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Maya Chollet: «Ma mère est décédée en montagne quand j’avais 8 ans»

La journaliste de la RTS Maya Chollet nous raconte sa fascination pour la montagne. Lorsque sa mère y est décédée, elle avait 8 ans. Pourtant, cela ne l'a pas empêchée de découvrir plus tard l'alpinisme et de créer un podcast, «Faces Nord», qui revient sur ses réussites mais aussi sur ses doutes et ses peurs.

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Maya Chollet

La journaliste de la RTS Maya Chollet entretient une vraie fascination pour la montagne. 

Laurent BLEUZE
Patrick Baumann

«Il y a cette photo où ma mère me porte sur ses épaules dans les Préalpes fribourgeoises. C’est toute mon enfance, mes parents étaient passionnés de montagne, ils nous emmenaient souvent mon frère et moi. Mon père m’a raconté que j’ai grimpé la Gemmi à 4 ans et demi parce qu’on m’avait promis une glace au sommet. Les photos comme celle-ci me servent de souvenirs, j’ai oublié tout ce qui m’est arrivé avant l’accident de ma mère. Elle est décédée quand j’avais 8 ans en chutant de 25 mètres d’une falaise. C’était une bonne grimpeuse, on ne sait pas exactement ce qui s’est passé, sans doute une erreur d’inattention. C’est un drame qui nous a éloignés de la montagne. Mon père devait gérer seul notre éducation, il avait d’autres priorités que de nous emmener là-haut et je pense qu’il y avait aussi une certaine peur liée à ce qui était arrivé.

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Cela ne l’a pas empêché de nous transmettre sa passion mais de façon différente. La montagne ne m’a jamais fait peur, au contraire, j’ai gardé depuis l’enfance une fascination pour elle. Quand j’ai commencé à faire de l’alpinisme, vers 27 ans – j’en ai 35 aujourd’hui –, j’ai souvent regretté de ne pas avoir commencé bien plus tôt. A 20 ans, j’étais une véritable machine de guerre, je faisais du triathlon en équipe nationale, je multipliais les trails, j’avais une sorte de rage. Finalement, c’était bien d’avoir attendu: en montagne, j’aurais eu un accident avec cet état d’esprit. C’est dans le cadre de mon travail de journaliste que le déclic est venu. Je devais faire le portrait d’une jeune guide pour la RTS, on est allées grimper ensemble et ce fut dans l’avant-dernière longueur comme une évidence. J’ai pensé: c’est ce que je veux faire. Bien sûr, le fait d’avoir perdu ma mère dans une chute a eu un impact.

Apprendre à tomber a été et reste toujours un peu difficile, alors que, pour bien grimper, il faut accepter de chuter pour progresser. Au début, cette peur m’énervait beaucoup, je me sentais plus nulle et faible que les autres. Depuis, j’ai appris à l’apprivoiser, l’accepter. Quand je vais en montagne, j’y vais pour moi. Mais bien sûr, quelque part, cela me rapproche de mes parents et de ce qu’ils y ont vécu. Ma fascination pour les histoires de montagne est à l’origine du podcast «Faces Nord». Je voulais que l’on arrive à faire vivre aux auditeurs ce que l’on ressent en gravissant ces parois: la difficulté, le froid, l’échec, le doute, l’entraide, la solidarité. Ce podcast, c’est un projet d’équipe, avec les guides et mes collègues. Cette aventure nous a unis bien au-delà du travail. Nous avons choisi de tout raconter, y compris quand ça «foirait», tous les moments très durs de cette aventure. Par exemple, deux jours avant d’attaquer la face nord du Cervin, j’apprends qu’un ami vient d’y perdre la vie. Qu’est-ce qu’on fait, on y va, on n’y va pas? Mais c’est pourtant en montagne que je me sens vivre. Comme nulle part ailleurs.» Propos recueillis par Patrick Baumann


Son actu:

«Faces Nord», un podcast inédit dans lequel Maya Chollet nous emmène sur les mythiques faces nord des Grandes Jorasses, du Cervin et de l’Eiger. Les huit épisodes de la saison 1 sont à écouter sur Play RTS et la plupart des plateformes d’écoute.

Par Patrick Baumann publié le 10 décembre 2022 - 10:35