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Kirsty Bertarelli, la vie en douceur

A 47 ans, l’épouse d’Ernesto Bertarelli est une artiste passionnée de musique et d’écriture. Elle nous a reçus dans leur propriété de Nyon alors que sort «Sweet Summer Rain», son quatrième album.

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L’épouse d’Ernesto Bertarelli pose dans leur propriété avec deux alpagas adoptés par la famille.  Julie de Tribolet

Entrer dans l’univers de Kirsty Bertarelli, c’est pénétrer dans un décor irréel. Il y a les lieux, d’abord. Une propriété majestueuse bordée par une forêt et les rives paisibles du Léman. Un écrin de nature dans lequel le couple a fait construire une étable grand luxe pour y accueillir la soixantaine d’animaux que leur famille a recueillis au fil du temps: trois alpagas, un cheval, trois cochons, deux paons, trois ânes, des canards et des poules, des moutons, des chinchillas… Et Mister Pig, le «maître des lieux», le porc laineux assurément le plus verni de son espèce. Une joyeuse ménagerie que Kirsty Bertarelli, 47 ans, a souhaitée pour ses trois enfants, afin qu’ils puissent, comme elle, grandir parmi les animaux, explique-t-elle entre deux prises photo.
L’épouse d’Ernesto Bertarelli a accepté de nous recevoir dans ce lieu qu’elle aime tant pour parler de son dernier album, Sweet Summer Rain, le quatrième écrit par l’artiste. Elle a joué le jeu (pas toujours facile) d’un shooting en plein air parmi ses compagnons à quatre pattes avec une patience et un humour déconcertants, avant de répondre à nos questions, au coin du feu, dans le salon attenant.

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«Sweet Summer Rain», de Kirsty Bertarelli, Universal Music. DR

«Sweet Summer Rain» est votre quatrième album. Où l’avez-vous composé?
Dans plusieurs lieux. Burning Sun, par exemple, est inspiré d’un séjour en caravane avec ma famille dans les canyons de Page, en Arizona. Le titre Supertramp m’est venu en regardant le film Into the Wild. J’ai composé ici et là, mais surtout au gré de mon imagination et des thèmes qui me touchent.


Depuis quand écrivez-vous?
Depuis toute petite. J’ai toujours été plus à l’aise par écrit que par oral. Enfant déjà, je tenais un journal intime, que ma mère a d’ailleurs conservé. Et j’aime offrir des poèmes aux gens qui comptent.

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C’est elle qui écrit toutes les chansons qu’elle interprète. «J’ai toujours été plus à l’aise à l’écrit qu’à l’oral», dit-elle. Julie de Tribolet

Qu’aimez-vous lire?
En ce moment, ce sont surtout des ouvrages autour de la spiritualité, de la nutrition, du bien-être, de la méditation. Le livre que je lis actuellement est The Golden Sequence, de Jonni Pollard.
En 2000, vous avez coécrit le titre «Black Coffee», inspiré de votre rencontre avec votre époux. Pourquoi avoir voulu la raconter dans une chanson?
A l’époque, j’écrivais sur ma vie londonienne, mes copines, mon quotidien de jeune adulte insouciante. Et tout à coup, Ernesto est arrivé dans ma vie. J’étais nerveuse, comme on l’est au début de chaque histoire d’amour. Je me demandais si cela marcherait entre nous, si notre relation allait durer. Vingt ans plus tard, nous sommes toujours ensemble!
Comment vous êtes-vous rencontrés?
En Sardaigne, grâce à des amis communs. Son meilleur ami était marié (et l’est d’ailleurs toujours) à Miranda, l’une de mes très bonnes amies. Quelque temps plus tard, il est venu me voir à Londres. Nous nous sommes courtisés pendant près de trois ans, avant de nous marier en 2001.
Vous souvenez-vous de votre premier séjour en Suisse?
Oui. Je devais rejoindre Ernesto chez lui, dans son appartement de l’époque. J’étais si impatiente de le retrouver! Je me souviens encore de ma tenue: je portais un long manteau en fausse fourrure Gucci. Je l’ai d’ailleurs conservé pour sa valeur sentimentale.
Après vingt ans passés en Suisse, quel côté «British» gardez-vous?
La tradition du lunch dominical. Nous le partageons toutes les semaines avec mon mari et nos trois enfants, qu’ils le veuillent ou non (elle rit). Nous mangeons soit de l’agneau rôti à la sauce à la menthe, soit un poulet ou du rosbif avec du Yorkshire pudding. Des plats typiquement anglais que j’adore. Et le dimanche soir, nous célébrons l’Italie natale de mon mari, avec des pâtes ou des pizzas.
Votre vie hors norme, en dehors de la réalité des gens, vous fait-elle vous sentir différente?
Oui, je dois parfois encore me pincer pour y croire. Cela dit, et même si cela peut paraître facile à dire dans ma situation, je ne prends jamais rien pour acquis. Je suis très reconnaissante de la vie que j’ai et j’essaie d’être quelqu’un de bon envers les autres, de prendre soin de ma famille, d’être une bonne mère, une bonne épouse.
Quelle qualité aimeriez-vous que vos enfants gardent de vous?
L’humilité et l’idée que ce sont les petites choses de la vie qui la rendent si importante. D’être à l’écoute, de savoir trouver les mots qui font du bien, de penser aux autres. J’essaie aussi de transmettre à mes enfants une forme d’humour et le fait qu’il ne faut pas se prendre trop au sérieux.
Qu’est-ce qui vous fait rire?
Beaucoup de petites choses! Courir après Mister Pig dans la forêt, comme je l’ai fait tout à l’heure pour les photos, par exemple, ces moments insolites et improbables de la vie.
Dans vos chansons, vous évoquez aussi la problématique environnementale. Quand vous êtes-vous éveillée à la question?
Il y a plusieurs années, nous sommes allés plonger avec mon mari dans un lieu magique, plein de vie, de couleurs, de coraux, de poissons. Nous y sommes retournés quelque temps plus tard et tout avait disparu. Nous avons été choqués par cette dégradation. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons décidé de soutenir la préservation des fonds marins. Comme beaucoup de gens, je suis de plus en plus consciente de toutes ces problématiques, et mes enfants le sont encore davantage. A la maison, ce sont eux qui me disent d’éteindre les lumières ou de fermer le robinet pour ne pas gaspiller l’eau.
Quelle est votre principale préoccupation en tant que mère?
Qu’il arrive quoi que ce soit à mes trois enfants. Mon souci quotidien est qu’ils restent en bonne santé, qu’ils soient heureux, qu’on ne leur fasse pas de mal, qu’ils aient confiance en eux.
Vous-même, quelle enfance avez-vous vécue?
J’ai grandi avec des parents magnifiques, qui sont toujours ensemble aujourd’hui. J’ai reçu beaucoup d’amour.
Ma mère chantait, mon père était le poète de la famille, il m’a sensibilisée à la nature, aux fleurs, aux arbres. Nous habitions à la campagne, entourés d’animaux. Ma sœur et moi avions des chevaux et des lapins. La présence des animaux m’a toujours beaucoup réconfortée.

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En 1988, à l’âge de 17 ans, Kirsty Roper (son nom de jeune fille) a été élue Miss Grande-Bretagne. Elle s’est ensuite classée deuxième au concours de Miss Monde. Chris Grieve/Mirrorpix/Getty Images

Qu’avez-vous fait après l’école?
J’étais assez bonne élève, mais je n’avais pas envie d’aller à l’université. Je projetais une carrière dans le mannequinat. Comme j’étais un peu petite pour le milieu, mon agence m’a inscrite au concours de Miss Grande-Bretagne en 1988. J’ai gagné le titre à 17 ans et terminé 2e de Miss Monde. Mais mon rêve était déjà de chanter. Alors j’ai déménagé à Londres, j’ai décroché un ou deux mandats comme mannequin, notamment au Japon, j’ai fait quelques jobs comme secrétaire pour gagner un peu d’argent et je me suis lancée dans la musique.
Le titre de Miss Grande-Bretagne vous a-t-il ouvert des portes?
Il m’a surtout permis d’évoluer au niveau personnel, dans ma confiance en moi. En gagnant cette couronne, j’ai surtout appris à oser faire les choses. C’est le message que j’essaie de transmettre aujourd’hui à mes enfants. Je leur dis: «Allez-y, essayez et le reste suivra!» Un jour, mon plus jeune fils et moi-même sommes arrivés derniers d’une compétition de ski. Nous avons reçu un prix de consolation. Je lui ai dit: «Waouh, on a gagné une médaille, c’est génial!» Je n’ai pas précisé que nous l’avions gagnée parce que nous étions derniers (elle rit).

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Mister Pig, la mascotte des lieux, a profité de la séance photo pour se balader dans la forêt jouxtant les écuries. Julie de Tribolet

Vous êtes la femme la plus riche d’Angleterre. Qu’est-ce que cela signifie pour vous?
J’ai effectivement lu cela. Même mes enfants n’y croyaient pas. Ils m’ont demandé: «Maman, c’est vrai, tu es plus riche que la reine?» Ce n’est pas quelque chose que je prends très au sérieux. Pour tout dire, je trouve ce genre de comparaison un peu absurde. Et puis tout cela est surtout le fait de mon époux, qui a travaillé très dur pour en arriver là.
En quoi votre statut d’épouse de milliardaire influence-t-il vos relations?
Je ne me pose pas vraiment ce genre de question. J’aime aller vers les gens, quels qu’ils soient. Je repère très vite si quelqu’un est malintentionné ou intéressé.
Quelle est votre plus grande source d’inspiration en tant que femme?
L’auteure J. K. Rowling et Malala sont deux femmes que je trouve très inspirantes, chacune à sa manière. Mais en réalité, je suis très impressionnée par la jeune génération de femmes en général. Je les trouve affirmées, sûres d’elles, elles n’ont peur de rien. Quand j’observe ma fille, je vois une jeune femme forte, déterminée et extrêmement inspirante!
Vous avez accès à tout. Quel est votre rêve encore aujourd’hui?
Tous mes enfants sont dans l’adolescence, au début, en plein dedans ou en train d’en sortir. C’est une étape importante. J’espère avoir passé suffisamment de temps avec eux et leur avoir enseigné des bases solides pour qu’ils s’en sortent dans la vie.
Quel est votre plus bel accomplissement jusque-là?
Mes enfants et mon mari. Ils sont au-dessus de tout le reste.

Par Jaquet Aurélie publié le 11 janvier 2019 - 07:59, modifié 18 janvier 2021 - 21:02