Cette Neuchâteloise est née dans une famille où l’horlogerie faisait partie du quotidien. Son père, un horloger connu et reconnu, travaillait dans la «Grande Maison», chez Jaeger-LeCoultre. A 16 ans, la jeune femme, atteinte de surdité, a décidé de vivre seule et de s’assumer. «Avec ma surdité, j’ai tellement peiné à l’adolescence que je n’en pouvais plus. Je voulais m’affranchir», explique-t-elle. Elle voulait faire les Beaux-Arts, mais, par atavisme, elle fera, comme son père, un apprentissage en horlogerie. Chez Jaeger-LeCoultre.
Une fois son diplôme d’horlogère en poche, elle est directement entrée au département du service après-vente. Elle savait assembler une montre de A à Z, elle savait donc aussi la réparer. «Mais en exerçant ce métier, il me manquait quelque chose.» Par chance, en 2001, un poste de graveur s’est libéré et elle a réussi à se faire engager. «Ils perdaient une horlogère, mais sans savoir si j’étais à la hauteur en gravure», confiet-elle. Elle le fut.
C’est une rencontre qui a tout changé. Un homme, Werner Nerlich, le meilleur graveur ciseleur de la place de Genève, allait influencer son destin. En découvrant son œuvre, Juliane Coulet est tombée en amour pour la finesse des motifs gravés dans l’or, le jeu subtil de la lumière et des ombres sur la matière précieuse, a découvert des techniques qu’elle ne connaissait pas. «Tout en travaillant à l’atelier de gravure, je suis allée chez M. Nerlich une journée par semaine pendant quatre ans.» Il lui a tout appris: le dessin, la gravure, le repoussage, l’incrustation, la ciselure… Après Jaeger-LeCoultre, Juliane Coulet a travaillé chez Bovet, puis pour Vacheron Constantin, au département des métiers d’art, jusqu’en 2017, année où elle s’est mise à son compte.
Elle aime ce métier fait de dextérité et de patience. Les clients privés la connaissent et lui apportent leurs garde-temps afin qu’elle les rende uniques grâce à son savoir-faire. «Une gravure, cela doit vivre, dit-elle. Lorsqu’elle est réussie, elle transmet une émotion à celui qui la regarde. C’est un travail qui demande d’aller puiser tout au fond de soi.» Son mari, le père de ses deux filles, est horloger lui aussi. Ensemble ils pratiquent la varappe. «Cela me permet de me couper de tout ce qu’il y a autour, explique-t-elle. Mais il ne faut jamais baisser sa garde. Dans l’univers de la gravure non plus.»
>> Contact: atelierdegravure.juliane@gmail.com
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