Chacun peut connaître des moments de découragement. Même les plus jeunes. Ceux que l’on croyait issus d’une génération bénie, celle d’un siècle de confort et d’accès à toute la connaissance grâce au numérique, se voient confrontés à une pandémie, à une guerre sur le continent européen et maintenant à une crise énergétique sur fond de dérèglement climatique, tout ça en deux ans! Serait-ce alors nous, qui leur avons livré en héritage un tel fatras, la génération perdue?
Il n’existe pas de population complètement homogène, mais seulement des réalités individuelles. Et il y a mille exemples de conquérants du quotidien capables de dépasser les plus grandes difficultés pour tracer leur route singulière. C’est ma théorie personnelle: les gens sont plutôt davantage prêts à se comporter en héros plutôt qu’autre chose quand les événements tournent mal ou qu’il faut simplement faire face à l’adversité. Souvent, cela passe par la reconnaissance et l’acceptation de ses propres limites.
C’est le cas d’Yves Auberson, atteint de la maladie de Parkinson, qui raconte dans un documentaire son quotidien d’homme enchaîné dans son corps mais libre dans sa tête. Ou de Benoît Carcenat, magicien des fourneaux et désormais chef de l’année selon GaultMillau, qui, après un début de carrière rugueux dans les plus grandes cuisines, se voit désormais comme «la lanterne qui éclaire le chemin» pour son équipe.
«Il y a pire dans la vie. J’aurais pu être un homme politique», lance dans nos pages le talentueux artiste multifacette Elie Semoun, confronté aux affres de la notoriété. Simonetta Sommaruga vient de lui répondre de la plus belle des manières en annonçant sa démission du Conseil fédéral afin d’être aux côtés de son mari, frappé par un AVC. Signe que, même aux plus hautes fonctions, certains sont capables d’adopter ces gestes simples qui nous démarquent.