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L'édito

Le ski est une fête

Sympa, fair-play, prodigieux sur les pistes. Pour notre journaliste Marc David, Marco Odermatt va assurément marquer l’histoire du ski. Dans le magazine de la semaine disponible dès ce mercredi 31 janvier en kiosque, «L'illustré» décrypte amplement le phénomène «Odi» avec des experts de la glisse.

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Marco Odermatt

Sympa, fêtard, fair-play, prodigieux sur les pistes: le skieur suisse suscite une véritable «Odimania».

david birri

Il fut un temps pas si lointain dont la grande Erika Hess fut une des actrices où les écoliers «courbaient» les cours pour voir les courses de ski. Un temps où les buvettes d’alpage affichaient complet et où des bouchons se formaient aux sorties d’autoroute parce que Gaspoz, Zurbriggen et d’autres champions aimés et admirés allaient s’élancer, parfois vêtus de combinaisons aux saugrenus motifs fromagers que Jean Paul Gaultier aurait adoré imaginer. L’offre sportive était dix fois moins large qu’aujourd’hui: c’était une fête.

Or ce bonheur jamais tout à fait effacé, on le ressent de nouveau quand descend Marco Odermatt, jeune homme monté sur des skis à l’âge de 2 ans dans le sillage d’un père entraîneur et qui donne l’impression de s’y amuser encore. Qu’il gagne ou non (c’est tout de même mieux quand il «allume du vert», comme disent les commentateurs sportifs), un enthousiasme de grand gosse irradie sous son casque, et l’on ne demande qu’à y croire.

Il va certes se passer quelques descentes et slaloms géants avant que le mot «odirique», que notre magazine se permet d’inventer dans ce numéro, soit admis à l’Académie française. Mais comme «Odi» ressemble de plus en plus à un personnage onirique, nous ne pouvions résister. L’onirisme, c’est le domaine du rêve, un soupirail pour fuir la réalité des horaires et des rendements. Alors pourquoi ne pas s’évader devant les arabesques millimétrées d’un Nidwaldien aérien et toujours de bonne humeur qui défie les lois de la physique et glisse tel un guépard blond sur les pentes les plus raides du monde?

Avec lui, son aura, ses réussites, le sport gambade dans les prairies du rêve. Loin du combat des drapeaux et du décompte brut des médailles, il rejoint le message du poète et humaniste Jacques Guhl, créateur avant-gardiste de l’école de football du FC Sion. Celui qui vient de disparaître à 101 ans (comme quoi le sport conserve parfois, n’en déplaise à Churchill) évoquait l’univers du ballon rond, mais rien de tel que le relire quand Odermatt étreint spontanément ses rivaux Kilde ou Sarrazin au bas des pistes. Ses vers disent la fraternité du sport, la beauté de la confrontation qui élève:

«Adversaire bel autre
Tu me fais vivre enfin
Au bout de ton savoir
Où va vibrer mon âme
Sans toi je ne suis rien
On n’est rien l’un sans l’autre
Nous ne pouvons grandir
Qu’ensemble c’est certain.»

Odirique, d’accord?


Au menu de «L'illustré-TV8» disponible dès ce mercredi 31 janvier en kiosque:

- A la une: Marco Odermatt, décryptage jubilatoire du phénomène du ski suisse
Rencontre: Avec Nikoko, en prison au nom du climat
- Télévision: Un duo valaisan participe à l’aventure «Pékin Express»
- Portrait: Lia Wälti, footballeuse de l’année
Reportage: A l’école des chiens d’avalanche, dans les montagnes valaisannes
Art: Peter Knapp, éternel créatif

Marco Odermatt

Décryptage en images et témoignages de champions au sujet d’un extraterrestre.

Photo de couverture: Sandro Baebler/The Red Bulletin
Par Marc David publié le 31 janvier 2024 - 09:12