Le Village de l'année: Werdenberg ou Morat?

«Il règne ici une certaine décontraction»

«Pour moi, Morat a tout ce qu’il faut pour embellir la vie», se réjouit Philippe Furrer, 39 ans. L’ancien hockeyeur professionnel bernois se tient tout en haut du seul mur d’enceinte praticable de Suisse et qui entoure la vieille ville de Morat. Le regard embrasse les vénérables demeures, les ruelles pittoresques et les arcades, sans oublier le lac de Morat voisin. Sur un écriteau, au pied de la muraille, on peut lire «Aufstieg auf die Ringmauer» et «Escaliers des remparts». Car la petite ville des Zähringen, fondée il y a plus de 800 ans dans le canton de Fribourg, est bilingue. A la Coop, les employés sont majoritairement germanophones. Mais à la Migros, ce sont surtout des Romands qui travaillent.

Philippe Furrer vit ici avec sa femme et ses trois enfants depuis six ans. Ce Bernois d’origine travaille dans une société immobilière locale dont il est le directeur opérationnel depuis le 1er juillet. Le défenseur de hockey sur glace a remporté trois titres de champion suisse avec le SC Berne et décroché l’argent aux Championnats du monde avec l’équipe nationale en 2013, avant de jouer au HC Lugano. En 2022, il a remisé les patins alors qu’il était passé à Fribourg-Gottéron. Et en mai dernier, il était consultant pour la télévision alémanique lors des derniers Championnats du monde en République tchèque.

Il se passe toujours quelque chose 
«A Morat, tout fonctionne bien, les habitants sont presque tous heureux», témoigne Philippe Furrer. Comment expliquer cette harmonie? «Il règne ici une certaine décontraction, mais les affaires marchent aussi à un bon rythme. Et il y a beaucoup de jeunes qui organisent des choses et donnent des coups de main. Il se passe toujours quelque chose et nous entretenons les traditions.» Citons par exemple le Festival des lumières en janvier et la Solennité, tous les 22 juin, une fête scolaire qui célèbre la bataille de Morat de 1476.

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Cette année, le premier week-end de juillet sera également très animé: le festival de musique Stars of Sounds accueillera au bord du lac Scorpions, Take That et Paul Kalkbrenner. En hiver, les habitants de la région se retrouvent à Morat on Ice et le Circuit Secret permet de découvrir les trésors cachés de la cité. En été, après le travail, Philippe Furrer aime naviguer sur le lac de Morat avec son vieux bateau à moteur, en famille ou entre amis, la plupart du temps pour une baignade dans des eaux à une température idéale. «Qu’y a-t-il de plus beau que la vue sur le Jura, au coucher du soleil, un bon verre de blanc du Mont-Vully à la main?» 

Plongée en plein Moyen Age

Werdenberg, canton de Saint-Gall, 60 habitants seulement. Mais cette localité est un lieu d’excursion très fréquenté grâce à son charme historique irrésistible. «Et nous avons d’autres atouts», précise This Isler, guide attitré.

En se promenant dans Werdenberg (SG), le guide This Isler interpelle son groupe de visiteurs: «On a l’impression de traverser une autre époque, n’est-ce pas?» Et en effet, les maisons sont principalement en bois et décorées par des peintures et des dictons comme «Gugg nit zuo vil in Nachburs Hus, sus got der Segen us dim Hus» («Ne regarde pas trop la maison du voisin sinon la tienne sera maudite»). Au centre, une fontaine en pierre semble être en bois de chêne et le château domine l’ensemble. 

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L’esprit du Moyen Age qui imprègne Werdenberg fascine tellement l’enseignant retraité que ce septuagénaire a écrit un livre sur l’histoire du bourg. This (de son vrai prénom Mathias) Isler n’est pas seulement un passionné d’histoire, mais aussi l’ancien responsable événements du château, la pièce maîtresse de Werdenberg, aujourd’hui utilisée pour des concerts, des mariages et comme musée. L’endroit préféré de notre guide s’y cache également: une chambre dans laquelle il aime se rendre pour réfléchir et prendre des décisions.

Autre lieu incontournable, la Schlangenhaus, la «maison des serpents». Ce musée, qui donne sur le lac de Werdenberg, doit son nom au serpent peint sur le mur sous l’avant-toit du bâtiment. «Mais il pourrait aussi s’agir d’un ver de terre», nuance Isler. En tout cas, selon la légende, quatre espèces différentes de dragons vivaient à Werdenberg. Mais au lieu de présenter d’effrayantes créatures mythiques, le musée présente la vie quotidienne de la population ordinaire de ces deux derniers siècles.

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Le nombre de visiteurs de ce joyau historique ne cesse d’augmenter, dont des groupes venus de l’étranger. Cela ne dérange en principe pas les autochtones, pour autant que les visiteurs soient respectueux et ne bloquent pas les rues. Car celles-ci sont étroites, conçues pour une «circulation» médiévale, c’est-à-dire que deux vaches devaient pouvoir se croiser. Notre guide puriste estime qu’il faudrait profiter «correctement» de cette découverte: «Ne pas se contenter de prendre rapidement des selfies, mais prendre le temps de contempler.»

Les Werdenberger identifient facilement les visiteurs. Car avec une population de 60 indigènes, tout le monde se connaît. Cependant, on y trouve «toutes sortes de gens» qu’«il serait injuste de mettre dans une même case». Et le cliché de «plus petit village de Suisse» n’est pas du goût du guide: «C’est faux! conteste This Isler. C’est en tout cas bien difficile à établir.» En revanche, notre hôte admet bien volontiers que le titre de «village suisse de l’année» serait un énorme plus pour sa petite communauté.

Quel est le plus beau? Faites votre choix parmi les six finalistes:

• Morat (FR)
• Silvaplana (GR)
• Stein am Rhein (SH)
• Bursins (VD)
• Giornico (TI)
• Werdenberg (SG)

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