Son nom sonne comme une formule magique. Primula veris signifie littéralement «première du printemps». Messagère du renouveau, la primevère officinale a le pouvoir de chasser l’hiver. De ses couleurs vives, elle illumine prés défraîchis et forêts clairsemées à partir du mois d’avril. Mais il n’est pas rare que, à la faveur d’un redoux hivernal, elle fleurisse déjà en mars.
En Suisse, on recense une quinzaine d’espèces de primevères sauvages. Comment reconnaître l’officinale, qui doit son nom à son usage thérapeutique? Ses fleurs jaune doré sont en forme de clochettes. Soudés, les pétales s’insèrent dans un support vert, le calice, gonflé comme un ballon. Quant aux feuilles, vert tendre dessus et blanchâtres dessous, elles présentent une texture gaufrée, légèrement velue. Autre trait particulier, qui permet d’identifier à coup sûr la primevère officinale: les cinq petites taches orange situées à l’intérieur de la fleur.
La primevère a de nombreux surnoms. Le plus connu, coucou ou fleur de coucou, fait référence à sa période de floraison: elle éclôt au moment où se font entendre les premiers chants de l’oiseau gris, de retour de migration. La primevère est aussi appelée clé de saint Pierre. Une légende raconte que le gardien des portes du paradis, surpris dans son sommeil par une ribambelle de diablotins, laissa échapper son trousseau de clés. Saint Pierre envoya aussitôt un ange, mais les clés finirent leur course sur Terre. Depuis ce jour, une touffe de primevères – semblable à un trousseau de clés jaunes – fleurit chaque printemps à l’endroit des impacts.
En allemand, notre fée Clochette porte le nom de Schlüsselblume, la fleur-clé. Son effet synergiste est bien connu des droguistes et herboristes, qui l’intégraient à presque tous les mélanges de tisanes. Les composants de la primevère jouent en effet un rôle d’«ouvre-porte», facilitant l’accès aux propriétés thérapeutiques des autres plantes. Excellente dans l’armoire à pharmacie, la primevère a aussi sa place dans l’assiette. On croquera ses jeunes feuilles tendres et légèrement piquantes en salade, alors que ses boutons floraux, au nectar parfumé, décoreront nos plats. Les amateurs de douceurs pourront glacer ses corolles dans du sucre et en faire de délicieux bonbons végétaux.
Un excellent sirop de printemps
Les fleurs de la primevère officinale sont utilisées en tisane pour traiter les affections des voies respiratoires (toux et refroidissements) et les maux de tête. Une manière originale de l’avoir à disposition toute l’année est d’en faire un sirop. Remplir un bocal à confiture en alternant une couche de fleurs de primevère et une couche de sucre cristallisé. Couvrir avec un mouchoir et fixer le tissu au moyen d’un élastique. Laisser macérer à la lumière, à l’intérieur, durant deux à trois semaines. Placer la préparation dans une casserole et ajouter de l’eau (environ 20% du volume du bocal). Porter à ébullition. Filtrer et verser dans une bouteille. Fermer et conserver à l’abri de la lumière. Pour renforcer l’effet bénéfique pour les bronches, on peut combiner les primevères avec des pissenlits, en veillant à n’utiliser que la partie jaune de la dent-de-lion.
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