Sa Majesté a-t-elle versé une larme en apprenant la naissance, et surtout le prénom, de son 11e arrière-petit-enfant, Lilibet «Lili» Diana Mountbatten-Windsor?
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Lilibet: le surnom donné à Elisabeth II par les siens quand elle était enfant et qu'il n'était pas question qu'elle monte sur le trône d'Angleterre. Une affectueuse et intime tradition perpétuée par son époux le prince Philip, qu’elle a enterré en avril dernier après 73 ans de mariage. Avec ce prénom, en tout cas, Harry et Meghan ont donné du grain à moudre aux commentateurs royaux.
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En plus de l’hommage à Lady Di, cette mère adorée et perdue quand Harry avait 12 ans, le pré- nom du bébé né ven- dredi dernier rend avant tout hommage à sa vénérable aïeule, celle qui règne sur le Royaume-Uni depuis près de 70 ans, un record. Et qui, avait insisté le couple en donnant son explosive interview à Oprah Winfrey en mars dernier, n’était en rien concernée par les accusations de racisme, de questionnements douteux sur la couleur de peau de sa future progéniture et d'indifférence déversées sur la famille royale et la Firme. Un sobriquet donné aux rouages commerciaux des Windsor et repris par Meghan dans l'interview.
Depuis ses fiançailles avec le prince Harry, l'Américaine de 39 ans a d'ailleurs fait savoir, directement ou par des sources proches, combien elle appréciait la souveraine. «La reine [...] s'est toujours montrée merveilleuse envers moi», avait-elle répété à Oprah Winfrey.
Cet hommage est doublement intéressant. D’une part, Harry et Meghan revendiquent totalement leur appartenance et celle de leurs deux enfants (ils n’en auront pas d’autres, avaient-ils dit) à la dynastie royale – on notera au passage que la mère de Meghan n’a pas eu droit à un clin d’œil –, ce malgré leurs propres velléités d’indépendance et la fureur doublée de la déception des Windsor déstabilisés par les accusations du couple. Et puis, en choisissant de donner au bébé le surnom intime de la reine, alors que ses cousines portent son prénom officiel – la fillette de William et Kate, la princesse de Cambridge, s’appelle Charlotte Elizabeth Diana, et les roturières petites-filles de la princesse Anne sont prénommées Isla Elizabeth et Lena Elizabeth –, Harry et Meghan se démarquent avec une maestria qui ne peut qu’être saluée. Eux peuvent, c’est le message sous-jacent, se permettre cette liberté, loin de la rigidité et des carcans officiels qu’ils ont dit ne plus pouvoir et ne plus vouloir supporter. Mais la petite Américaine est bel et bien une Royal, jusqu’au bout de ses minuscules ongles. Et ses parents ne laisseront personne l’oublier.