Fruit de l’union d’un père suisse et d’une mère néo-zélandaise, Sarah Höfflin a peut-être l’un des parcours les plus atypiques que l’on peut rencontrer sur le circuit professionnel. Quel(le) autre athlète de freestyle peut se targuer d’un diplôme en neurosciences? Spoiler alert: elle est la seule au monde.
Tout commence à Genève pour Sarah. Mise sur les lattes depuis son plus jeune âge comme la plupart des enfants de la région, la Suissesse se démarque d’abord en classe. A 12 ans, elle part rejoindre sa mère en Angleterre. Son ambition consiste à embrasser une brillante carrière de scientifique. Elle entame ainsi des études de neurosciences à l’Université de Cardiff (Pays de Galles) puis, le destin faisant bien les choses, découvre le ski freestyle dans cette même université. A 23 ans, elle décroche son diplôme et tente d’entrer en faculté de médecine. Le refus de cette dernière va marquer un tournant sans précédent dans sa vie. Comme sa vocation de médecin ne verra jamais le jour, elle décide d’entretenir sa passion pour les hauteurs.
Fraîchement diplômée, elle décide de rentrer au pays pour s’installer dans les Alpes suisses. Elle déniche des petits jobs dans les stations environnantes, pour pleinement profiter chaque jour des snowparks sur son temps libre. Deux saisons plus tard, en 2015, elle se fait repérer par le coach de l’équipe de Suisse lors d’une compétition à Val Thorens. Cette rencontre marque le début de sa carrière de skieuse professionnelle.
En 2017, la Genevoise remporte ses premières victoires en Coupe du monde et en Coupe d’Europe. Elle donne un élan nouveau à la discipline grâce à des figures plus périlleuses les unes que les autres. Des performances et des titres en forme d’espoir pour une discipline où la gent féminine est encore peu représentée: «Le ski freestyle est un sport qui est encore surtout pratiqué par les garçons, beaucoup plus que par les filles. Il faudrait avoir plus de femmes modèles pour montrer aux plus jeunes filles que mon sport n’est pas dangereux», raconte-t-elle.
Pour ses premiers Jeux, en 2018, Sarah devient la grande sensation suisse dans le ciel coréen de PyeongChang. Elle décroche l’or après des runs plus époustouflants les uns que les autres. Epaulée par la jeune Fribourgeoise Mathilde Gremaud, elles réalisent ensemble un doublé historique dans l’histoire olympique suisse, plaçant le freestyle helvète à son apogée.
Les années suivantes seront couronnées de succès pour Sarah, avec deux médailles d'argent consécutives en slopestyle aux X Games d’Aspen, en 2019 et 2020, bien qu'elle soit la plus vieille compétitrice de son sport. Prouvant que l'âge n'est qu'un chiffre, elle tourne des clips hallucinants pour le film de l'équipe de ski Faction The Collective, récompensé par le trophée du meilleur montage féminin aux Newschoolers Awards en 2020.
Après une année 2021 faste, dont une deuxième place en Coupe du monde à Stubai (Aut), la voltigeuse genevoise a maintenant Pékin dans le viseur. Elle ne compte pas laisser l’or lui être dérobé aussi facilement.