La Coupe du monde féminine de football plutôt que la Coupe du monde de football féminin. La nuance est plus importante qu’il n’y paraît. Parce qu’elle s’attaque à l’inégalité des sexes encore bien ancrée dans nos sociétés. Elle gomme l’idée que le football aurait un sexe. Une représentation qui a la dent dure et qui remonte à la révolution industrielle du début du XIXe siècle selon une étude norvégienne très sérieuse. Ses auteurs ont en effet constaté que ce profond changement de société avait incité énormément d’hommes à migrer des campagnes vers les villes et que, dès lors, on craignait que leur absence ait pour effet de féminiser les jeunes garçons restés seuls avec leurs mères et leurs soeurs. D’où la brusque popularité d’un football masculin rude, physique et renforçant la fraternité. Comme si le ballon pouvait donner aux garçons la masculinité dont ils avaient besoin. En parallèle, on répandit à grand renfort de preuves biologiques bidon que ce jeu était dangereux pour les femmes, qu’il causait des dommages irréversibles à leurs organes.
Résultat, les femmes du monde entier ou presque ne furent pas autorisées à jouer pratiquement jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. C’est ainsi que le football masculin est devenu la norme. Un credo qui fait encore pas mal de résistance alors que se déroule actuellement la neuvième Coupe du monde féminine en Océanie, trente-deux ans après sa première édition. La faute à des stéréotypes de genre qui favorisent les préjugés sexistes en raison d’attentes de performances, basées sur cette fameuse norme masculine. Comme souvent en Europe, ce sont les pays scandinaves, la Norvège en particulier, que nos valeureuses joueuses ont rencontrée la semaine dernière, qui se sont employés à démonter ces préjugés. Il y a six ans déjà, le pays des fjords a ni plus ni moins décrété que les joueuses de l’équipe nationale seraient traitées exactement comme leurs homologues masculins, tant sur le plan financier que structurel. Depuis 2018, elles sont donc payées comme eux et les deux genres se partagent les revenus qu’ils tirent de leurs activités commerciales. Un beau modèle d’inspiration, y compris pour l’Association suisse de football...