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La catastrophe lorsque Christine Gonzalez interviewe son idole Agnès Jaoui

Christine Gonzalez a vécu le cauchemar de tout journaliste de radio au début de carrière. Interviewer son idole. Et l’enregistreur qui n’en fait qu’à sa tête.

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Christine Gonzalez

Christine Gonzalez a vécu le cauchemar de tout journaliste de radio au début de carrière. Interviewer son idole.

Lea CRESPI / PASCO

«Nous sommes le 29 mars 2007. Je suis journaliste stagiaire à Radio Fribourg. J'apprends en séance de rédaction que l'on peut interviewer Agnès Jaoui qui chante le soir même à Nuithonie à la place de Luz Casal. Je suis fan de cette femme, une admiration quasi amoureuse, j'ai vu tous ses films, son talent, son intelligence, sa beauté, sa façon de décrire l'humain dans sa médiocrité, sa maladresse, son humour me fascinent, je me sens dès lors toute désignée pour interviewer ce génie sur pattes. En plus elle avait fait un duo avec Elbicho, un groupe de flamenco nouvelle vague que j'écoutais à l'époque qui mélangeait castagnettes et rock. Bingo, je suis choisie pour la rencontrer mais après l'euphorie vient l'angoisse, je bosse pendant des heures comme si c'était l'interview de ma vie avec la peur de ne pas être à la hauteur.

Le concert se déroule à côté de chez mes parents à Villars-sur-Glâne, la ville de mon enfance, je ne peux rêver plus bel endroit pour rencontrer cette femme que j'admire tant. Je suis équipée d'un nouveau micro sans fil avec mémoire intégrée qui est la fierté de la rédaction, pas de réglage de niveaux, plus simple tu meurs! Me voilà à Nuithonie. Agnès Jaoui est adorable, elle répond avec intelligence, je suis aux anges et je file chez mes parents après l'interview, et avant d'aller assister à son concert, car je veux décharger les sons sur l'ordinateur de mon père.

Et là, catastrophe, rien, «nada», que pouic, le vide complet. Je retourne le truc dans tous les sens, je me dis non ce n'est pas possible, en plus je dois livrer l'interview à six autres radios locales, je suis dans un stress inimaginable. J'appelle le chef technique qui me dit que s'il n'y a rien, il n'y a rien. Je me décompose, mes jambes sont en coton, je m'écroule par terre, je pleure comme une enfant de dix ans, le monde s'écroule, j'ai tout raté, je vais me ridiculiser à jamais, on citera mon cas en contre exemple aux nouveaux stagiaires. Mes parents, très pédagogues, me disent que ce n'est pas grave, me persuadent d'y retourner, je dis non dans un premier temps de peur de passer pour une conne, mais je prends mon courage à deux mains....

Me revoilà devant sa loge trente minutes avant le concert. Agnès Jaoui est en plein maquillage. Elle doit être touchée par mon désarroi et me propose de refaire l'interview tout de suite et surtout d'arrêter de m'excuser, ce sont des choses qui arrivent. J'ai reposé les mêmes questions, elle s'est même montrée taquine en faisant semblant d'être étonnée par l'une d'elle. A la fin, au point où j'en étais question dignité, j'ai même demandé un autographe. Sa gentillesse, son attention face à une jeune journaliste débutante m'ont marquée à vie.

Je l'ai retrouvée dix ans plus tard sur la Première dans l'émission Vertigo, toujours aussi sympathique, même si elle ne se souvenait pas de notre première rencontre. De mon côté, j'en ai gardé trois leçons de journalisme : Oser retourner et refaire en cas de problème ou même si on n'est pas satisfait du résultat, se foutre du ridicule et surtout checker le moindre son immédiatement après enregistrement. Quinze ans après, je reste obsédée par cette exigence en souvenir de ce qui m'est arrivé ce jour-là!»


Son actualité:

A partir du vendredi 14 janvier, Question genre trois fois par semaine à 21 h sur RTS La Première. Parler du genre au sens large et tenter aussi de déconstruire pas mal d’idées reçues, dit la journaliste. Au-delà de sujets plus attendus comme la transidentité ou l’écriture inclusive, les invités débattront de sujets originaux comme la distribution des rôles dans la téléréalité ou de comprendre pourquoi les odeurs des parfums varient d’un genre à l’autre.

Par Baumann Patrick publié le 14 janvier 2022 - 14:18