Si la vérité sort de la bouche des enfants, que racontent alors leurs yeux? Glib est un jeune habitant de Kherson, libéré après des mois d’occupation russe. Il a 13 ans, mais la dureté de son regard en a 5000. Qu’a-t-il subi? Comment voit-il le genre humain après avoir tâté de la crasse morale de l’envahisseur? L’envahisseur n’est pas venu à bout de l’enfant de Kherson qui le défie avec son attitude souveraine. Le jeune garçon a été retrouvé depuis la prise de cette photo, qu’il n’aime pas. Elle donne une image trop dure, dit-il, lui qui souhaite garder une attitude positive... mais en conscience. Glib espère s’engager plus tard dans l’armée.
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Majeur est le conflit qui se déroule sur notre continent. Il faut en parler, témoigner («L’illustré» continuera de le faire) et se souvenir que, dans une époque dont on imaginait qu’elle avait dépassé l’horreur des guerres, nous nous retrouvons encore à batailler avec l’humain et – joyeuses ou tristes – ses passions. La passion de la vie et de la liberté – celle d’un couple de héros amoureux, les Navalny – illustrait il y a tout juste un an notre éditorial de fin d’année. Le principal opposant au pouvoir russe croupit toujours en prison, soutenu par les siens et des millions de démocrates. De manière sûrement un peu idéaliste, après une crise du covid qui avait laissé nos sociétés fracturées, notre numéro de rétrospective de 2021 portait comme titre: «Et si on faisait la paix?»
La paix ne sera malheureusement pas d’actualité l’année prochaine encore, notamment en Iran, où la jeunesse se fait massacrer par un pouvoir en perdition. Mais à Téhéran, contrairement à Kherson, il n’y a pas de journalistes pour capter le regard des frères et des sœurs de Mahsa Amini, la jeune femme dont le meurtre a révolté le monde entier. Cette absence ne doit pas nous détourner de notre responsabilité. Car Glib nous regarde.