Ce jeudi 24 février à l’aube, l’armée russe a mené sur plusieurs fronts une attaque contre l’Ukraine. Le président Poutine, peu avant 6 heures à Moscou, a annoncé en direct à la télévision sa décision de lancer «une opération militaire spéciale» juste avant que les premières bombes ne s’abattent sur les villes ukrainiennes et alors que le Conseil de sécurité de l’ONU – présidé ce mois par… la Russie – était réuni en urgence à New York.
Vladimir Poutine a expliqué que cette attaque avait pour but de «démilitariser» l’Ukraine, de la «dénazifier» et de «mettre à genoux» son gouvernement.
Kiev, Odessa, Kharkiv, Dnipro ont été visées par des bombardements aériens dès le début des hostilités. Stupeur et consternation du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres: «C’est le moment le plus triste de mon mandat de secrétaire général des Nations unies. Président Poutine, au nom de l’humanité, ramenez vos troupes en Russie! Ce conflit doit s’arrêter maintenant», a-t-il solennellement déclaré. Les Etats-Unis et l’OTAN condamnent de leur côté une «guerre préméditée» et «injustifiée».
Après les premiers bombardements censés avant tout renforcer la suprématie aérienne russe, le territoire ukrainien a été envahi en plusieurs points. Un débarquement a lieu à Odessa, au sud du pays, au bord de la mer Noire. Des blindés ont franchi la frontière dans le nord-est. D’autres colonnes de chars ont franchi la frontière depuis la Biélorussie, à 150 kilomètres seulement de Kiev.
Face à cette agression militaire d’une ampleur sans précédent en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a instauré la loi martiale. Le président américain Joe Biden annonce de «sévères sanctions» contre Moscou. Les leaders européens dénoncent tous cette violation sanglante du droit international.
Sur le plan financier, la bourse de Moscou s’est effondrée de 14% et le rouble chute de 9% par rapport au dollar. Mais Moscou annonce que ses opérations militaires «dureront le temps qu’il faut». Vladimir Poutine décidera seul de leur poursuite ou non.
Dans les zones de guerre, c’est bien sûr la désolation. Le bilan des morts grimpe au fil des heures. «Pays de merde, put...», crie une femme, devant le corps d'un homme tué dans un bombardement sur un quartier résidentiel de Tchouhouïv, dans l'est de l'Ukraine, épicentre de l'offensive déclenchée pendant la nuit par la Russie. Près du mort, son fils en pleurs, la trentaine, reste prostré. «Je lui avais dit de partir», répète-t-il à côté des restes tordus d'une Lada. Le cratère du missile, large de 4-5 mètres, est situé entre deux immeubles de cinq étages totalement détruits, tandis que les pompiers tentent d'éteindre les derniers incendies.
Le cri d’alarme d’une Ukrainienne de Suisse romande
Sergueï, 67 ans, tente de boucher ses fenêtres avec une table dont les pieds dépassent dans le vide, au rez-de-chaussée de son appartement. L'homme s'en est sorti avec quelques contusions. «Je vais rester là, ma fille est à Kiev et c'est pareil là-bas», assure-t-il, alors que des explosions ont été aussi entendues jeudi matin dans les principales villes du pays.
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«S’ils continuent de nous bombarder, je vais trouver des armes et défendre ma patrie, peu importe si j'ai 62 ans», menace Vladimir Levachov, habitant de Tchouhouïv. «Et pourtant je suis Russe. Mais si vous regardez l'histoire, si vous lisez des livres, il y a 300, 400 ans c'était déjà la même chose. Les Russes sont des écorcheurs!» enrage-t-il.
Du côté russe, on comptabilise les succès de manière froide: 74 installations militaires ukrainiennes, dont 11 aérodromes en Ukraine, auraient été détruites. Le porte-parole du Ministère russe de la défense, le général Igor Konachenkov, complète ce tableau de chasse: «Trois postes de commandement, une base navale ukrainienne et 18 stations radars des systèmes de défense antimissile S-300 et Buk-M1 ukrainiens, ainsi qu'un hélicoptère d'attaque et quatre drones Bayraktar TB-2 de fabrication turque ont été détruits.»
Du côté ukrainien, on tente bien sûr de faire croire à une résistance aussi héroïque qu’efficace. Mais le déséquilibre des forces est beaucoup trop grand pour empêcher l’armée russe de progresser rapidement.