1. La souris informatique
Développée dans le laboratoire de Jean-Daniel Nicoud à l’EPFL, la souris suisse (en concurrence avec un modèle de Stanford) s’est imposée grâce au fait que son design ergonomique a été intégré dès le départ. Cette invention a mené à la création de Logitech, qui compte aujourd’hui 9000 employés de par le monde.
2. Scala
En 2001, Martin Odersky développe le langage de programmation Scala à l’EPFL. Aujourd’hui, Scala est l’un des langages de programmation les plus populaires du monde et est utilisé notamment par Apple, Twitter, Airbnb et Zalando.
3. MOOC
L’EPFL est la première université à avoir introduit les MOOC (massive open online classes) pour étudiants, ce qui a permis à plus de 2 millions d’étudiants de plus de 180 pays de suivre son catalogue de cours en ligne.
4. EPFL extension School
Décrocher un titre académique de l’EPFL sans études préalables, c’est possible avec l’EPFL Extension School, qui propose au grand public, et pas seulement aux étudiants, un programme de formation continue en ligne. L’EPFL est ainsi la première en Suisse à décerner des diplômes COS (certificate of open studies), une formation de pointe ouverte à tous, y compris aux personnes sans diplôme préalable.
5. Smaky
Un des premiers ordinateurs personnels a été développé dès 1974 à l’EPFL. Il était vendu avec son propre système d’exploitation, ainsi que les premières souris.
6. JPEG XS
Dirigé par le professeur de l’EPFL Touradj Ebrahimi, le groupe international d’experts en compression d’image (JPEG) a finalisé en 2018 le JPEG XS, un nouveau standard de compression des images qui vise les applications telles que la réalité virtuelle, la réalité augmentée, l’imagerie spatiale, les voitures autonomes et l’édition de films par des professionnels.
7. Cellules de Grätzel
En 1988, Michael Grätzel co-invente et développe une cellule solaire à bas coût à l’EPFL. Les cellules dites de Grätzel devraient contribuer de manière significative à la production d’électricité renouvelable à l’avenir. Elles sont inspirées du processus de photosynthèse à l’œuvre dans les feuilles des plantes. Leur principe se décline désormais dans les cellules en pérovskite, un domaine en plein essor dans lequel l’EPFL est à la pointe.
8. Time Machine
La «machine à remonter le temps» de l’EPFL, qui vise à exploiter le vaste héritage culturel du continent grâce au big data, vient d’être sélectionnée en tant que finaliste du programme FET (technologies futures et émergentes), qui doit permettre à l’un des projets de décrocher un financement de 1,1 milliard de francs sur dix ans à partir de 2020 (à l’exemple du Human Brain Project en 2013).
9. Solar Impulse
L’EPFL a collaboré à la réalisation de l’avion solaire Solar Impulse, qui a réussi en 2016 le premier tour du monde à l’énergie solaire.
10. Le satellite nettoyeur CleanSpace One
Développé à l’EPFL, le projet CleanSpace One a pour but de nettoyer les débris de l’espace et les satellites hors d’usage.
11. SwissCube
Premier satellite suisse de l’histoire, le nanosatellite SwissCube a été conçu par 200 étudiants de l’EPFL et lancé dans l’espace en 2009. Sa mission: observer des phénomènes de luminescence nocturne. Le projet CleanSpace One de l’EPFL a pour but de le désorbiter à court terme.
12. Solar Decathlon
En 2017, l’équipe suisse, composée en partie d’étudiants de l’EPFL, a reçu la plus haute distinction au prestigieux concours Solar Decathlon aux Etats-Unis. Ce concours propose de concevoir un bâtiment énergétiquement efficace, alimenté par des énergies renouvelables.
13. Swissmetro
En 1992, l’EPFL lance un projet futuriste de transport à l’échelle nationale basé sur des trains circulant à haute vitesse dans un tunnel sous vide. Cette idée, qui n’a jamais vu le jour par manque de soutien, prévoyait de réduire le trajet entre Berne et Zurich à douze minutes.
14. Alinghi
En 2003 et 2007, des scientifiques de l’EPFL construisirent les bateaux de course Alinghi pour la Société nautique de Genève, financée par Ernesto Bertarelli. C’est la première fois qu’un pays sans accès à la mer remporte la Coupe de l’America, une course internationale de voile organisée depuis 1851.
15. Hydroptère
Développé à l’EPFL, le catamaran expérimental Hydroptère utilise des hydrofoils, qui génèrent suffisamment de portance pour soulever le bateau: il vole à la surface de l’eau. Les vitesses atteintes par l’Hydroptère dépassent largement celles obtenues avec des voiliers standards.
16. EPFLoop
L’idée des trains circulant sous vide revient avec le concours Hyperloop Pod Competition, organisé chaque année en Californie par l’entrepreneur Elon Musk depuis 2015. Objectif: tester la faisabilité des trains sous vide. Un groupe d’étudiants de l’EPFL a remporté la troisième place lors de sa première participation au concours en 2018, et est de nouveau sélectionné pour l’édition 2019.
17. Sophia Genetics
Egalement issu de l’EPFL, le spin-off Sophia Genetics utilise la médecine basée sur les données. Il a levé 140 millions de dollars depuis sa création, et sa plateforme permet à plus de 850 hôpitaux dans 77 pays de mieux diagnostiquer et traiter leurs patients à l’aide d’analyses génomiques et de l’intelligence artificielle.
18. Cybersecurity
En 1991, le mathématicien néerlandais Arjen Lenstra de l’EPFL remporte le RSA Factoring Challenge plusieurs fois de suite. Il expose les faiblesses de notre cybersécurité et de notre vie privée sur le web et acquiert une réputation internationale.
19. Swissquote
La plateforme financière Swissquote a été lancée en 1996 par deux étudiants de l’EPFL. Aujourd’hui leader suisse des services bancaires en ligne, elle permet aux investisseurs d’avoir accès aux cours de tous les titres gratuitement et en temps réel, y compris des cryptomonnaies.
20. C4DT
L’EPFL a lancé en 2018 le Center for Digital Trust, qui exploite les synergies entre la cryptographie, la blockchain et les contrats intelligents. Le C4DT se positionne comme une référence dans le domaine de la confiance numérique.
21. Faculté des sciences de la vie
En 2005, l’EPFL anticipe l’impact des nouvelles technologies sur les domaines de la biologie et de la médecine en se lançant dans le domaine des sciences de la vie, avec la création d’une faculté dédiée.
22. Faire remarcher les paralysés
En 2018, les travaux de recherche du professeur Grégoire Courtine ont permis à trois patients paralysés de remarcher, grâce à des implants permettant une simulation électrique précise de la colonne vertébrale.
23. Clip-Air
Un avion modulaire pour un transport flexible: Clip-Air est un avion modulaire innovant imaginé à l’EPFL. Equipé d’unités de charge détachables, il permet d’ajuster au mieux la capacité de l’avion en fonction de la demande.
24. Human Brain Project
Ayant pour objectif de construire un cerveau virtuel afin de faire avancer la recherche, le Human Brain Project mené par l’EPFL a été sélectionné par la Commission européenne comme finaliste d’un projet de recherche d’une durée de dix ans.
25. Mindmaze
La réalité virtuelle pour traiter les AVC: la start-up de l’EPFL MindMaze développe depuis 2016 des plateformes de réalité virtuelle pour aider la récupération des victimes d’AVC. MindMaze est valorisée à plus de 1 milliard de dollars et a notamment attiré des investisseurs comme Leonardo DiCaprio.
26. Lunaphore
La technologie pour diagnostiquer les tumeurs: fondée en 2014, le spin-off de l’EPFL Lunaphore a développé un dispositif innovant de diagnostic des tissus, principalement pour l’analyse et la classification de tumeurs.
27. Le robot Delta
Inspiré par les besoins de l’industrie locale du chocolat, Reymond Clavel a développé le robot Delta à l’EPFL au début des années 1980. Ce robot peut déposer des pralinés dans leur emballage à haute vitesse sans les endommager. Le robot Delta a transformé l’industrie et a été vendu à grande échelle par ABB.
28. EPFL Innovation Park
Premier parc scientifique de Suisse, l’EPFL Innovation Park a célébré son 25e anniversaire l’an dernier. Il accueille aujourd’hui plus de 2200 employés, 26 grandes compagnies, 116 start-up et plus de 75 projets dans son incubateur.
29. Nextthink
Fondé en 2004, ce spin-off de l’EPFL est leader dans l’analyse automatique des parcs informatiques d’entreprise. Il a levé 85 millions de dollars en 2018.
30. Un appareil de radiologie pour le Tiers-Monde
Développé dans le cadre du programme EssentialTech de l’EPFL, GlobaldiagnostiX est un appareil à rayons X conçu pour résister aux environnements extrêmes des pays du Sud. Il se révèle aussi une solution beaucoup plus robuste et moins coûteuse pour les hôpitaux et centres médicaux du monde entier.
31. L’imagerie en 3D de cellules vivantes
Une technologie développée à l’EPFL dès 2010 permet d’observer l’intérieur des cellules vivantes. Le spin-off NanoLive s’est chargé de développer la version utilisateur de ce microscope révolutionnaire.
32. Thymio
Le robot qui apprend aux enfants à programmer. Désormais présent dans de nombreuses salles de classe, le robot Thymio a été conçu pour apporter aux élèves, de façon ludique et intuitive, les bases de la «pensée computationnelle».
33. Protection de la vie privée – Frederic Jacobs
En 2013, un étudiant talentueux de l’EPFL, Frederic Jacobs, a passé près de trois ans avec les créateurs de Signal, le système de messagerie utilisé officiellement par Edward Snowden. Il travaille maintenant chez Apple dans le domaine de la sécurité.
34. Les pieux géothermiques
Développées au Laboratoire de mécanique des sols (Dr Lyesse Laloui), des fondations intelligentes peuvent récupérer la chaleur du sous-sol en profondeur. Ce concept a été appliqué lors de la construction du SwissTech Convention Center.
35. Isospring
Un mouvement horloger sans échappement. Baptisé Isospring, un tout nouveau type de mouvement horloger pourrait révolutionner le monde des montres mécaniques. Dépourvu de mécanisme d’échappement (par conséquent sans tic-tac), il assure aux montres et horloges une autonomie bien plus importante.
36. Le SwissTech Convention Center
Inauguré en 2014, le SwissTech Convention Center figure parmi les centres de congrès les plus modernes et les mieux équipés du monde. L’une de ses façades est couverte de 300 m2 de capteurs solaires photovoltaïques transparents et colorés, exploitant le principe développé par le professeur de l’EPFL Michael Grätzel.
37. Rolex Learning Center
Bâtiment emblématique du campus inauguré en 2010, le Rolex Learning Center a été conçu par le bureau d’architecture japonais SANAA. Sur une surface de 20'000 m2, il offre des bibliothèques, des services, des espaces de travail et des restaurants et cafés. Extrêmement novateur, il a été conçu grâce à des piliers quasiment invisibles qui soutiennent le toit courbe, une structure qui a exigé des méthodes de construction inédites.
38. Artlab
Inauguré à l’automne 2016, le bâtiment est l’œuvre de l’architecte japonais Kengo Kuma. ArtLab présente des expositions qui rapprochent le monde de la science et celui des humanités. Il abrite également un Montreux Jazz Café, dans lequel il est possible de consulter les archives audiovisuelles du festival.
39. Flyability
Le spin-off de l’EPFL imagine depuis 2014 des drones sans danger pour le public et capables d’atteindre les zones les plus inaccessibles en milieu difficile, que ce soit après une catastrophe naturelle ou un incendie. L’entreprise compte aujourd’hui 75 employés.
40. Bâtiment ME
Inauguré en mai 2016, le bâtiment ME a été dessiné par l’architecte français Dominique Perrault, à qui on doit notamment la Bibliothèque nationale de France à Paris. Le bâtiment accueille des laboratoires de travaux pratiques interdisciplinaires pour les étudiants, des laboratoires de recherche de la faculté STI, une salle d’essai pour drones et un auditoire. Bardé de capteurs de lumière, de température et d’humidité, il est prévu pour une optimisation de la gestion énergétique. Il est également l’objet de travaux de recherche: des capteurs de déformation et des accéléromètres permettent d’observer en temps réel le déplacement et le comportement des usagers.
41. Festival BalÉlec
Le plus grand festival estudiantin d’Europe est organisé chaque printemps sur le campus de l’EPFL depuis 1981. Il accueille environ 15'000 festivaliers lors de chaque édition.
42. Tour du monde en ballon – Breitling Orbiter 3
Les chercheurs de l’EPFL ont contribué à la réalisation du premier ballon à avoir fait, en 1999, le tour du monde sans escale en 477 heures et 47 minutes pour 45 755 km, piloté par Bertrand Piccard et Brian Jones.
43. Claude Nicollier
Aujourd’hui professeur à l’EPFL, Claude Nicollier est devenu en 1992 le premier Suisse dans l’espace. Il a notamment participé à la maintenance du télescope spatial Hubble.
44. portes ouvertes
Pour ses anniversaires ou inaugurations de nouveaux bâtiments, l’institution organise des portes ouvertes. Ce 50e anniversaire n’y coupera pas. Le public est attendu le week-end des 14 et 15 septembre prochain. Occasion privilégiée de découvrir la grande école, cet événement sera gratuit, familial et ouvert à tous. Ces deux journées exploreront le thème du futur et mettront en valeur les actions phares en matière d’innovation, de recherche et d’éducation menées par l’ensemble des facultés, collèges, sites, services et centres de l’EPFL. Les visiteurs de tout âge pourront prendre part à des ateliers, à des visites ou à des jeux. Plus de 30'000 personnes sont attendues sur le grand campus d’Ecublens.
45. CROCUS – un réacteur à fission sur le campus
Ce réacteur nucléaire expérimental est dit de puissance nulle, car la puissance maximale autorisée est limitée à 100 W. Il est destiné à l’enseignement et à la recherche en physique des réacteurs et en détection des rayonnements ionisants. Il est géré par le Laboratoire de physique des réacteurs et de comportement des systèmes de l’EPFL.
Cinq dates clés
46. 1853
Et pour terminer, 5 dates de l’histoire, longue de 166 ans, de cette institution qui n’allait devenir l’EPFL qu’en 1969. 1853: ils étaient 11, les premiers élèves de l’Ecole spéciale de Lausanne, le 7 novembre 1853. Cette école avait été créée par des entrepreneurs, sur le modèle de l’Ecole centrale de Paris. Elle sera intégrée plus tard à l’Université de Lausanne.
47. 1855
La consœur et parfois rivale de l’EPFL, l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), ouvre ses auditoires en 1855. C’est la Confédération qui finance ce qui s’appelle alors l’Institut polytechnique. Ce n’est qu’en 1911 que le Poly adopte son nom définitif: l’Eidgenössische technische Hochschule, l’Ecole polytechnique fédérale. Et en 1969, date de la fédéralisation de son double romand, elle devra ajouter «de Zurich».
48. 1946
En intégrant la section d’architecture en 1946, l’institution adopte alors le nom d’Ecole polytechnique de l’Université de Lausanne, la fameuse EPUL, qui formera des milliers d’ingénieurs venus de toute la Suisse romande et d’ailleurs.
49. 1969
L’EPUL devient une école fédérale et donc l’EPFL en janvier de cette année-là. Elle compte alors 1200 étudiants. Aujourd’hui, ils sont plus de 11'000 provenant de 116 pays.
50. 1978
L’EPFL étouffait en ville de Lausanne. L’inauguration des premières salles de cours sur le nouveau site d’Ecublens change complètement le statut de cette école, qui peut alors partir à la conquête des plus hautes places dans les classements mondiaux des hautes écoles.
«L’EPFL est devenue un 'Institute of technology' à l’américaine»
Entretien avec Martin Vetterli, président de l’EPFL.
- Quels sont les changements fondamentaux entre l’EPFL de 1969 et l’EPFL de 2019?
- Martin Vetterli: C’est d’abord l’envergure; 1400 étudiants et 55 professeurs en 1969, 11'000 étudiants et 350 professeurs aujourd’hui. Mais c’est aussi l’envergure de couverture scientifique et technologique actuelle qui est bien plus grande qu’il y a cinquante ans. L’EPUL était une école d’ingénierie classique, de génie civil, d’électricité. L’EPFL est devenue un institute of technology à l’américaine, qui couvre des domaines beaucoup plus larges, depuis la recherche fondamentale jusqu’aux sciences appliquées, dans les sciences naturelles, les sciences de l’ingénieur et les sciences de la vie. Autre changement très important: l’impact des sciences et des technologies sur la société est beaucoup plus rapide aujourd’hui et nous devons en tenir compte.
- Les points forts de l’EPFL de 2019?
- Nous sommes visibles et actifs au niveau mondial. Nous sommes un campus international, multiculturel. Et il y a des domaines d’excellence, même si c’est délicat d’en citer certains plutôt que d’autres en tant que président. Il y a par exemple la science des matériaux, qui était déjà une grande force à l’époque. Il y a aussi les nouvelles sciences de l’information. Il y a encore de nouvelles sciences qui ont des racines dans les domaines classiques de l’ingénierie, dans la mécanique notamment, et qui nous permettent d’exceller dans les drones et la robotique. Il y a encore les neurosciences et les neurotechnologies. Et c’est l’interdisciplinarité: nous avons réussi à faire travailler ensemble des gens d’horizons scientifiques différents.
- Et les 50 prochaines années de l’EPFL, peut-on s’en faire une idée?
- Je suis en train de lire un livre de 1968 dans lequel des experts imaginent le monde en 2018. C’est fascinant, car c’est en partie de la science-fiction involontaire. Plusieurs visions de ces experts sont complètement hors sujet: ils espéraient qu’en 2018 il serait possible de contrôler la météo, et même la gravité. Je me contenterai donc de répondre en citant trois défis majeurs et sensibles à relever: la durabilité sur cette planète, la digitalisation (ce qu’on appelle parfois l’intelligence artificielle) et l’ingénierie génétique (genome editing). Nous devrons garder le nez au vent et faire preuve d’une grande déontologie.