Février 2002, apogée du saut à skis suisse. Simon Ammann devient double champion olympique aux Jeux de Salt Lake City. Au même moment, dans une maison des hauts de La Sarraz (VD), un petit garçon est témoin de toute la scène. Il prend une décision qui changera à jamais sa destinée. Killian Peier, alors âgé de 7 ans, décide que c’est son tour de prendre son envol. Et qui de mieux qu’un maître des airs pour l’initier? En 2006, il apprend à dompter ses premiers tremplins sous la tutelle de Sylvain Freiholz, natif de la vallée de Joux et médaillé de bronze sur le grand tremplin des Mondiaux de Trondheim en 1997.
A 16 ans, Killian Peier décide de quitter le cocon familial pour apprendre à voler de ses propres ailes. Il intègre le Centre national de performance d’Einsiedeln, dans les montagnes schwytzoises. Le jeune garçon vit à ce moment-là dans un cadre purement professionnel, en colocation avec des coéquipiers qui partagent les mêmes ambitions: ils mangent saut à skis, ils boivent saut à skis, ils vivent saut à skis. Cependant cette philosophie de vie ne lui convient pas entièrement. Il emménage dans son propre appartement et se ménage une symbiose bénéfique entre le bien-être et la passion des hauteurs. Objectif: les Jeux de 2018, à Pyeongchang. C’est sans compter sur un premier coup dur dans la jeune carrière de l’athlète vaudois. Il ne satisfait pas aux critères de qualification olympiques; son rêve coréen s’arrête avant même de commencer. Ce qui semble être un arrêt pour le sauteur suisse se transforme en motivation supplémentaire. Il ressortira grandi de cette épreuve.
Un an après la désillusion des Jeux, le jeune espoir se transforme en athlète aguerri. A Innsbruck, en janvier 2019, il entre pour la première fois dans le top 10 d’une épreuve de Coupe du monde. La consécration arrive peu après: en février, sur ce même tremplin du Bergisel, lors des Mondiaux de Seefeld, il s’empare de la médaille de bronze. Le fils d’un professeur de gymnastique du pied du Jura devient le médaillé Killian Peier. Le ski suisse tient-il son nouveau guide vers les sommets mondiaux?
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Hélas, en octobre 2020, le Vaudois se blesse gravement au genou lors des Championnats de Suisse, à la réception de son premier saut. Quadruple tenant du titre et grand favori de la compétition, il doit alors terminer sa saison et entamer un processus de rétablissement aussi bien physique que mental. Adepte du basket, sport qu’il pratiquait plus jeune, il profite de ce temps de récupération pour se forger un mental d’acier à la Michael Jordan.
Au sortir d’une saison blanche et d’une année 2021 placée sous le signe de la reconstruction, où il a su écouter son corps et être patient, Killian Peier dispose d’une condition physique optimale afin d’entrevoir une prochaine conquête des cieux. Il revient à la compétition en novembre dernier.
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Comme un symbole, l’enfant de La Sarraz fait son retour dans l’Oural russe, sur le tremplin de Nijni Taguil, dans le lieu qui l’a vu décrocher son premier podium en Coupe du monde. Puis le sauteur prend part à la prestigieuse Tournée des Quatre-Tremplins avec un plaisir retrouvé, des performances encourageantes et une 13e place finale. Sa blessure au genou est derrière lui, son mental à toute épreuve. Killian Peier est fin prêt pour Pékin.