A l’échelle de la Suisse romande, ça bouge dans tous les coins. De l’EPFL au CHUV, à Lausanne, en passant par l’Ecole professionnelle en arts appliqués de Fribourg, les étudiantes balancent. Elles ne sont pas les seules à se rebeller: les journalistes mais aussi les femmes actives dans plusieurs secteurs professionnels s’expriment à leur tour. Sur Instagram ou dans la rue, tous ces collectifs disent stop. Les femmes n’en peuvent plus de se taire, d’accepter une société où le harcèlement sexuel, les violences verbales et physiques ne sont pas décriées et punies. Certains témoignages font froid dans le dos. «On a reçu des messages qui parlent de viol. On est au-delà du débat sur les moeurs. Il s’agit de crime et cela requiert une réaction urgente!» s’alarme l’une des membres du collectif de la grève féministe à Fribourg.
Ces lanceuses d’alerte ont enclenché ces derniers mois un mouvement de mobilisation sans précédent: le compte SwissMediaToo est suivi par près de 8000 personnes, 5000 pour le compte Paye ton EPFL. Début février, après la parution dans La Liberté de l’histoire de Louise – élève du collège Gambach (FR) victime de remarques du corps enseignant parce qu’elle ne portait pas de soutien-gorge –, le hashtag #Balancetonprof s’est, lui, enflammé. «Ce qui nous choque, c’est que les cas touchent aussi des jeunes au cycle d’orientation ou en primaire.» Au milieu de ce tumulte, des mesures concrètes ont été prises à l’encontre de trois professeurs et du directeur de l’Eikon, l’Ecole professionnelle en arts appliqués de Fribourg, accusés d’actes déplacés.
«Il est temps que toute une catégorie de gens se fasse entendre. Quant aux autres, qu’ils apprennent à se taire, déclare l’une des journalistes qui réagit à l’onde de choc à la RTS. Et s’ils sont ébranlés, c’est qu’on tape au bon endroit et qu’on est fortes!» Malgré cette nouvelle ère post-#MeToo, toutes conservent encore l’anonymat, par peur de représailles.