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L'édito

La vérité d'un regard

Acteur mythique, Alain Delon est resté un mystère jusqu'à sa mort. Complexe et tourmenté, il se dévoilait rarement, préférant incarner des personnages au cinéma. Mais derrière l'image du bel homme, se cachait une fragilité profonde. Alors qui était vraiment Alain Delon? Dans le magazine de cette semaine disponible dès le mercredi 21 août en kiosque, «L'illustré» revient sur la vie mouvementée de cette légende éternelle.

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Alain Delon, très ému, à Cannes lors du festival de 2019, où il a reçu une Palme d’or d’honneur.

Alain Delon, très ému, à Cannes lors du festival de 2019, où il a reçu une Palme d’or d’honneur.

VALERY HACHE/AFP via Getty Images

Qui était Alain Delon? Malgré les heures de documentaires consacrées à l’acteur depuis l’annonce de sa mort, personne ne connaît la réponse. Personnalité complexe, tourmentée, il a emporté avec lui sa part de mystère, non négociable. Cet homme public était verrouillé de l’intérieur. Il se dévoilait rarement.

Un soir de gala, micro éteint, nous lui avions demandé comment il allait, lui; il répondit avec une désarmante sincérité: «Je souris, je donne le change. Mais une fois chez moi, je suis comme un SDF», fit-il, mimant dans son smoking un type flagada, genoux en dedans, agité de tremblements. Ni samouraï, ni guépard. Ce soir-là, il semblait las de jouer à être un autre pour la galerie, d’exister à travers l’image de ce qu’il avait pu être au cinéma. Delon l’inflexible, profondément solitaire, était paradoxalement fragile. Cette vulnérabilité mêlée à sa beauté était l’une des clés de son succès. Luchino Visconti sut au premier regard qu’il tenait son Rocco. «Si on m’avait contraint à prendre un autre acteur, j’aurais renoncé à faire le film.»

«Sois toi, ne joue pas. Vis!» avait conseillé Yves Allégret au jeune Delon. Il retint la leçon. Derrière le mythe, le double blindage de la star, se tenait en embuscade Alain Fabien Maurice Marcel, ce môme de Bourg-la-Reine ballotté de foyer en pensionnat. Un enfant terrible car «terriblement mal-aimé» devenu un jeune homme épris de liberté et d’aventure, exposé trop tôt aux horreurs de la guerre d’Indochine et dont, pensait-il, ses parents avaient voulu se débarrasser en signant son émancipation. C’est dans ces blessures intérieures qui le poursuivirent toute sa vie que l’acteur puisait sa vraisemblance. Toute la force de sa fragilité.

Si la vérité d’un homme est dans ses yeux, il faut revoir ceux de Delon dans «Monsieur Klein», incarnant un marchand d’art sans scrupule, inquiet d’être soudain du mauvais côté de la barrière sous l’Occupation. Il faut replonger dans l’effroi du regard de Gino Strabliggi, héros de «Deux hommes dans la ville». Un type qui voulait se racheter une conduite et que l’on réveille dans sa cellule au petit matin pour le mener à l’échafaud. La vérité de Delon est là, dans ces instants de grâce où il convoque ce môme en mal d’insécurité qui n’a jamais cessé de se manifester en lui.

Au menu de «L'illustré-TV8» disponible dès ce mercredi 21 août en kiosque:


- Trajectoire: De son enfance mélancolique à ses débuts au cinéma
- Carrière: Aux côtés des plus grands réalisateurs
Amours: Romy, Nathalie, Mireille et Rosalie
Zones d’ombre: Ari Boulogne, le fils exclu, et l’affaire Markovic
La Suisse: L’acteur du côté helvète
Ses passions: L’art, la boxe et bien sûr les chevaux et les chiens
Les derniers mois: Hiromi Rollin écartée et la guerre entre ses trois enfants

L'illustré Alain Delon

La vie d'une légende.

 
Sunset Boulevard/Corbis/Getty Images
Par Didier Dana publié le 21 août 2024 - 13:38