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Honneurs

Lia Wälti, la footballeuse suisse de l’année

Capitaine de l’équipe de Suisse féminine et du club anglais d’Arsenal, la Bernoise au célèbre numéro 13 a été honorée lors de la Swiss Football Night, pour la deuxième fois en trois ans. Portrait.

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Lia Wälti, élue footballeuse de l'année lors de la Swiss Football Night

La joueuse bernoise réside à St Albans, au nord de Londres, non loin des installations du club d’Arsenal qu’elle a rejoint à l’été 2018.

Christoph Köstlin

Elle joue indifféremment des deux pieds, voit le jeu avant les autres, dirige. Avec ce numéro 13 dans le dos que personne ne lui a disputé et son brassard de capitaine, Lia Wälti, 30 ans, impose le respect dans le football féminin, qu’elle tient à distinguer du jeu masculin. Question d’attitude, de valeurs aussi.

«Lia est l’une des meilleures demies au monde», souligne Jonas Eidevall, son coach à Arsenal, actuel deuxième du championnat anglais (Women’s Super League). Une meneuse de jeu. Appliquée. Exigeante. Têtue. «Quand elle a une idée en tête, elle n’en démord pas», confiait début mars 2023 sa coéquipière (et alors compagne) l’Australienne Caitlin Foord dans la «Schweizer Illustrierte». Dans un monde du foot féminin en plein essor, où tout s’accélère, l’Emmentaloise brille par son calme, sa régularité, sa précision. Une vraie montre suisse.

«Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été une compétitrice», confie celle que l’Association suisse de football (ASF) et la Swiss Football League viennent de désigner pour la deuxième fois, après 2021, meilleure joueuse suisse de l’année civile écoulée.

Lia Wälti et Granit Xhaka distingués pour l’année 2023 lors de la Swiss Football Night

Lia Wälti et Granit Xhaka distingués pour l’année 2023, elle avec la Nati féminine et Arsenal, le club que lui a quitté pour rejoindre le Bayer Leverkusen.

Peter Klaunzer/Keystone

Née Lia Joëlle Wälti, la capitaine d’Arsenal et de la Nati a commencé le foot à 7 ans. A l’époque, elle jouait aussi au hockey. Son père, entraîneur des juniors au FC Langnau, la convaincra de lâcher le puck. Aujourd’hui milieu défensive, la Bernoise, passée par Köniz, YB Frauen, puis transférée à 20 ans à Turbine Potsdam en Allemagne avant de rejoindre Arsenal en juillet 2018, n’est pas une buteuse. Depuis dix ans, elle n’a marqué que huit fois en championnat. Une sorte de Marco Verratti au féminin, simagrées et protestations en moins.

Son talent lui rapporte peu, financièrement. Si l’on en croit le site web football.london, le salaire moyen des joueuses du rival Manchester City tourne autour de 87 000 euros par an. Sans l’apport de ses sponsors Adidas et Breitling, Lia Wälti nage donc dans ces eaux-là. Declan Rice, son pendant masculin à Arsenal, gagne quant à lui 290 000 euros... par semaine! En même temps, quand on aime...

Installée à St Albans, au nord de Londres, la Suissesse consacre son temps libre à peindre et à étudier le management et l’économie du sport. Elle rêve aussi d’écrire un livre pour enfants.

Lia Wälti a vécu de l’intérieur l’explosion de son sport. Elle qui a connu les stades vides se surpasse quand 57 000 supporters sont massés dans les tribunes de l’Emirates Stadium, comme le 10 décembre dernier pour le choc au sommet Arsenal-Chelsea, remporté 4-1. En Suisse, Lia Wälti fait des adeptes. Selon les données de l’ASF, on est passé de 22 234 footballeuses licenciées en 2014 à 41 179 cette saison. Et l’Euro 2025, qui se disputera dans notre pays, accentuera encore la tendance. La Nati vient d’ailleurs de recruter une coach réputée, la Suédoise Pia Sundhage, signe que l’ASF a conscience des enjeux.

Joueuse au fair-play reconnu, Lia Wälti est aussi de celles qui considèrent que le foot féminin est un acteur majeur d’inclusion, un miroir de la diversité. Ainsi, à la différence du foot masculin où le sujet reste tabou, personne ne songerait à s’offusquer de l’homosexualité de certaines joueuses. Pour autant, Lia Wälti ne dira jamais, comme l’Américaine Megan Rapinoe en 2019: «Tu ne peux pas gagner sans joueuses lesbiennes.» Moins frontale, la Bernoise, en vraie Suissesse, préfère relever que «dans le foot féminin, on accepte tout le monde».

Le 9 avril 2023, perturbée par la rupture avec sa coéquipière Caitlin Foord, qui partageait sa vie depuis l’été 2018, Lia Wälti indiquait sur les réseaux sociaux: «Pour des raisons personnelles, les dernières semaines et derniers mois ont été difficiles et épuisants psychologiquement. […] J'ai demandé à mon club et à l'équipe nationale de m’accorder une courte pause personnelle.» Son honnêteté sera saluée et dix jours lui suffiront pour se relancer! Lia Wälti jouera ensuite un rôle majeur dans la qualification de l’équipe de Suisse pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde. Une leader.

Par Blaise Calame publié le 6 février 2024 - 09:25