Véritables trésors écologiques, ces marais maritimes que sont les mangroves doivent tout à un seul type d’arbre, le palétuvier. Trois caractéristiques distinguent cet arbre de tous ses semblables. La première, c’est que ses racines sont capables de vivre à la fois dans l’air, ce qui est déjà une prouesse pour un arbre, mais aussi immergées dans l’eau de mer. Ce système amphibie résiste au sel et à la faible oxygénation des sols marins. Il forme un réseau dense et entremêlé qui permet au palétuvier de vivre comme sur de véritables pilotis. La deuxième particularité provient de ses graines: elles sont vivipares. Plutôt que de risquer d’être noyées ou asphyxiées, les graines germent sur l’arbre, formant de jeunes plantules qui se détachent de l’arbre mère pour se ficher directement dans la vase. Et la troisième, c’est que cet arbre aime vivre en colonies en formant de véritables forêts sous-marines, souvent très denses.
L’enchevêtrement des racines sous l’eau offre abri et sécurité aux jeunes poissons et autres créatures marines, qui migreront vers les récifs coralliens une fois leur croissance achevée. On y dénombre 3000 espèces de poissons et de crustacés, aussi colorés que les poissons sphériques, les poissons-valises et les poissons-scorpions. Cet écosystème végétal a aussi un impact direct sur la vie terrestre, y compris sur la vie humaine. Les racines, qui s’accrochent au sol, empêchent l’érosion et augmentent la surface des côtes en piégeant des sédiments. Ces forêts mi-marines, mi-terrestres agissent comme une barrière protégeant la côte, en particulier lors d’événements extrêmes tels que les ouragans et les tsunamis. Et, cerise sur le gâteau à l’heure du réchauffement climatique, les mangroves stockent plus de C02 par hectare que les forêts tropicales!
Malheureusement, une étude de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a montré qu’au moins dix espèces de palétuviers, soit un sixième des espèces connues, sont menacées de disparition par l’avancée des activités humaines sur les littoraux. De son côté, le WWF a constaté que la superficie des mangroves diminue de trois à cinq fois plus vite que celle de la forêt terrestre. Le plus souvent, les mangroves sont défrichées pour faire de la place à… des fermes de crevettes! Aujourd’hui, il reste encore 14 millions d’hectares de mangroves. A sauver absolument, pour le bien de tous!