Il y a d’abord cette volubilité, bien utile pour assurer les directs à la télévision, qui lui vient de sa formation de comédienne. Il y a aussi cette chevelure dorée, ces yeux clairs et cette silhouette d’actrice américaine. Mais il y a surtout une sensibilité à fleur de peau chez cette Genevoise qui aura accompagné les téléspectateurs romands dès 1992, d’abord comme speakerine, puis comme présentatrice météo et, depuis 2003, comme scripte d’édition dans les coulisses du téléjournal. «L’émotive que je suis a déjà versé quelques larmes depuis l’annonce de mon départ», avoue-t-elle en appréhendant sa dernière apparition devant les caméras.
C’est volontairement qu’à 52 ans, Natalie Sbaï a décidé d’éteindre le poste pour faire briller désormais les couleurs des Celliers de Sion et de leur œnoparc, dont elle assurera la communication, notamment en y organisant des événements. Passer du décryptage des anticyclones au monde du vin représente un sacré challenge, même pour une traileuse doublée d’une skieuse-alpiniste chevronnée: «J’avais besoin d’un nouveau départ professionnel, soit dans le sport, soit dans le vin, deux passions valaisannes, en plus de mon compagnon! J’ai donc immédiatement tenté ma chance quand les Celliers de Sion ont mis ce poste au concours et me réjouis d’être formée à ce nouveau métier. Et ce n’est pas en contradiction avec la pratique du sport: dans le trail et le ski-alpinisme, on peut terminer une course de douze heures, se réhydrater et se reposer un peu, puis fêter cette performance avec ses camarades.»
Natalie Sbaï n’éprouve que de la reconnaissance envers la télévision romande qui pourtant, en la sélectionnant en 1992 parmi 350 candidates au poste de speakerine, brisa involontairement ses ambitions de comédienne. «Dès que j’ai commencé au petit écran, c’en a été fini de ma carrière d’actrice. C’est assez suisse de cantonner les gens dans un tiroir. Mon image de speakerine, puis de présentatrice de météo, m’a fermé les portes de la fiction. Alors en 2005, quand la RTS m’a formée pour un poste de scripte d’édition à l’actualité, ce fut comme si Patrice Chéreau me donnait un grand rôle», se réjouit cette ancienne élève du conservatoire, que ses professeurs destinaient à des rôles bergmaniens ou claudéliens.
Le stress du direct, en plateau pour la météo comme en coulisses dans ce contre-la-montre que constitue la responsabilité de la logistique du téléjournal, ne suffisait pourtant pas à son besoin d’adrénaline. Alors, à 42 ans, elle s’est lancée dans ces compétitions d’endurance. Son nouvel emploi à Sion la rapprochera plus souvent de ces montagnes qui lui manquaient tant quand elle galérait de casting en casting à Paris au début des années 1990.
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«Avec la RTS, je quitte un peu ma maison, ma famille. La construction du journal avec les séances de rédaction le matin, la création du conducteur du 19h30 sur lequel les équipes vont travailler toute la journée et le direct où la concentration est maximale... tout cela va me manquer. Quant à la météo, j’ai beaucoup aimé le concours de nos photographes, qui suscitait de l’interactivité. Et quelle chance de n’être jamais allée travailler à reculons!»
Cette compagne et maman heureuse, compétitrice dans l’âme, avait pourtant besoin d’une nouvelle ligne de départ.