Un canal est numérisé: celui de la Broye, qui relie les lacs de Neuchâtel et de Morat. Un bateau très spécial va bientôt larguer les amarres. Le MS Attila propose à ses passagers le WLAN et la réception TV en continu, quel que soit l’endroit de la région des Trois-Lacs où ce Boutique Boatel navigue. C’est ce navire que nous a proposé pour notre rencontre le capitaine d’industrie Urs Schaeppi. A vrai dire, le patron de Swisscom n’est pas du genre croisiériste endurci, mais il trouve passionnant «tout ce qui nécessite un bon réseau et une bonne infrastructure».
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- Urs Schaeppi, quand avez-vous été viré pour la dernière fois d’une vidéoconférence parce que la connexion était nulle?
- Urs Schaeppi: Ça n’est encore jamais arrivé.
- C’est vrai?
- Oui, en ce qui me concerne, ça marche bien jusqu’ici.
- Pourquoi, en ces temps de crise sanitaire, d’autres ont-ils souvent enragé?
- Parce qu’ils n’ont probablement pas le bon réseau (il rit). Sérieusement, le réseau n’est que l’un des facteurs. Je me suis récemment rendu de Berne au Liechtenstein et je n’ai cessé d’être en visioconférence. Comparé à autrefois, ça fonctionne à merveille.
- Cycliste passionné, vous téléphonez aussi à vélo?
- Ça m’est déjà arrivé, en effet. Mais alors le souffle me manque pour escalader la pente. Et s’il s’agit de réfléchir, mieux vaut s’asseoir sur un banc.
- L’air qui siffle à vos oreilles ne vous inspire pas?
- Peut-être. Mais pour l’interlocuteur, ce genre de bruit n’est guère agréable.
- Existe-t-il dans votre vie des zones zéro numérique?
- Chez moi, je n’ai pas de gadgets pour le frigo et ce genre de trucs. Mais pour le reste, ma vie est très numérisée. Je paie avec mon smartphone et d’ailleurs tout mon bureau y est contenu. Je l’ai toujours sur moi, sauf quand je fais du jogging. Mais alors je suis atteignable par smartwatch.
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- N’avez-vous jamais perdu votre smartphone?
- Non, mais un jour je suis allé à Zurich et je ne l’avais pas avec moi. J’étais perdu, je ne savais même plus où je devais me rendre pour mon rendez-vous.
- Vous vous souvenez de votre premier téléphone portable?
- Oui, c’était un Natel C d’Ascom, au début des années 1990. Il coûtait une fortune et je pouvais téléphoner au maximum trente minutes. Mais je l’aimais.
- N’avez-vous jamais fait de gag à partir d’une cabine téléphonique?
- En appelant quelqu’un que je ne connais pas? Non, je n’ai jamais fait ça. Je connais les cabines téléphoniques du temps du service militaire. Je devais les utiliser pour appeler chez moi.
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- La numérisation aurait-elle fait peur à vos parents?
- Au début, sûrement. Les nouvelles technologies causent toujours des soucis. Mais l’expérience a montré que, dans l’ensemble, l’automatisation n’a pas anéanti des postes de travail, elle a procuré du bien-être et de l’emploi. Il en ira de même pour la numérisation.
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- Qu’est-ce qui vous en rend si sûr?
- Un exemple: on peut automatiser ma coupe de cheveux – mais pas celle des autres. Je suis convaincu que la numérisation entraînera non seulement de l’automatisation mais aussi la renaissance de l’artisanat. Et dans les métiers des services, le facteur humain demeure irremplaçable.
- Reste que la numérisation suscite des craintes un peu partout. Je parle de la 5G.
- Ceux qui ont peur des ondes devraient se plonger dans les multiples études scientifiques. Il n’existe aucun indice d’effets dommageables quand on respecte les valeurs limites.
- Habiteriez-vous à côté d’une antenne 5G ?
- Je n’ai vraiment pas peur de la 5G. D’ailleurs, 90% de l’intensité de champ provient de notre propre téléphone. Pour la réduire, il faut téléphoner avec des écouteurs ou le haut-parleur. Cela dit, plus la couverture par l’antenne est bonne, moins le smartphone va émettre de puissance.
- Nous nous trouvons à bord du Boutique Boatel non loin du lac de Morat. Pourquoi avez-vous choisi ce bateau pour notre rencontre?
- Pour moi, le MS Attila est une illustration de l’esprit pionnier et de la mise en jeu de l’innovation numérique. Le premier Boatel de Suisse entend offrir à ses passagers la meilleure connexion, y compris loin des rives, et une réception TV remarquable dans chaque cabine. Nous nous en assurons.
- Vous avez récemment déclaré que les innovations nécessitaient des interactions physiques. Y a-t-il eu moins d’innovations chez Swisscom du fait de la crise sanitaire?
- Non, on peut aisément supporter une certaine durée en télétravail. Les idées créatives surgissent aussi lors d’apéros virtuels.
- Franchement, on n’en peut plus!
- Bien sûr que tout le monde se réjouit, moi compris, de pouvoir retourner au bureau. Mais la grande opportunité pour beaucoup de catégories professionnelles est quand même de proposer un mélange entre le bureau et le télétravail.
- Quelles tâches accomplissez-vous désormais depuis chez vous?
- Le matin, lorsque j’ai de simples entretiens standards avec des gens que je connais déjà, c’est aisément faisable depuis chez moi.
- Swisscom soutient l’appli Swiss Climate Challenge qui mesure notre impact sur le climat lorsque nous sommes en route. L’avez-vous installée?
- Bien sûr.
- Pouvons-nous examiner votre profil?
- Hier, je voyageais en transports publics, ce qui m’a valu de bonnes valeurs. Aujourd’hui, j’ai fait 38 kilomètres en voiture et j’ai émis 7,5 kilos de CO2. Du coup, je n’ai pas de smiley souriant. L’appli sensibilise à l’influence de la mobilité sur l’émission de CO2 générée par chacun de nous.
- Les centres de données dans le cloud sont d’énormes consommateurs d’énergie. Swisscom devient-elle plus verte sur ce point?
- Swisscom a été désignée l’entreprise de télécoms la plus durable du monde. Notre produit permet d’économiser du CO2: chaque voyage qui peut être évité parce que les usagers préfèrent téléphoner à l’aide de notre réseau est bon pour le climat. Quand je renonce à un déplacement à la Silicon Valley, j’économise plus de CO2 que ce que ma voiture émet pendant une année entière.
- Le cloud est-il un «gâche-climat»?
- Un cloud est énergétiquement plus efficace que si chacun stockait ses données sur son propre PC.
- Qu’en est-il du parc de véhicules de Swisscom, passeront-ils tous à l’électricité?
- Oui, nous sommes en train de le faire. D’ici à 2030, tous nos véhicules seront électriques.
- Pourquoi Swisscom soutient-elle «L’illustré» et la «Schweizer Illustrierte» dans leur quête de la Digital Valley 2021?
- En dépit de sa petite taille, la Suisse a toujours produit des innovations qui lui ont valu des hommages du monde entier. Dans des domaines comme l’agriculture, le tourisme, la construction tout comme dans les technologies de haute précision ou la pharma. Dans la numérisation, nous pouvons aussi assumer un rôle précurseur. C’est pour cette raison que Swisscom met sur pied et exploite une infrastructure moderne faite de téléphonie mobile, réseau de fibre optique, centres de calcul et solutions numériques jusque et y compris dans les vallées les plus reculées.
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