Première publication le 04.03.2023
Pour parler de l’ascension de Kévin Germanier (il signe ses messages avec l’accent sur son prénom, mais les deux orthographes apparaissent sur le site de sa maison de couture), il suffit de citer un article de «Vogue France» sur le nouvel élu: c’est «le créateur derrière la collection la plus explosive de la Fashion Week», lit-on. En 2022, il a conquis les experts à deux reprises sur les podiums de la Ville Lumière. «Si vous voulez faire de la mode, ça se passe à Paris. C’est ici son berceau. Il y a un héritage, une authenticité», explique le Valaisan de 31 ans.
Alors que ses créations ont déjà été choisies par des stars comme Lady Gaga, Rihanna ou la reine de la K-pop Sunmi, c’est dans la série à succès «Emily in Paris», sur Netflix, qu’un ensemble signé Germanier, en maille jaune fluo et bleu roi, a fait sensation cet hiver. Tricoté main et porté par l’actrice Lily Collins, il est en vente sur le site à 490 euros la pièce. Un prix abordable quand on pense à la notoriété du styliste et au temps de travail nécessaire pour réaliser la robe à plumes. «On fait des pièces pour les défilés, mais on propose aussi du crochet, du denim à porter tous les jours. J’ai autant envie d’habiller ma maman que Beyoncé. Et il faut rappeler aussi qu’il y a une entreprise derrière à faire tourner. C’est un business», ajoute-t-il. Aujourd’hui, 27 personnes travaillent pour tisser les vêtements de la marque. De Paris à la plaine du Rhône, en Valais, en passant par les Philippines et Shanghai.
En un regard on reconnaît sa griffe, qui est née d’une envie de rendre glamour l’«upcycling»: crochet, perles, strass et paillettes, Kévin Germanier casse les codes avec une gamme de couleurs sans limite qu’il déniche parmi les déchets textiles. «J’aime que mes clientes osent briller, mais l’essence de mon travail, c’est de faire des vêtements et de les faire bien. Je crée des robes pour qu’elles durent, qu’elles soient encore portées en 2050», souligne l’ancien étudiant du prestigieux Central Saint Martins College de Londres, prônant une mode circulaire. C’est-à-dire? Le fait de réutiliser les matières premières jusqu’au bout. Quand seuls le recyclage ou la biodégradation restent une option.
Etoile de la Fashion Week de Paris
Un mantra qu’il conserve dans sa nouvelle collection pour la prochaine Fashion Week de Paris, qui restera mystérieuse jusqu’au jour J. Les défilés de mode féminine démarrent le 28 février. Le Romand présente ses œuvres le 6 mars, après Stella McCartney et Louis Vuitton. Lors de ses deux premières apparitions, la maison Germanier détonnait en supprimant les places VIP. Ce que l’on peut déjà imaginer pour cette nouvelle collection? Un festival de teintes éclatantes, pour le plus grand plaisir des spécialistes. En octobre dernier, deux journalistes du «Monde» écrivaient ces louanges après la présentation printemps-été 2023: «En cas de passage à vide, le Suisse Kévin Germanier aurait de quoi remonter le moral à un régiment de neurasthéniques, à grand renfort de sa féerie kitsch multicolore.» Nul doute que le styliste devrait concocter une bouffée de Pantone pour son défilé automne-hiver 2023-2024.
>> Lire aussi: Christian Lacroix, l’embellisseur
Sa famille, en particulier les tricoteuses qui font de la magie sur les réalisations du créateur, sera de nouveau là pour le soutenir. Quant aux comptes Instagram des fashionistas parisiennes, ils vont de nouveau flamber! «Pour moi, la mode est un terrain de jeu et d’expérimentation. Je ne compte pas faire un énième t-shirt noir ou suivre les tendances. Il n’existe pas de bible de la mode.»
- Marque créée en 2018
- Concept: mode «upcycled» glamour
- Instagram: 122 000 followers
- Etoile de la mode parisienne avec deux collections à la Fashion Week de Paris en 2022
- Adjectifs sur son travail dans la presse: futuriste, féerique, explosif
>> «L'illustré» est parti à la rencontre de trois stylistes suisses qui misent sur le durable et dont le talent brille à l’international. Retrouvez également les portraits de: