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Lea Sprunger: «Le plus important c’est la volonté!»

Elle était la grande favorite et elle a gagné! A 28 ans, 
la Nyonnaise Lea Sprunger est devenue, vendredi 10 août à Berlin, championne d’Europe 
du 400 mètres haies. Interview.

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Lea Sprunger, tout en puissance, exulte après avoir franchi la ligne d’arrivée. Elle est championne d’Europe du 400 mètres haies dans le temps de 54’’52, un peu en deçà de sa meilleure performance de l‘année, 54’’33. FILIP SINGER

Elle a réalisé son rêve! Vendredi 10 août, la Nyonnaise Lea Sprunger, 28 ans, a remporté, dans le stade de Berlin, le titre de championne d’Europe du 400 mètres haies. Un titre qui la fuyait depuis (trop) longtemps, alors même qu’elle était considérée comme la meilleure spécialiste de la discipline.

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Lea Sprunger en avril dernier avec son coach, Laurent Meuwly, et ses copines, Samantha Dagry et Sarah Atcho (à dr.). Instagram

Née et élevée à Gingins, dans une famille très sportive, à commencer par sa sœur aînée, Ellen, multi-championne de l’athlétisme helvétique, Lea Sprunger, surnommée «la longue» à cause de ses 183 cm, a tâté d’abord de l’heptathlon avant de choisir le sprint, en l’occurrence le 400 mètres et le 400 mètres haies. Sportive professionnelle, elle travaille aussi, à 30 %, pour une société, Playmaker, spécialisée dans l’événementiel et le management sportif, et elle organise chaque année le Romandie Energie Run, une course populaire qui aura lieu à Nyon le 9 septembre prochain. Interview, dimanche soir 12 août.

Dans quel état d’esprit êtes-vous après votre titre?

Très positif! J’ai réussi à atteindre mon objectif, c’est beaucoup de soulagement et c’est aussi une jolie consécration. Mais je ne suis pas vraiment sur un nuage, ou alors je suis vite redescendue sur terre. J’essaie de profiter pleinement de chaque instant, de chaque émotion, de chaque sentiment. Le titre, c’était un objectif élevé et le fait d’avoir réussi, c’est un bonheur que je veux savourer au maximum.

Après vos déconvenues aux Jeux olympiques de Rio en 2016 et au Championnat d’Europe l’année dernière, après aussi votre élimination absurde au Championnat d’Europe en salle à Birmingham, en février dernier, pour avoir prétendument mordu sur le couloir voisin, vous n’aviez pas l’impression d’être maudite?

Non, pas maudite, mais plutôt malchanceuse. Mais je me suis rendu compte que ce genre de déceptions, ça fait partie des étapes d’une carrière, ça fait partie du jeu et on ne peut pas l’empêcher, il faut vivre et il faut faire avec. Malgré cela, j’ai toujours continué à y croire et à me battre. Je me suis aperçue aussi que le plus important, c’est la volonté et la ténacité.

Votre entraîneur, Laurent Meuwly, m’a dit que vous étiez calme avant la course.

Oui, j’étais très calme, j’avais confiance dans mes jambes et dans tout le travail que j’avais fait avec lui durant toute la saison. Je savais que j’étais en forme et que je pouvais gagner. Je n’avais pas d’inquiétudes dans la tête et c’est peut-être le plus important. J’avais l’esprit complètement tranquille. Le mental joue un rôle spécial avant une course, je dirais que c’est un peu comme le douzième homme dans une équipe de football! (Rire.)

Vous avez une coach mentale, Mélanie Hindi; c’est important?

Je travaille avec elle depuis deux ans, on fait des exercices de visualisation, des exercices de focalisation sur mes forces, mes qualités, ma manière d’anticiper une course. Je m’étais crispée dans les 100 derniers mètres l’année dernière, aux Championnats d’Europe en salle, lors du 400 mètres, et j’avais terminé cinquième. C’est aussi ce genre d’élément que j’ai travaillé avec elle. Mais quand j’avais perdu cette course, je travaillais déjà avec elle. De toute façon, je n’y ai pas repensé avant ma course victorieuse à Berlin.

Vous revoyez votre course victorieuse? C’était la course parfaite?

Je l’ai revue deux fois, mais sans la regarder vraiment, et j’y repense de temps en temps, un peu malgré moi. En fait, il s’est passé tellement de choses depuis mon titre, pendant tout le week-end, que je n’ai pas eu le temps d’analyser ma course. Pour l’instant, il faut que je prenne le temps de me calmer et je reverrai tout cela plus tard, tranquillement.

Qu’avez-vous fait depuis votre titre?

Le soir, on a fait la fête avec ma famille, avec des amis, des proches. On a fini tard, donc je n’ai pas eu beaucoup d’heures de sommeil! Le lendemain, samedi, j’ai eu des rendez-vous non-stop avec des fans, des sponsors, des médias.

Vous avez bu une flûte de champagne, au moins?

Oui, un titre de championne d’Europe, il doit quand même être fêté! J’ai bu une flûte de champagne et puis ensuite, peut-être autre chose, mais je ne vous dirai pas quoi… (Rire.)

Quand vous avez fait le discours du 1er Août, à Nyon, il y a quelques jours, vous avez dit que vous n’aimiez pas cette idée de «petit Suisse» qu’on entend souvent. Ce titre de championne d’Europe, c’est aussi une victoire qui montre que la Suisse est grande?

Oui, je suis Suissesse et je montre que la Suisse est un pays où l’on peut faire de grandes choses. Je suis la première Suissesse à être championne d’Europe en athlétisme et ça montre aussi l’ampleur de ce résultat. Je ressens beaucoup de fierté pour moi et pour mon pays, c’est une consécration pour des années de travail, d’entraînement, d’efforts, de volonté. C’est beaucoup de choses en même temps: une récompense, un cadeau, un bonheur!

Votre sœur Ellen, qui était aussi athlète et a quatre ans de plus que vous, vous a encouragée?

Oui, elle était dans le stade, dans les gradins. On a beaucoup parlé avant la course, on a échangé des conseils, des idées. On est très proches, on parlait ensemble en toute complicité, comme on parle entre sœurs.

Vous dites que la famille est très importante pour vous.

Oui, c’est une force immense, c’est la pièce maîtresse de ma vie comme je le dis sur mon site. C’est un plus de pouvoir compter sur sa famille et d’avoir tous les siens pour des moments super importants comme ce Championnat d’Europe. Mes parents, mes deux sœurs, mon frère étaient à Berlin et j’étais très contente qu’ils me suivent. Ça m’a donné de la confiance et de la force!

Après ce titre, vous pensez aux vacances?

Non, pas du tout! J’ai atteint mon objectif le plus important, mais la saison n’est pas terminée. J’ai un meeting samedi prochain à Birmingham et je me réjouis de courir. La saison dure jusqu’au 12 septembre et après, j’ai planifié des vacances. J’irai trois semaines et demie en Nouvelle-Zélande. 

Par Habel Robert publié le 15 août 2018 - 08:10, modifié 18 janvier 2021 - 20:59