En Lavaux, dans ce coin de paradis vaudois classé au patrimoine mondial de l’Unesco et planté de nobles vignobles, il passe parfois pour un original, mi-artiste, mi-rêveur. Ce vigneron adepte de la biodynamie dit en souriant qu’il sait ce que cela veut dire que de faire partie d’une minorité. Même si la tendance se développe, il est vrai qu’ils ne sont toujours qu’une poignée à cultiver le vin en bio dans cette région-là. Mais qu’importe. L’essentiel est ailleurs. Il est dans ce besoin vital de s’ancrer à la terre, à la vigne, de l’observer, de la respecter, de prendre ce que la nature veut bien nous donner. De ne surtout pas aller contre, comme il dit. Gilles Wannaz (lire ici) a un prénom de poète et ça lui va bien.
Bien avant que cela ne soit dans l’air du temps et que l’on ne parle d’économie circulaire, ce vigneron de la quatrième génération a fait sienne la devise de tout recycler. Avec des douves de tonneaux, il confectionne des bancs élégants. Les bouchons de ses bouteilles se transforment en allume-feux et les cercles de barriques en tables d’apéro. Jusqu’aux pépins de raisin avec lesquels il fabrique un enduit pour redonner du lustre aux vénérables murs de son domaine séculaire. Ce lieu, qu’il retape patiemment de ses mains, il l’évoque avec une émotion perceptible. Il en parle comme d’un manifeste, d’un engagement militant tendance mystique pour cultiver la beauté et resserrer ce lien trop souvent distendu entre l’homme et la nature.
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Et même la science semble lui donner raison. C’est désormais prouvé, selon plusieurs études récentes: le bonheur est dans la terre. Une bactérie présente dans le sol, Mycobacterium vaccae, aurait des propriétés anti-inflammatoires, immunorégulatrices, diminuerait le stress et augmenterait la production de sérotonine, surnommée l’hormone du bonheur. Rien que ça. Les chercheurs émettent ainsi l’hypothèse que les sociétés urbaines, vivant trop souvent dans un environnement aseptisé, «sans saletés», loin de cette sympathique bactérie tellurique, deviennent une espèce fragilisée, vulnérable aux maladies inflammatoires et aux troubles psychiatriques.
La vraie richesse est immatérielle, dit encore notre poète de Lavaux. De quoi méditer sur le sens de nos existences, en allant admirer l’automne, que nous vous souhaitons, à toutes et à tous, plein de douceurs et de couleurs.
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