Leïla Dorsaz: «Ne comprenez pas la poésie, percevez-­la»

«Avec la poésie, on peut capter un instant précis, comme avec une photo.» Leïla Dorsaz, 24 ans, immortalise son monde dans des poèmes depuis une dizaine d’années. «Si je vois un geste que je trouve beau, je l’écris en trois vers. Je pourrai le relire dans vingt ans et revoir ce même geste. C’est comme une captation de la beauté.»

Son rapport à la poésie est celui de la fulgurance, son style celui du décalage «qui désarticule le langage». Et quand ses lecteurs disent ne pas comprendre, la poétesse répond: «Ne comprenez pas, percevez. La poésie est quelque chose qui émeut, qui permet d’entrer en osmose avec le monde. C’est pour ça que j’écris en extérieur.»

En Valais, entre les vignes et les châtaigniers, se trouve la maison familiale où la jeune poétesse a grandi avec ses quatre frères et sœurs. La poésie est arrivée dans son quotidien par l’intermédiaire d’une enseignante de français. Leïla Dorsaz a alors 14 ans et remplit son devoir d’écrire un sonnet: «Au lieu d’en écrire un, j’en ai écrit cinq. J’ai vraiment découvert une manière de dire le monde.» Depuis, elle a gagné cinq fois le premier prix des jeunes de la Société des écrivains valaisans (SEV) et rédigé plusieurs recueils.

Aujourd’hui, Leïla Dorsaz est elle-même membre de la SEV et représente la section Jeunes qu’elle a fondée pour les écrivains entre 16 et 30 ans. Elle fait également partie du jury du prix qu’elle a gagné par le passé. «Je trouve génial de pouvoir encourager les jeunes. Comme on a cru en moi, j’aimerais pouvoir redonner ça.» La poétesse évoque avec émotion l’encouragement reçu de Pierre-André Milhit, président de la SEV: «Avoir quelqu’un qui croit en soi quand on a tout juste 14 ans, c’est vraiment valorisant.»

Cette confiance, comme celle de sa famille avec un papa artiste à ses heures et une sœur qui écrit de la prose, porte Leïla Dorsaz dans son écriture. La jeune femme fait preuve de maturité et de recul dans sa pratique. Alors qu’elle prépare son premier recueil, elle avoue ne pas vouloir faire de la poésie son métier. «Je ne veux pas avoir une pression sur la rentabilité de ce que je fais. C’est encourageant de se dire qu’on peut se faire de l’argent, mais ce n’est pas une finalité», assure la poétesse qui se destine plutôt à l’enseignement.