Les nouveaux départs, repartir de zéro à n’importe quel âge, beaucoup en rêvent mais peu passent à l’acte. A cause du poids des conventions, du regard des autres, des entraves que l’on attache à nos chevilles et qui, au fil du temps, deviennent des chaînes que l’on n’a plus l’énergie de cisailler. C’est pourtant cette force-là qu’a eue Catherine Draveil. A 23 ans, cette jeune femme entre dans les ordres, devient Sœur Marie Pia et, à 64 ans, laisse choir son voile de religieuse. Depuis, comme l’ancienne religieuse aime à le dire, elle est «partie en quête de [son] humanité, à la recherche des chemins de la liberté».
Mais pour arriver sur l’autre rive, celle de l’autonomie et de l’indépendance, l’ex-servante de Dieu a eu l’impression de «devoir traverser une muraille de béton armé». Car même si aujourd’hui, à 71 ans, la flamboyante septuagénaire est mariée, pratique le parapente, le trekking, le rafting, voyage beaucoup et ne cesse de profiter de chaque instant depuis qu’elle a rompu ses vœux, franchir les frontières de la libération n’est pas chose aisée.
C’est même tout le contraire. Se lancer à bras-le-corps dans l’existence, faire une croix sur le monde d’avant ou encore casser le moule de l’attente parentale puis sociétale est au-delà du difficile. Car, quoi qu’on en dise, on a peur du changement, on se complaît dans les habitudes. C’est rassurant. Alors avoir la volonté de s’extraire de son univers, réapprendre d’autres codes, une autre forme de pensée et d’expression relève de l’exploit, surtout lorsqu’on a dépassé le mitan de son existence. Pour ceux et celles qui un peu, beaucoup ou passionnément souhaitent s’élancer vers une nouvelle destinée, voici la phrase de Frédéric Lenoir que Catherine Draveil aime à se répéter: «Exister est un fait, vivre est un art.»