On les appelle pernettes ou bêtes à bon Dieu: les coccinelles (de la famille des coccinellidés) sont de petites créatures qui ne laissent personne indifférent. Issues d’une famille d’insectes comprenant près de 4500 espèces, elles sont présentes partout dans le monde, à l’exception des régions polaires ou des zones de très haute altitude. On recense environ 60 espèces différentes en Suisse. La coccinelle à sept points est la plus appréciée, car le chiffre sept revêt une connotation mystique et est réputé porter chance. On a même retrouvé en Dordogne un pendentif porte-bonheur en forme de petite coccinelle sculpté il y a 20'000 ans dans de l’ivoire de mammouth. Le surnom bête à bon Dieu remonte quant à lui à une légende moyenâgeuse. Un innocent condamné à mort aurait échappé à la décapitation grâce à une coccinelle venue se poser sur son cou, comme un signe divin.
Une faim de loup
Les coccinelles sont également appréciées pour leur amour envers les pucerons, incontournables de leurs repas quotidiens. Puisqu’elles ne dépassent pas l’âge de 2 ans et passent l’hiver à hiberner, elles croquent la vie à pleines dents. Leur appétit est impressionnant: une coccinelle adulte consomme jusqu’à 150 pucerons par jour, et jusqu’à 5'000 au cours de sa vie. Les larves, surnommées les lions des pucerons, sont, elles aussi, très voraces. Dans les deux mois qui précèdent leur nymphose, elles dévorent près de 800 parasites. Au cours d’une expérience, une larve a même eu raison de plus de 3'000 cochenilles. Les coccinelles à 16 et à 22 points se nourrissent en outre des champignons de l’oïdium et d’araignées rouges, tant redoutées des jardiniers.
Comme d’autres coléoptères, la coccinelle se distingue par ses élytres rigides qui se rejoignent au milieu du dos et protègent ses ailes inférieures filigranées. Sa taille varie, selon l’espèce, entre 5 et 10 millimètres de long. Beaucoup sont rouges avec des points noirs, mais d’autres arborent du jaune, du brun, de l’orange, du rose ou du noir (une cou- leur issue de la mélanine). Toutes les coccinelles sont des pilotes aguerries et parviennent à effectuer jusqu’à 90 battements d’ailes par seconde. Elles s’élancent dans les airs en quête de nourriture ou d’un lieu d’hibernation, se déplaçant alors parfois en masse. Leur couleur rouge sert d’avertissement à leurs potentiels prédateurs, comme pour crier bien fort «je ne suis pas comestible». Cette stratégie de survie est appelée aposématisme. En cas de danger, les coléoptères sécrètent une substance jaunâtre et se font passer pour morts. Mais les oiseaux, lézards, araignées ou encore musaraignes ne se laissent pas toujours si facilement berner.
Un hôte indésirable
Grâce à leur appétit pour les pucerons, les coccinelles sont utilisées de manière ciblée pour lutter naturellement contre les nuisibles. C’est le cas de la coccinelle asiatique (Harmonia axyridis), dite arlequin, qui mange au moins cinq fois plus que les autres et qui a été massivement utilisée dans les années 1980. Il n’a fallu à cette espèce que peu de temps pour s’échapper et arriver en Europe. Elle est désormais plus présente que les espèces indigènes en de nombreux endroits, supplantant même parfois celles-ci. Des entreprises spécialisées livrent d’ailleurs des coléoptères adultes et des œufs indigènes à élever et à faire proliférer dans votre jardin – un plaisir pour les enfants, et un petit coup de pouce à la protection des espèces.
>> Apprenez à construire un abri à coccinelles en vous procurant le premier numéro de CôtéNature au prix de 5 francs en kiosque.
>> CôtéNature, c'est des conseils pour faire fleurir votre jardin, mais aussi des portraits d'artisans de nos régions, des suggestions de balades, des recettes faciles à réaliser, des idées de bricolages, de décorations et de tricots, et bien plus encore. Le magazine est disponible en kiosque ou sur notre boutique en ligne au prix de 5.-.