Là où les mondes méditerranéens et alpins se rencontrent, la région Ascona-Locarno propose plus de 1400 km de sentiers pédestres entre palmiers et glaciers. Un chiffre caduque depuis peu puisque fin juillet, 61 nouveaux kilomètres de randonnée alpine sont venus compléter cette offre.
- Comment est né ce projet de nouvel itinéraire alpin?
- D’une première réalité: le tourisme représente, pour le développement économique du Tessin, un secteur clé. Et c’est encore plus vrai pour la haute Vallemaggia qui, comme de nombreuses hautes vallées alpines, est confrontée depuis de nombreuses années à un exode démographique et à une perte de ses substances vives. Le développement des activités touristiques, si l’on y associe étroitement les populations locales, est le moyen d’enrayer cette évolution. Dans le cas précis de la haute Vallemaggia, ce Trekking dei Laghetti Alpini vient compléter une haute route déjà existante sur la crête est de la vallée, entre Cardada et Fusio, qui peut se parcourir en six jours.
- Quelles sont les caractéristiques de cette boucle alpine?
- Ces 61 kilomètres de randonnée à une altitude maximale de 2698 mètres et un dénivelé total de 5020 mètres peuvent se parcourir en cinq jours et quatre nuits passées dans des refuges gardés ou des hôtels qu’il est impératif de réserver. On peut ainsi randonner léger avec un simple sac à viande et un pique-nique fourni par votre hôte d’un soir. Vous rencontrerez sur votre route quatorze lacs alpins naturels ou créés pour produire de l’hydroélectricité. On peut démarrer ce parcours depuis Fusio, au fond du Val Lavizzara, ou, pour les Romands arrivant par le Simplon, depuis Riale, à un peu plus d’une heure en bus depuis Domodossola.
- Ce parcours s’adresse-t-il à tout un chacun?
- Le trekking emprunte la plupart du temps des sentiers alpins qui ne présentent pas de difficultés techniques. On peut y emmener un enfant qui aime marcher dès ses 6 ans. Mais certaines étapes comme celle entre Fusio et la cabane Poncione di Braga sont relativement longues (6 h 30 de marche effective et 1680 m de dénivelé en montée) et l’altitude qui frise parfois les 3000 mètres doit également être prise en compte. Cela dit, pour un habitué des randonnées en montagne correctement équipé qui a bien planifié son trek (attention à la météo instable), il n’y a pas de problèmes.
- Qu’est-ce qui fait l’originalité de cet itinéraire?
- C’est sa flexibilité: on peut aisément le quitter à tout moment par des portes de sortie pratiques si l’on désire abréger son trek. On peut également, en empruntant le téléphérique de San Carlo, au fond du Val Bavona, jusqu’à Robièi, s’épargner une rude montée et se contenter de trois jours de marche avec la seconde nuit au refuge Cristallina suivie du retour à Robièi. C’est la portion la plus facile et peut-être la plus belle de ce Trekking dei Laghetti Alpini.
- Que pourra-t-on voir sur cet itinéraire que l’on ne verra pas sur les nombreuses hautes routes existant dans les Alpes?
- La densité de lacs. Quatorze en tout depuis le minuscule et secret Lago della Froda jusqu’à l’immense réservoir constitué par le Lago del Sambuco. Et puis vous pourrez admirer encore pendant quelques années le glacier de Basòdino, le plus haut mais le plus accessible du Tessin, que longe un itinéraire didactique. Autre originalité de cet itinéraire: son caractère transfrontalier puisque le chemin pénètre en Italie par l’Alta Val Formazza, un territoire de langue et de culture Walser, communauté qui s’y établit au début du XIIIe siècle.
- Et la faune?
- Avec un peu de chance, vous pourrez apercevoir entre Robièi et le refuge Maria Luisa d’importantes colonies de bouquetins et de marmottes. Sinon, les chamois sont fortement présents sur tout l’itinéraire.
- Quel est le meilleur moment de l’année pour parcourir cette haute route?
- L’itinéraire devrait être ouvert depuis début juillet jusqu’à fin octobre, mais tout dépend de l’enneigement.
- D’autres projets dans vos sacs-à-dos?
- L’extension de la haute route de la Vallemaggia devrait se poursuivre dans les années à venir avec un troisième tracé permettant, depuis le refuge Maria Luisa en Italie, de rejoindre Ponte Brolla et Locarno par l’arête ouest. En 2021, ce sentier d’altitude devrait permettre en une quinzaine de jours de faire le tour complet de la Vallemaggia.
>> Tous les renseignements sur le site www.vialtavallemaggia.ch (brochure PDF en français téléchargeable ici).
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Informations générales importantes
Certaines cabanes ouvrent leurs portes déjà en juin, quand les étapes qui les relient sont habituellement encore enneigées. Généralement, la meilleure saison pour ce trekking s’étend de juillet à septembre/octobre. Toutefois, même en plein été, il est conseillé de contacter au préalable les gardiens des cabanes pour s’informer de la praticabilité du parcours. La réservation des nuitées et des pique-niques pour le lendemain est obligatoire, pour éviter de mauvaises surprises et de se retrouver sans possibilité de logement.