Nombreux sont les objets, les mots, les endroits dédiés, les documents et les œuvres artistiques qui représentent à leur façon ce que les morts nous font faire à travers le temps et au présent. Le travail de réflexion mené par le PALP Village, dirigé par Sébastien Olesen et nourri par son équipe, conduit à «Passage. Imaginaires et rituels mortels», une exposition qui intègre une vingtaine de projets et une trentaine de collaborations. Elle se déploie, dès le 18 juin et jusqu’au 10 septembre, dans les granges, raccards et carnotzets du village de Bruson, généreusement prêtés pour l’occasion par ses habitants et ses habitantes.
Le village alpin colore d’une teinte particulière le sujet. Ici plus qu’ailleurs, on sait que les sociabilités anciennes autour du funéraire étaient riches et partagées. Alors, ici plus qu’ailleurs, on lit ce qui existe aujourd’hui dans le creux de la perte. Pourtant, comme l’écrivait l’ethnologue Yvonne Preiswerk, «c’est peut-être que nous sommes trop jeunes en regard de notre temps pour mesurer l’insoupçonné possible de nos sociétés actuelles et ceci reste notre espoir». C’est dans cet espoir que l’équipe du PALP a calé ses pas. La relation à la mort et aux morts est abordée par les joyeux chemins de traverse. De granges en greniers, la musique, les liens, le sacré, les mots et l’humour se côtoient.
Une création musicale d’Alice Torrent revisite la marche funèbre en y insérant des lignes de voix qui crient la vie. L’imaginaire de la mort dans la musique metal abordée par l’historien Nicolas Bénard éclaire les nombreuses représentations mobilisées et notamment celle du «corpse paint», qu’il lit comme une envie de désacraliser et d’apprivoiser la mort. Les liens et la mort se devinent dans les objets du quotidien qui deviennent source d’inspiration pour l’écrivain Pierre-André Milhit, qui raconte la chambre d’un mort à travers le regard de ses proches, ou se matérialisent sous forme de bouquets au bord des routes étudiés par l’ethnologue Laetitia Nicolas. Le besoin de partager autour et de s’y préparer sera possible notamment dans les Causeries sur la mort organisées par le projet «Telling Death» mené par la Haute Ecole de travail social de Lausanne (HETSL) via le programme Agora du Fonds national suisse.
Un florilège d’espaces à visiter pour ne pas perdre de vue que penser à la mort accompagne bien la vie. Et que le privilège d’être en vie nous donne la possibilité d’échanger autour d’une exposition qui, comme l’écrivent les chercheurs de la HETSL Marc-Antoine Berthod et Veronica Pagnamenta en préambule de la publication en lien avec l’exposition, «permet de faire parler les morts, à travers et avec les vivants, entre les générations».
>> Découvrez l'exposition «Passage» du 18 juin au 10 septembre 2023 au PALP Village à Bruson (VS)
Direction: Sébastien Olesen | Commissariat: Mélanie Hugon-Duc | Réflexion, scénographie, production: Blaise Coutaz, Mélanie Hugon-Duc, Loïse Moillen | Graphisme: Blaise Coutaz | Médiation: Loïse Pignat, Loïse Moillen | Montage: PALP, Pavillon III, Jérôme Lager, Turquoise Frobert