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Léonard Gianadda: «Un miracle et un beau cadeau de la vie»

Soixante-six ans après avoir photographié une inconnue dans un défilé de mode à Moscou, Léonard Gianadda la retrouve et la rencontre. Séquence émotion. Forte.

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Léonard Gianadda et une mannequin qu'il a immortalisée il y a soixante ans

«L’inconnue de Moscou» figurant sur la photo tirée par Léonard Gianadda en août 1957 était un mannequin anonyme jusqu’à ce que son fils y voie sa maman lors d’une visite à la fondation, le 2 janvier dernier. 

Philippe Labeguerie

Dans la voiture qui nous ramène du cap Ferret à Bordeaux, Léonard Gianadda est encore sous le charme de l’incroyable moment qu’il vient de vivre et décompte en boucle. «Soixante-six ans! Vous vous rendez compte? Soixante-six ans presque jour pour jour», répète inlassablement le galeriste de Martigny, au centre d’une histoire aux relents quasi féeriques.

Août 1957: le jeune (21 ans) et talentueux photographe qu’il est alors est dépêché à Moscou par... «L’illustré» pour couvrir le 6e Festival mondial de la jeunesse et des étudiants. Au cours de ses pérégrinations, il immortalise un défilé de mode d’une toute nouvelle tendance: le prêt-à-porter. Une collection présentée par cinq mannequins parisiens. Au moment d’éditer ses clichés, le Valaisan sélectionne une image montrant le contraste entre l’un des modèles, à l’allure très décontractée, et le public russe, visiblement interloqué et perplexe. «C’est cette opposition de deux mondes que je voulais souligner. Anonyme, le mannequin n’était qu’un prétexte», commente l’Octodurien, qui a fêté ses 88 ans le 23 août.

Une photo parmi d’autres exposée aujourd’hui encore dans les jardins de la Fondation Gianadda, à Martigny. C’est là que, le 2 janvier dernier, Robert, le fils de «l’inconnue de Moscou», qui visite l’exposition Henri Cartier-Bresson, reconnaît sa mère. «Elle nous a raconté tellement de fois son rocambolesque voyage en bateau et en train que je n’ai eu aucun doute», confie-t-il. Une mère aujourd’hui âgée de 93 ans, toujours aussi pétillante et vivant entre New York et le bassin d’Arcachon.

Léonard Gianadda n’en croit pas ses yeux et ses oreilles. Soixante-six ans après, il peut mettre un nom sur la jolie jeune femme de son cliché: Claude Roussens. Mieux, après quelques coups de fil de part et d’autre de l’Atlantique, l’ex-photographe et son modèle ont fini par se rencontrer, le 8 août dernier, au cap Ferret. Un intense moment d’émotion et de souvenirs partagés. «Un miracle et un beau cadeau de la vie» pour les deux protagonistes de cette belle et incroyable histoire...

Par Christian Rappaz publié le 5 septembre 2023 - 10:06