Une petite famille comme dans les livres d’images, avec le papa, la maman et une grappe d’enfants aux joues roses avides de grandir. En cette époque troublée, ce modèle éternel toussote. Le monde fait moyennement envie: le climat brûle, Poutine arme ses chars, le prix des courses désespère. Un magma de fléaux plus ou moins terrifiants fait hésiter les candidats à se lancer gaiement dans la parentalité, à l’entame aussi avenante que les premiers raidillons glacés de la Streif de Kitzbühel.
Les baby-boudeurs chassent les baby-boomers: en 2022, le taux de natalité en Suisse est tombé à son plus bas niveau depuis vingt ans, soit 1,39 enfant par femme. Des pays occidentaux à la Russie, c’est partout le même refrain. Pour la première fois depuis les années 1960, même la Chine constate une diminution de sa population. Quant au roi Emmanuel Macron, il vient d’inventer pour ses sujets le concept de «réarmement démographique» et sort de sa poche en soie un congé parental pour encourager à procréer.
Et puis il y a la catégorie dite des Rébecca Balestra, dont nous vous proposons l’interview vivifiante. De son propre aveu, l’humoriste et comédienne romande aux chroniques radio drôles-acides n’a pas pensé une seconde aux rapports du GIEC. Pourtant anxieuse de nature, elle vient d’inscrire dans l’aventure humaine deux petites filles, dont la dernière est née à vitesse grand V la veille de Noël. Le pari n’est pas plus compliqué que cela: elle a déniché le mari qu’il fallait, elle dispose de bonnes conditions pour fonder une famille, ils foncent. Alors elle raconte l’accouchement paroxystique, le quotidien explosé où elle apprend ses textes en berçant ses bébés et les soudaines accalmies de bonheur dans une «nuit blanche infinie emplie de vomis et de cacas», car elle parle aussi ainsi.
«Un enfant amène son pain», disait ma grand-mère. De tout temps, il a fallu une belle dose d’inconscience pour se lancer dans la conception d’un bambin, tant sont nombreuses les bonnes raisons de ne pas en faire. Et puis il y a ce grand vent venu du fond des âges qui balaie les incertitudes. Puisse-t-il souffler encore un peu dans les années qui viennent et ne pas se changer en brise légère, légère.
Au menu de «L'illustré-TV8» disponible dès ce mercredi 24 janvier en kiosque:
- En couverture: Yann Sommer, confessions du gardien de la Nati
- Interview: Rébecca Balestra, l’humour d’une maman comblée
- Economie: «Le taux d’inflation n’est pas un chiffre représentatif»
- Love story: Le marathonien genevois Julien Wanders a épousé son amie au Kenya
- Danse: Cooper & Voldo, un duo primé qui a le hip-hop dans la peau
- Architecture: Mario Botta a 80 ans: «Je mourrai en travaillant!»
- Dans le rétro: La photographe Monique Jacot avait immortalisé les habitants de La Brévine en 1981. On les a retrouvés.