La récupération politique sévit aussi en écologie. Et c’est regrettable. Car les défis environnementaux, pour rester crédibles, devraient n’être arbitrés que par la science au lieu d’être exploités sous forme d’amalgames hâtifs et simplistes.
En août 1971, c’est la vallée de Joux qui avait été dévastée par une tornade à l’américaine. Or, il y a 52 ans, le taux de CO2 dans l’atmosphère n’était encore que de 325 ppm (partie par million ndlr), soit 13% de plus seulement que le taux naturel de 280 ppm, alors qu’aujourd’hui, avec presque 420 ppm, le surplus de gaz à effet de serre d’origine humaine atteint les 33%. La force de cette tornade vaudoise qui avait détruit des centaines de bâtiments et soulevé dans les airs voitures et caravanes entre Le Brassus et Romainmôtier était supérieure aux rafales descendantes qui ont frappé La Chaux-de-Fonds. Cette colonne de vent dépassant les 200 km/h n’avait heureusement touché que de petites localités. La malchance de lundi dernier, c’est que le phénomène a méticuleusement traversé toute la métropole horlogère de 40 000 habitants d’ouest en est.
>> A lire notre reportage: La Chaux-de-Fonds, citée dévastée et endeuillée qui panse ses plaies
Un autre épisode météorologique comparable avait ravagé le canton de Neuchâtel en juin 1926. A cette époque, le taux de CO2 dans l’atmosphère se situait à 298 ppm (6% de plus que le taux naturel). Mais la violence et l’étendue de cet ouragan qui avait dévasté surtout le haut mais aussi le bas du canton avait convaincu le jeune magazine «L’illustré» d’en faire sa couverture, avec une photo de ferme en ruine et le titre «Le cyclone de La Chauxde- Fonds». Un enfant était décédé. Un élan de solidarité national avait compensé l’absence, à l’époque, d’assurances contre les catastrophes naturelles.
Pas d’augmentation mesurable
Les épisodes de vents tempétueux ont toujours existé sur Terre. Mais sont-ils en augmentation en raison de la hausse de température moyenne de 1 à 1,5°C? En fait, les scientifiques, aussi bien en Suisse qu’à l’échelle mondiale, n’ont pas constaté une telle corrélation quantitative. Les effets du réchauffement sont plutôt qualitatifs (précipitations et sécheresses plus intenses notamment).