Il n’a rien demandé à personne. Il ne recherchait ni la consécration ni la crucifixion. Son but était de parcourir la France et de faire découvrir à ceux qui le suivent sur les réseaux sociaux quelques-unes des plus de 200 cathédrales qui émaillent l’Hexagone. Henri d’Anselme, que les médias ont élevé un temps au rang de héros, était juste au bon moment et au bon endroit pour sauver des vies. C’était le 8 juin dernier sur une aire de jeux au bord du lac d’Annecy. Un réfugié syrien de 31 ans, armé d’un couteau, s’est attaqué à quatre enfants âgés entre 22 mois et 3 ans et à deux adultes. Heureusement, malgré la gravité des blessures, tous ont échappé à la mort.
Le carnage a été stoppé en grande partie grâce au courage de ce jeune homme de 24 ans passionné par le patrimoine chrétien, qui avait déjà parcouru environ 1300 kilomètres et visité 23 hauts lieux saints lorsque son chemin a croisé celui d’Abdalmasih H. Avec son courage et son sac à dos ventral pour seuls boucliers, le pèlerin s’est interposé et a tenté, seul, de neutraliser le forcené pour l’empêcher de continuer ce jeu de massacre. Mais voilà, après avoir été encensé et érigé en figure du bien luttant contre le mal, le valeureux chevalier a rapidement été conspué par certains médias et politiciens estimant que, à 24 ans, être un catholique pratiquant, noble de naissance dans la France d’aujourd’hui est signe d’une affection particulière pour l’extrême droite. Pire encore, surfant sur cette vague de «France aux Français», d’autres journaux, eux très conservateurs, ont exploité l’action et les croyances du héros pour signifier l’état de leur pays à cause de l’immigration.
Tout cela est très triste et malheureusement fort révélateur d’une époque qui prône la liberté d’être et de croire tout en tapant sur la tête de tous ceux qui sortent du cadre bien-pensant du moment. Finalement et heureusement, la bave de ces esprits chagrins de tout bord n’a que peu atteint Henri et n’a pas terni l’image du jeune homme auprès de ses concitoyens.
Laissons d’ailleurs le mot de la fin à Noah, 14 ans, et Valentin, 17 ans, amateurs de funk, qui lorsqu’ils ont reconnu le marcheur lui ont adressé: «Juste bravo! Respect! Trop peu de gens auraient eu ton courage à ta place!» Voilà, la messe est dite.