Leïla Hanini: la battante de l'égalité
26 ans, gestionnaire administrative pour les droits d’auteur à la RTS (Jeunesse socialiste/JU).
non élue
Lorsqu’elle en parle, sa peau frissonne encore. Lorsqu’elle s’est retournée, en tête de cortège sur ce pont de Delémont, et qu’elle a vu toutes ces femmes marcher derrière elle. Le 14 juin 2019 est l’un des plus beaux souvenirs de Leïla Hanini, 26 ans, candidate au Conseil national sur la liste de la Jeunesse socialiste jurassienne. «J’étais complètement dépassée par l’ampleur de cette journée, un peu déconnectée et fatiguée aussi, nous nous étions levées à 3 heures du matin pour décorer la ville!» se souvient la jeune Jurassienne.
Tout commence en Valais, où Leïla Hanini passe quelques mois l’année dernière. «J’avais assisté à la première réunion du collectif valaisan pour la grève des femmes. Je me suis dit qu’il fallait absolument que l’on fasse quelque chose dans le Jura.» Elle participe donc à l’organisation de la journée. «Nous partions de rien, seules peu d’entre nous savaient ce que c’était d’organiser une manifestation. Il a fallu mobiliser, intéresser les gens, inclure le Jura bernois et faire avec toutes les caractéristiques propres au canton, comme le fait de devoir rassembler des personnes de lieux très éloignés au même endroit. Mais c’était une expérience incroyable.»
Leïla Hanini est une femme occupée. Elle vit entre Genève, où elle travaille, Lausanne, où elle termine son master en sciences politiques, Berne, où elle collabore avec la Jeunesse socialiste suisse, et Courroux, près de Delémont, pour ses proches. Rajoutez à tout cela une campagne pour les élections fédérales. Leïla Hanini a donc dû mettre l’une de ses passions en parenthèse: le football. Nous la retrouvons tout de même sur le terrain de football de Courroux. «Le foot, cela fait partie de moi, j’ai commencé à l’âge de 9 ans. A l’époque, je jouais en équipe mixte car il n’existait pas d’équipe de femmes en junior. Nous étions quatre filles et c’est peut-être ma première expérience du sexisme et de la discrimination. Nous ne jouions que les cinq dernières minutes et, si l’équipe perdait, c’était de notre faute, évidemment!»
Mon combat
«Lutter contre les discriminations! Nous avons commencé dans le domaine de l’égalité mais la bataille est loin d’être gagnée. Une partie de la population est aujourd’hui mobilisée et il faut absolument que cela se concrétise au niveau politique. Je suis en colère car, en Suisse, nous sommes vraiment à la traîne. Le congé parental est une priorité.»
Ophélie Brodard: La miss qui milite pour les animaux
non élue
Les Verts fribourgeois espèrent bien conquérir un premier siège à Berne. Sur leur liste, cette étudiante en droit de 22 ans, conseillère générale (législatif) à Romont depuis 2016. En attendant de décrocher son brevet d’avocate pour devenir procureure ou juge pour mineurs, elle participe à des shootings photo ou, cette année encore, à des concours comme Miss Suisse francophone.
Mon combat
«Ma priorité sera la défense de la condition animale. Je ne soutiens pas une interdiction totale de manger de la viande ou du poisson, mais j’aimerais que la production soit faite de manière plus respectueuse de l’animal et de la nature. Je défendrai par exemple l’initiative contre l’élevage intensif.»
Tina Schluep: la Bernoise assumée
27 ans, présidente des Jeunes agrariens du Jura bernois (UDC/BE).
non élue
L’apprentie employée de commerce prévôtoise est anti-séparatiste, comme son camarade l’unique conseiller national francophone du canton, Manfred Bühler: elle est «une enfant du Jura bernois avant tout».
Mon combat
«Nous avons la chance d’avoir accès à des aliments de qualité et de proximité. Je m’engage à soutenir l’agriculture et à me battre pour elle, afin que la production et la consommation de denrées locales puissent se faire dans les meilleures conditions.»
Letizia Fasano: La benjamine
18 ans, étudiante, Avenir Ecologie (PLR/VS).
non élue
Membre du comité de l’association Groupe Jeune Climat Valais, Letizia Fasano est la benjamine des candidates romandes. Malgré son tout jeune âge, elle n’en est pas à sa première campagne: elle a pour fait d’armes d’avoir déjà été candidate à la Constituante en automne dernier.
Mon combat
«Je m’engage pour une transition écologique qui conjugue économie circulaire forte et innovation ambitieuse. La réorientation de notre système demeure une nécessité qui ne peut se faire sans financements stables. L’innovation sera également la garante des défis sociétaux qui nous attendent.»
Tatiana Rezso: L’héritière
23 ans, conseillère communale (JLRV/VD).
non élue
L’étudiante en bachelor de droit à l’Université de Lausanne suit les traces de son père Stéphane, syndic de Crissier et député PLR. Entrée au Conseil communal en 2016, elle est devenue en juin vice-présidente de l’arrondissement Ouest Lausannois du PLR.
Mon combat
«Les jeunes s’inquiètent pour leur retraite. Nous devons impérativement avoir le courage de repenser notre système de retraites. Responsabiliser l’individu et miser sur une épargne individuelle dès la première année de cotisation, en augmentant la part déductible aux impôts, fera partie de la solution.»
Mélanie Follonier: la fausse novice
28 ans, élue à la Constituante (PLR/VS).
non élue
C’est sous le slogan «Vos préoccupations, ma priorité» que la benjamine de la liste du PLR romand valaisan s’est engagée dans cette campagne pour les élections fédérales. Cette avocate stagiaire qui revendique un fort attachement à son canton n’en est pas à son coup d’essai. Elue à la Constituante valaisanne et membre du bureau transitoire, elle est aussi conseillère générale d’Ayent et cheffe de groupe.
Mon combat
«En avançant ensemble avec des mesures responsables, nous atteindrons une société solidaire et durable. Je défends une réforme des assurances sociales pour le soutien des plus faibles et de la classe moyenne ainsi que la refonte de nos infrastructures de transports publics et individuels pour garantir la cohésion plaine-montagne.»
Virna Conti: Celle qui veut rafraîchir l’UDC
24 ans, étudiante en droit, vice-présidente des Jeunes UDC Suisse (Jeunes UDC/GE).
non élue
Elle n’avait que 15 ans lorsque, en cours de droit au collège, le professeur a demandé aux élèves de se positionner. Pour ou contre l’initiative interdisant les minarets? Virna est la seule de sa classe à être pour. Elle sort au bord des larmes. «Après ça, j’ai décidé de ne plus me laisser faire et d’assumer mes idées jusqu’au bout», nous avait-elle raconté. Cette année, la vice-présidente des jeunes agrariens genevois est devenue vice-présidente des Jeunes UDC suisses et enchaîne avec brio les plateaux télé. Son but? «Rajeunir l’image de l’UDC avec un discours positif. Je ne suis pas contre l’étranger, mais pour le citoyen suisse!»
Mon combat
«Il sera contre l’Union Européenne et ses institutions. «Notre système politique est tellement différent de celui de l’Union européenne, l’accord-cadre ne produirait qu’un choc institutionnel, sans parler d’une adhésion qui serait une catastrophe. Quand on voit la France ou l’Italie, ça ne fait pas rêver», a-t-elle confié au Temps, il y a quelques jours.»
>> Lire aussi les portraits:
L'éditorial: Parce qu'un Suisse sur deux est une femme
Par Albertine Bourget
Les élections fédérales du 20 octobre battent des records en termes de nombre de candidats. Surtout de candidates, puisqu’elles sont près de 40% à se présenter sur l’ensemble du pays (43% à Genève, 40% à Fribourg et à Neuchâtel).
Dans une année marquée par la mobilisation autour du 14 juin et du réchauffement climatique, cette hausse nous a donné une idée un peu folle: si seules des femmes étaient élues, à quoi ressemblerait la prochaine législature? Pour en dresser les contours, nous nous sommes basés sur la députation romande qui siège actuellement au Conseil national, en prenant en compte les sortantes, la répartition des sièges par canton et en excluant les sièges alémaniques à Fribourg et en Valais. Nos calculs sont ensuite devenus un véritable casse-tête: nous aurions voulu vous présenter la répartition la plus équitable possible, mais les candidatures féminines, tous âges confondus, sont bien plus nombreuses à gauche et au centre qu’à droite. A titre d’exemple, à Fribourg, l’UDC ne présente pas une seule femme. Le résultat final: un panel largement teinté de vert et qui penche à gauche.
Ce tableau forcément subjectif déplaira peut-être à certain-e-s. Tant pis. A l’heure où nos élues ne représentent que 31,7% du National et 13% des Etats (qui compte autrement dit 87% d’hommes), il est plus que temps de s’engager pour une meilleure représentativité de la population suisse. Sans passer par des quotas, mais en votant, tout simplement. Quitte à privilégier les noms féminins dans l’urne, sachant qu’au-delà de sa propre appartenance partisane, être femme influence le vote: voir par exemple le congé paternité ou l’égalité salariale. Le changement passera par là.
Le «making of» de la Une de L'illlustré
Réunir 49 candidates au Conseil national alors qu’elles étaient en pleine campagne électorale: un véritable tour de force. Au total, 40 d’entre elles ont pu réorganiser leur agenda afin de monter sur notre échafaudage dans une halle du Palais de Beaulieu à Lausanne le vendredi 13 septembre.
Nos invitées ont été priées de se répartir sur la structure mesurant 6 mètres en fonction de leur degré de vertige. Le tour de force était également technique pour notre photographe et ses assistants, afin que toutes les candidates soient soigneusement éclairées et mises en valeur par le biais d’une juste disposition.
>> Voir aussi la vidéo du montage en accéléré:
L'échafaudage et les candidates aux fédérales
(Photo Sébastien Agnetti. Production Marion c/o Minuit Pile et Natalia Mottier. Assistants Natacha Pont, Robin Bachmann, Kevin Laszewski).