Lea Sprunger est dans les gradins du stade de Munich le 19 août quand Mujinga Kambundji, ouragan rouge vif, remporte la médaille d’or du 200 mètres. La Bernoise et la Vaudoise sont désormais les seules Suissesses championnes d’Europe d’athlétisme. Un accomplissement pour un pays en plein soleil depuis le départ de l’ambitieux projet érigé dans la perspective des Européens de Zurich, en 2014. L’heure de la moisson est arrivée: à côté de l’or et de l’argent de Mujinga, la Suisse ramène quatre médailles européennes: l’argent pour Simon Ehammer en décathlon et Ricky Petrucciani sur 400 m, le bronze pour Annik Kälin en heptathlon et Ditaji Kambundji, la sœur cadette, au 100 m haies. Lea, qui travaille aujourd’hui pour Athletissima, s’en réjouit comme personne.
- Qu’avez-vous ressenti au moment de l’or de Mujinga?
- Lea Sprunger: J’ai été hyper-contente pour elle, évidemment, depuis le temps qu’elle cherchait cette récompense. C’est la consécration de tant d’efforts et d’investissements. Mujinga, je l’ai rencontrée en 2011, quand le projet d’un relais suisse a été lancé. Nous avons grandi ensemble.
- Cette médaille est-elle le symbole du ciel azur de l’athlétisme suisse?
- Sûr que Mujinga a fait énormément, mais elle n’est pas seule. D’autres ont montré la voie, comme Kariem Hussein. Mujinga fait un bien fou à la délégation suisse, qui est très jeune. C’est une locomotive et une des dernières rescapées de la génération de Zurich 2014. Elle fait le lien. Mujinga a gagné de l’argent sur 100 m, de l’or sur 200 m.
- Quelles différences entre un titre et une médaille?
- Une médaille d’or ou d’argent, ce n’est pas du tout pareil! Etre deuxième ou troisième est admirable, mais quand quelqu’un est allé plus vite, on se dit au fond de soi qu’on en veut davantage. Mujinga l’a ressenti en gagnant, comme moi.
- Comment décririez-vous Mujinga?
- C’est une fille simple, qui aime profondément son sport et aller vite. Elle n’a pas besoin de beaucoup pour se sentir bien, je l’ai souvent remarqué. Elle a juste besoin de son espace, de sa petite bulle autour d’elle.
- En même temps, elle a souvent changé son staff…
- Elle s’est beaucoup remise en question. Elle a toujours été friande de découvertes, curieuse de voir ce qui se passait ailleurs. Encore aujourd’hui, c’est sa façon de travailler.
- Comme vous, elle a dû se relever après des déceptions…
- Je ne pense pas qu’on puisse comparer nos deux carrières. Si nous avons toutes deux connu de grands succès, nous n’avons pas pris les mêmes directions. Elle a beaucoup changé d’entraîneur, moi j’ai beaucoup changé de discipline (rires). Des moments durs l’ont fait grandir. Je pense au témoin qu’elle a laissé tomber pendant le relais de Zurich, en 2014. Les grands sportifs arrivent à en faire une force. Athletissima arrive.
- Que faut-il ne pas rater?
- Il ne faudra rien rater du tout! Surtout pas le 100 m féminin, avec trois Jamaïcaines et Mujinga au top de sa forme. Il y aura du beau monde partout, comme les deux champions olympiques en hauteur, ou Noah Lyles sur 200 m.
- Avec ces succès, comment sentez-vous le public romand?
- Il est familial, il vient pour vivre une belle ambiance et soutenir les athlètes suisses. Et comme il y en aura beaucoup…
>> Athletissima a lieu le 26 août à Lausanne. Un City Event gratuit est organisé le 25 août à Ouchy, avec le saut à la perche hommes.