, qui a été désignée mentor de la duchesse de Sussex pendant six mois. «Je crois que la reine attend impatiemment le premier bébé de Harry et Meghan, conclut l’historien. Avec ses origines royales et métissées, ce sera l’enfant de la transition, sa naissance marquera un pas important dans le renouveau de la monarchie britannique.» On n’a donc pas fini de voir Elisabeth II sourire sur les photos. Comment dit-on «arrière-grand-mère gâteau» en anglais?