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Cinéma

Laurence Arné: «C’était génial de filmer mon homme»

Pour son premier film, «La famille Hennedricks», Laurence Arné a choisi de diriger son amoureux dans une comédie réussie sur une famille recomposée sans le sou, qui part en vacances sur la côte atlantique française. Rencontre avec l’actrice-réalisatrice et Dany Boon, son chéri dans la vraie vie.

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Les acteurs Laurence Arné et Dany Boon sont en couple depuis 2016

Les deux artistes se sont rencontrés sur le tournage du film «Radin!» de Fred Cavayé en 2016. Deux ans plus tard, la blonde actrice intégrait le clan Boon en jouant dans «La ch’tite famille». Depuis, ils ne se quittent plus à la ville comme à l’écran.

Luc Braquet/H&K

C’est dans un boutique-hôtel parisien très trendy et très fleuri que l’on a rendez-vous avec le couple le plus tendre et le plus amusant de ce printemps pluvieux. Entre deux ondées, sur la terrasse de La Fantaisie, Laurence Arné et Dany Boon nous reçoivent pour parler du premier long métrage de la jeune femme de 42 ans, «La famille Hennedricks».

Une poignée de main franche, un sourire, la blonde actrice au regard brun est à l’aise dans son nouveau costume de réalisatrice. Tout de beige vêtue, elle est accompagnée d’un mini-teckel à poil long de 2 mois. Mais au lieu de rester sagement à son côté, Gino préfère filer le train de Fluffy, le bâtard grognon de Dany. Les scènes de séduction-agacement entre les deux toutous ponctueront l’entretien, durant lequel Laurence Arné, stressée que le petit se fasse croquer par le grand, déploiera plus d’une fois ses grandes jambes pour rapatrier le chiot téméraire. Quant à Dany Boon, zen et pragmatique, affairé à ôter une grosse tache sur son bomber de cuir bleu marine, il jouera les arbitres tout en répondant, bonne pâte, aux questions concernant son rôle dans ce «road trip» sur une famille recomposée. Un joyeux bordel qui n’est pas sans rappeler celui des Hennedricks.

- Laurence Arné, depuis quand aviez-vous envie de réaliser un film?
- Laurence Arné: Depuis très longtemps. Je suis devenue comédienne par l’écriture et, lorsque j’ai mis les pieds sur un plateau de tournage pour la première fois, j’ai été fascinée par l’énergie de toute cette équipe qui s’anime pour raconter une histoire. Je me suis dit: «Tiens, c’est quelque chose qui me parle.» Ensuite, j’ai voulu prendre le temps de bien le faire parce que j’ai beaucoup d’admiration pour ce métier et pour les réalisateurs qui m’ont inspirée, m’ont fait rêver et m’ont donné envie de le faire.

- L’idée de la famille recomposée est la toile de fond de «La famille Hennedricks». Est-ce que votre fils, qui a 12 ans aujourd’hui, a facilement accepté de vivre dans une telle famille?
- Quand on a fait la première rencontre familiale avec Dany et ses enfants, mon fils m’a dit: «Maman, ça va être ça, notre vie?» Il était hyper-heureux d’avoir des demi-frères et des demi-sœurs (le couple s’est connu il y a huit ans sur le tournage de «Radin!» de Fred Cavayé, et Dany a six enfants de trois compagnes différentes, ndlr). Souvent, on pense que les recompositions familiales sont des choses douloureuses, mais ça peut aussi être un cadeau pour les enfants, les ouvrir sur une nouvelle dimension. Ça a été le cas pour mon fils, qui a inspiré le personnage du petit Joseph dans le film.

- Donc le thème du film, sur la triple casquette d’une femme qui est à la fois mère, belle-mère et compagne, était une évidence?
- J’avais envie de parler de l’énergie que l’on met en tant que maman pour que la famille fonctionne, de cette volonté que l’on a de transmettre aux enfants des valeurs qui nous sont très importantes. Pour moi, c’est la connexion à la nature, à l’autre, la bienveillance, l’ouverture d’esprit, la musique. Je pense que c’est devenu de plus en plus difficile pour les parents de garder ce lien... En même temps, comme je suis une grande nostalgique de mon enfance, j’avais aussi envie de montrer à travers ce voyage initiatique le deuil que doit faire cette femme sur ses tendres années pour laisser la place à un nouveau schéma, qui est celui de la recomposition familiale.

- Vous luttez aussi comme dans le film pour empêcher les enfants d’être tout le temps avec leur téléphone?
- Oui, je me bats au quotidien pour que mon fils ne se fasse pas absorber par internet et les réseaux sociaux. Quand nous sommes en vacances, je fais des «geek box», c’est à dire que j’enferme tous les téléphones portables dans une boîte. Oui, je sais, je suis relou (lourde en verlan, ndlr)! (Elle rit.) Ainsi on peu profiter les uns des autres, s’ouvrir au monde.

- Pour un premier film, vous n’avez pas choisi la facilité: c’est un road movie, une comédie et vous tournez avec votre homme, qui est aussi réalisateur en plus d’être acteur. Vous aimez vous mettre la pression?
- Laurence Arné: J’aime me «challenger». Mais je n’étais pas seule, j’ai une équipe incroyable et j’ai pris le temps de réaliser mon film. Je me sentais plus que prête et j’avais une énergie dingue. Tous les jours, j’étais super heureuse d’être sur le plateau, très reconnaissante de l’investissement de tous et du talent de tous. C’est le sentiment de légitimité, pour moi, qui a été le plus dur. Je doute beaucoup, mais vraiment des doutes très profonds. Mais Dany m’a heureusement beaucoup stimulée et portée. C’est important d’avoir quelqu’un qui vous inspire autant. Pour moi, il a été un vrai mentor.
- Dany Boon: Tu pourrais quand même dire que c’était hyper-facile de tourner avec moi!

Les acteurs Laurence Arné et Dany Boon sont en couple depuis 2016

Dany Boon et Laurence Arné sont convaincus que dans la vie, lorsqu’on a un message à transmettre, il faut le faire en déconnant, ça passe toujours mieux.

Luc Braquet/H&K

- Justement, Dany Boon, c’est reposant de tourner avec sa compagne?
- D. B.: Non pas du tout. Laurence est très exigeante, parfois on travaillait tard, longtemps. On bougeait beaucoup, on dépassait tout le temps le timing car l’image devait être très belle, très chiadée, etc. Et puis, c’était compliqué d’être à la fois couple et comédiens. Elle me demandait des choses en tant qu’acteur mais elle me parlait comme à son mec. Mais le plus difficile pour moi, c’est que pendant un an et demi, elle a écrit «La famille Hennedricks», puis a fait quatre mois de préparation et le tournage a duré plus de deux mois! Elle travaillait même le soir et elle passait les week-ends avec son équipe. On ne se voyait plus et on n’avait plus de moment pour nous deux. Les seules fois où on était ensemble, c’est lorsqu’on s’occupait de nos enfants. Ce long métrage, c’était un peu comme un bébé qui est arrivé d’un seul coup. On ne se regarde plus et les yeux sont tournés vers le film, avec des gens de l’équipe tout autour qui mettent la pression. A un moment donné, je suis parti en week-end car je passais mon temps avec la réalisatrice mais plus avec Laurence. Je n’en avais pas envie.

- Laurence, c’était une évidence pour vous de choisir Dany pour le rôle masculin principal?
- L. A.: J’avais très envie de le diriger mais j’ai écrit le scénario sans me soucier du casting. Vraiment. Je voulais être concentrée sur le texte. Une fois que j’ai eu LA bonne version, je me suis dit: allez, ce serait génial de filmer mon homme comme je le vois dans la sphère privée, avec mon regard d’amoureuse, de montrer ce que l’on n’a pas forcément vu de lui, à savoir un papa, un musicien, un homme très souple et un peu lunaire, avec une vraie fragilité. C’était aussi une façon pour moi de l’amener dans mon univers. Quand je lui ai dit que j’aimerais qu’il fasse partie de l’aventure, il a été super ému.

- Justement, comment le voyez-vous dans la sphère privée?
- L. A.: J’ai montré «New York Melody» (une comédie américaine de John Carney sortie en 2013, ndlr) à mon chef opérateur et je lui ai dit: «Je veux que Dany soit le Mark Ruffalo français.» Mon mec, je le trouve tellement sexy dans la vie de tous les jours que cela devait aussi y être dans mon film. Il dégage en même temps une douceur et une virilité...
- D. B.: Ouh là là, faut pas écrire ça! Je ne suis pas le Mark Ruffalo français, mais Laurence m’a écrit un beau portrait d’homme. J’étais content de servir ce rôle et il n’était pas question de faire des gags ou du Dany Boon.

Les acteurs Laurence Arné et Dany Boon sont en couple depuis 2016

Laurence Arné a voulu montrer dans son film comment Dany Boon était dans la vraie vie: sexy, doux, un homme sur lequel on peut s’appuyer.

Luc Braquet/H&K

- Ce n’est pas toujours évident pour une femme de concilier vie privée et vie professionnelle...
- Laurence Arné: On organise les vacances, on fait tout, on gère le foyer, le boulot, nos enfants, l’éducation et on nous oublie un peu. On s’oublie mais par amour. Comme cette maman que j’incarne dans le film, qui est prête à tout pour que son fils reste avec elle et retrouve sa joie de vivre, qu’il ne soit pas entraîné dans une société de consommation dans laquelle veut l’attirer son père. De temps en temps, on fait des choix en tant que parent pour préserver nos enfants.
- D. B.: Laurence a su mettre en évidence ce qui rythme le quotidien des femmes. Et lorsque son personnage féminin s’en va parce qu’elle n’en peut plus, et qu’on part à sa recherche, on s’aperçoit qu’aucun de nous, c’est à dire les trois hommes ou garçons de sa vie, n’a sa photo. Il y a beaucoup de femmes qui sont venues nous voir après la projection pour nous dire: «Cette histoire, c’est moi, c’est ma vie…»

- La musique est très importante aussi dans votre film puisqu’elle rapproche, voire soude cette drôle de famille...
- L. A.: C’est mon quotidien. Il y a tous les instruments dans mon salon. Avec mon fils, on fait tous les deux de la batterie, du piano et même des petits live ensemble. Et depuis peu, il a monté un groupe et répète tous les week-ends. Dans ma famille, quand j’étais petite, on jouait aussi tous d’un instrument. Et Dany, c’est pareil.
- D. B.: Je fais de la guitare et du piano depuis toujours. Quand mes grands garçons étaient petits, je les laissais taper sur le piano, même si au départ c’était du bruit. Je ne les ai jamais forcés et ils sont venus d’eux-mêmes à la musique. A un moment donné, mon fils aîné (Mehdi Boon, 25 ans, qu’il a eu avec Sophie Hermelin, ndlr) m’a dit qu’il voulait faire le Conservatoire. Il a étudié le piano classique, la basse, la contrebasse et là, il vient de finir l’école de Didier Lockwood avec mention. Mon second fils, que j’ai eu avec Judith (Godrèche, mère de Noé Boon, 24 ans, ndlr) est aussi musicien. Il a écrit la bande-son de la série de sa maman (Icon of French Cinema, ndlr). Quant à moi, j’ai plein d’instruments de musique, des harmonicas, des trompettes, des clarinettes... J’adore ça.
- L. A.: Et on aime bien faire cadeau aux enfants d’instruments de musique improbables.
- D. B.: Oui, j’avais d’ailleurs cette relation avec Raymond Devos. A chaque anniversaire, je lui donnais un instrument qui était une invention qui n’a pas marché. Ça le fascinait! Il y avait un magasin à Paris, dans le IIIe arrondissement, où le mec ne faisait que ça et vendait des objets tels qu’une guitare sur laquelle on devait gratter les cordes mais aussi souffler dedans... La musique, finalement, c’est une des meilleures façons de créer le lien. 

>> Le film «La famille Hennedricks», réalisé par Laurence Arné et dans lequel elle joue avec son amoureux Dany Boon, est sorti en salle le 26 juin.

Par Laurence Desbordes publié le 2 juillet 2024 - 11:59