Depuis notre plus tendre enfance, on nous rabâche que la religion est quelque chose de sérieux. Un sujet avec lequel il ne faut surtout pas plaisanter. Le Musée international de la Réforme, à Genève, a pourtant décidé de prendre le contrepied avec sa nouvelle exposition temporaire intitulée «Jouer avec les dieux».
«On n’est pas dans l’impiété, mais dans la nécessité de rire avec la piété», assure Philippe Borgeaud, son commissaire. Helléniste, il a notamment été professeur ordinaire d’histoire des religions antiques à l’Université de Genève de 1987 à 2011 et est l’auteur de nombreux livres. C’est d’ailleurs «La pensée européenne des religions» (Ed. Seuil, 2021) qui a inspiré l’événement. «Dans la religion, il n’y a pas seulement les bûchers, les anathèmes et les règles strictes, poursuit-il. Il existe nécessairement un moment où l’on peut prendre du recul et se faire plaisir.»
C’est donc une exposition culturelle, sonore et visuelle riche de plus d’une centaine d’œuvres – prêtées par une dizaine d’institutions prestigieuses – que ce Genevois de 78 ans a mise sur pied. On y découvre notamment des tableaux, des objets de pratiques rituelles, des livres rares et même des jeux vidéo. Autre temps fort, des clichés montrant des chamans népalais de l’Himalaya tentant de récupérer l’âme d’un malade, immortalisés par Michael Oppitz, ancien directeur du Musée ethnographique de l’Université de Zurich. Une exposition qui offre un point de vue salvateur à l’heure où les crispations idéologiques font rage.
>> Retrouvez l'exposition «Jouer avec les dieux» jusqu'au 13 octobre au Musée international de la Réforme à Genève. Plus d'informations sur musee-reforme.ch