Tout a commencé par une étude commandée et financée par l’Eglise catholique suisse, plus précisément la Conférence des évêques, l’Union des supérieurs majeurs et la Conférence centrale catholique romaine de Suisse, la RKZ (Römish-Katholische Zentralkonferenz der Schweiz). Ces trois entités ont délié les cordons de leur bourse et mandaté des historiens et historiennes de l’Université de Zurich afin de recenser et d’explorer les archives des différents évêchés helvètes. Les résultats n’étaient pas franchement ceux attendus.
Au bout d’un an, à force de recoupements et de pointages, les résultats sont effarants. Le site catholique cath.ch les a clairement publiés et il s’est avéré qu’au sein de l’Eglise catholique, «ces septante dernières années, 1002 cas d’abus sexuels sur 921 victimes ont été perpétrés par 510 auteurs. Les abus concernent 56% de garçons, 39% de filles et dans 5% des cas le sexe n’est pas spécifié dans les documents étudiés par les universitaires. Pour rester dans les chiffres, 74% de ces abus ont été commis sur des mineurs et 14% sur des adultes, pour les 12% restants, l’âge n’est pas connu. Les abuseurs sont, à quelques exceptions près, des hommes, en grande majorité des prêtres. Au regard de la chronologie, 22% des abus remontent aux années 1950-59, 25% à la décennie 1960-69, 10% entre 1970 et 2000 et 12% de 2000 à 2022.»
L’annonce de ces résultats, le 12 septembre dernier, a bien sûr fait grand bruit. Mais le coup de tonnerre a été amplifié par le mea culpa de Nicolas Betticher qui, comme pour se soulager du poids de la dissimulation qui pesait sur ses épaules, a pointé très lourdement du doigt l’abbaye de Saint-Maurice et son père abbé, Jean Scarcella. Ce dernier est soupçonné non seulement d’avoir lui aussi dissimulé des actes d’abus sexuels au sein de l’abbaye, mais également d’en avoir perpétré. Depuis, le religieux s’est retiré de ses fonctions en attendant les résultats d’une enquête menée par Rome. Cette révélation a été suivie de près par plusieurs autres grâce à l’émission Mise au point du 19 novembre dernier.
Depuis, on va de divulgation en divulgation. Les vannes de la vérité semblent s’être ouvertes, charriant avec elles des torrents de boue qui salissent à juste titre l’Eglise catholique mais aussi la justice civile du Valais. Juste après la conférence de presse de l’abbaye de Saint-Maurice menée par son porte-parole, Antoine Salina, l’association de soutien aux personnes abusées dans une relation d’autorité religieuse, le Groupe SAPEC, a lancé un appel à témoins. Et le téléphone n’arrête pas de sonner...
Combien de personnes ont vu leur vie souillée à tout jamais par ces religieux se sentant omnipotents? Souhaitons que la vérité soit enfin dite et surtout entendue pour que ceux qui ont été meurtris dans leur chair puissent enfin se relever et que ceux qui souhaitent continuer à croire puissent le faire sans honte.
Au menu de «L'illustré-TV8» disponible dès ce mercredi 29 novembre en kiosque:
- En couverture: Depuis trente ans, Joseph Gorgoni et Marie-Thérèse Porchet se supportent. Interview croisée d’un comédien et de sa créature.
- Enquête: Abbaye de Saint-Maurice, la descente aux enfers continue.
- Rencontre: Romuald, miraculé du sida, intrigue le monde entier.
- Portrait: Qui est Sam Altman, créateur de ChatGPT?
- Témoignage: Comment vivre après le suicide de son enfant? Une mère raconte.
- Passe-passe: Le magicien genevois qui a tenté sa chance à la TV française.
- Spécial ski: Les champions de la saison.
